L'UE adopte des sanctions économiques contre la Russie
Par par Justyna Pawlak et Barbara Lewis | ReutersReuters/Reuters - Les pays membres de l'Union européenne sont parvenus mardi à un accord sur des sanctions économiques contre la Russie en raison du rôle joué par le pays dans la crise en Ukraine, une décision
par Justyna Pawlak et Barbara Lewis
BRUXELLES (Reuters) - Les pays membres de l'Union européenne sont parvenus mardi à un accord sur des sanctions économiques contre la Russie en raison du rôle joué par le pays dans la crise en Ukraine, ont dit des diplomates, une décision qui marque une nouvelle étape dans la plus grave confrontation entre Moscou et l'Occident depuis la fin de la Guerre froide.
Comme prévu, les mesures retenues fermeront l'accès aux marchés de capitaux de l'Union européenne pour les banques russes détenues par l'Etat et cibleront également le secteur de la défense et les technologies dites sensibles, notamment pour ce qui concerne l'exploration pétrolière.
Le secteur du gaz russe, dont l'Europe est fortement dépendante, est exclu du champ des sanctions.
Contrairement aux Etats-Unis, les 28 pays de l'Union européenne, en raison d'importants intérêts économiques en jeu, ont tergiversé pendant des mois avant de prendre des mesures d'une certaine ampleur contre la Russie, dont le rôle dans la crise en Ukraine est dénoncé depuis l'annexion de la Crimée par Moscou en mars.
Mais la destruction, il y a une dizaine de jours, d'un avion transportant 298 civils - dont 194 ressortissants néerlandais - survolant une partie de l'Ukraine contrôlée par des séparatistes pro-russes, a radicalement changé la donne.
Les Etats-Unis sont d'avis que le Boeing 777 de Malaysia Airlines a été abattu par erreur par les séparatistes, avec un missile fourni par la Russie.
Moscou se défend de toute implication dans l'incident - qui a entraîné la mort de tous les passagers - le gouvernement russe cherchant à faire endosser aux autorités ukrainiennes la responsabilité du drame.
LES SANCTIONS PASSÉES EN REVUE APRÈS TROIS MOIS
Les ambassadeurs de l'Union européenne ont finalisé leur accord sur les sanctions contre la Russie, alors que d'intenses combats entre l'armée ukrainienne et les rebelles pro-russes dans l'est de l'Ukraine ont coûté la vie à 19 civils.
Les sanctions devraient être finalisées mercredi et publiées ensuite dans le Journal Officiel de l'Union européenne.
Frans Timmermans, ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas, a estimé que les restrictions imposées à l'accès au marché des capitaux "allaient avoir un effet immédiat et substantiel".
Les sanctions, censées être mises en place pour un an, feront l'objet d'un passage en revue dans trois mois, le 31 octobre, afin de faire le point sur leur efficacité.
Le texte sur les sanctions intervient après que le président américain Barack Obama et les dirigeants allemand, français, britannique et italien ont convenu lundi, à l'occasion d'une conférence téléphonique, d'élargir le champ des mesures de rétorsion contre Moscou.
Le porte-parole de la Maison blanche, Josh Earnest a déclaré que les Etats-Unis pourraient annoncer dès ce mardi une nouvelle vague de sanctions contre la Russie.
Jusqu'ici, les sanctions prises par les Américains et les Européens visaient des personnalités spécifiques, en raison de leur implication supposée dans les manoeuvres de la Russie en Ukraine.
Les Européens ont longtemps été réticents à aller plus loin, refusant de porter préjudice à des pans entiers de l'économie russe, de crainte de voir de telles mesures avoir des conséquences négatives pour leur propre activité.
Les échanges commerciaux entre l'Union européenne et la Russie sont dix fois plus importants que ceux entre Moscou et Washington, en raison notamment des importations massives de gaz russe par l'Europe.
La plus spectaculaire des sanctions économiques est sans nul doute l'impossibilité pour des banques détenues à plus de 50% par la Russie d'émettre des actions ou des obligations dans l'Union européenne, un dispositif qui, selon des analystes, va affecter leur capacité à financer l'économie.
En plus de ces sanctions économiques, les ambassadeurs européens ont également établi une nouvelle liste de personnalités et d'entreprises associées au président russe Vladimir Poutine qui, comme précédemment, se verront interdire de visa et dont les avoirs à l'étrangers seront gelés.
Cette liste devrait être rendue publique et viendra rallonger celle où figurent déjà 87 personnes et 20 organisations accusées d'avoir joué un rôle dans la déstabilisation de l'Ukraine.
(Mathilde Gardin et Benoît Van Overstraeten pour le service français, édité par Agathe Machecourt)
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