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jeudi 3 juillet 2014

INFORMATIONS OUVRIERES N°308: La Une et l'Edito

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L' ĖDITO d'INFORMATIONS OUVRIERES  n°308
Mercredi 2 juillet 2014 | POI |La crise se précipite
L'EDITO d'INFORMATIONS OUVRIERES
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.


Ce 1er juillet a été marqué par deux événements hors du commun : un ex-président de la
République est placé en garde à vue ; et le gouvernement suspend le débat parlementaire
sur son projet de loi (de financement de la Sécurité sociale) par crainte d'amendements
venus de sa propre majorité !

Qu'est-ce qui précipite cette crise de décomposition ?

Sous la Ve République, le président est la clé de voûte des institutions. Bonaparte s'élevant
au-dessus des classes sociales, il prétend les représenter toutes au nom de «
 l'intérêt
général ».
 Bonapartisme et corporatisme vont de pair puisque, dans ce but, il s'agit
d'intégrer les organisations syndicales.

Depuis l'élection de Hollande, le caractère corporatiste et antidémocratique de la Ve
République se concentre dans la tenue de la conférence sociale et l'élaboration du pacte de
responsabilité, tous deux inscrits dans le consensus pro-Union européenne.

Ce consensus lie entre eux tous les partis institutionnels. Mais il ne correspond pas à ce
qui se passe dans le pays. C'est cette contradiction (et ses conséquences pratiques) qui
conduit le Medef à menacer de boycotter la conférence sociale, suscitant l'indignation du
ministre Montebourg : 
« Nous sommes en train de voter, et au prix de difficultés
politiques, des baisses de prélèvement sur les entreprises, et c'est à ce moment-là que les
entrepreneurs disent “Ce n'est pas assez.” (…) Je ne comprends pas. »
 La chose au
contraire se comprend fort bien. Le Medef est conscient que la politique du
gouvernement va au-devant de ses exigences (1). Mais il croit de moins en moins en la
capacité du gouvernement à l'imposer. Car l'Union européenne a fait l'objet d'un rejet
massif par l'abstention ouvrière et populaire le 25 mai. Quant à la réforme ferroviaire, elle
a provoqué la grève massive des cheminots dans l'unité avec leurs syndicats pour son
retrait (et, s'enchaînant à cette grève, celle de la SNCM, les contrôleurs aériens, etc.).
Faut-il évoquer la réforme territoriale ? Chaque jour, plus nombreux sont les élus (y
compris du Parti socialiste) qui en exigent le retrait.

La lutte de classe qui mûrit dans tout le pays et voit les travailleurs se saisir de leurs
organisations pour faire prévaloir leurs revendications spécifiques est contradictoire au
corporatisme. De ce fait, elle indique la voie de la reconquête de la démocratie, dont le
socle est constitué du droit imprescriptible de la classe ouvrière à défendre ses intérêts
spécifiques et à ne pas se soumettre au prétendu intérêt général.

Quelle forme cette reconquête de la démocratie revêtira-t-elle ? Pour le POI, c'est au
peuple qu'il reviendra d'en décider à travers une Assemblée constituante souveraine.

Qu'on partage ou non cette conclusion, l'heure est en tout cas venue d'une discussion
entre travailleurs, militants, jeunes, élus, de toutes tendances, attachés à la cause de la
classe ouvrière et de la démocratie : une issue politique conforme aux intérêts de la classe
ouvrière et de la population peut-elle s'ouvrir sans s'engager sur la voie de la rupture avec
les institutions de la Ve République et de l'Union européenne ?


(1) Ainsi, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale comprend les principales mesures du pacte de
responsabilité, notamment les exonérations de cotisations patronales à un niveau jamais atteint.



Pour lire de larges extraits du journal cliquer ici --->Informations Ouvrières N° 308

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