Chine: des dizaines de morts et de blessés dans une attaque "terroriste" au Xinjiang
Par AFP | AFP –AFP/AFP/Archives - Un convoi des forces de sécurité chinoises à Hetian, dans la région musulmane du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, le 6 juin 2014
Une "attaque terroriste" a fait des dizaines de morts et de blessés au Xinjiang, région musulmane du Nord-Ouest de la Chine, a annoncé mardi l'agence de presse officielle Chine Nouvelle.
Un gang d'assaillants "armés de couteaux" a attaqué lundi matin --veille en Chine de la fête de l'Aïd al-Fitr marquant la fin du ramadan-- un poste de police et des bâtiments officiels dans le district de Shache --ou Yarkand dans la langue ouïghour--, a indiqué Chine Nouvelle.
"Des dizaines de civils à la fois ouïghours (principale minorité musulmane au Xinjiang) et Han (Chinois de souche) ont été tués ou blessés", a-t-elle précisé, citant la police locale.
"Les policiers présents sur les lieux ont abattu des dizaines de membres de la bande (des assaillants) qui s'en prenaient aux civils et aux véhicules qui passaient", selon l'agence officielle, ajoutant que "d'après les premiers éléments de l'enquête, il s'agit d'une attaque terroriste préméditée".
Selon Dilxat Raxit, porte-parole du Congrès mondial ouïghour, une organisation d'exilés, vingt Ouïghours ont été tués et 10 blessés dans des affrontements qui ont fait 13 morts dans les rangs des forces de l'ordre, ces dernières ayant arrêté 67 personnes.
Le porte-parole cite une source locale, mais les informations en provenance du Xinjiang restent difficiles à vérifier de source indépendante.
La Chine a connu ces derniers mois une série d'attaques meurtrières dans des lieux publics, au Xinjiang et en dehors de la région, imputés par les autorités à des islamistes ouïghours.
Dans un commentaire signé, Chine Nouvelle qualifie l'attaque d'"acte blasphèmatoire" contraire à "l'esprit du ramadan".
Un attentat suicide a notamment été commis en mai sur un marché d'Urumqi, capitale du Xinjiang, faisant 43 morts, dont les quatre agresseurs, et une centaine de blessés, le plus sanglant dans la province depuis les émeutes interethniques en 2009 entre Han et Ouïghours à Urumqi.
L'attentat avait fait suite à un carnage en mars à la gare de Kunming, dans la province du Yunnan (sud), où 29 personnes avaient été tuées à l'arme blanche et 140 blessées, premier de cette ampleur en dehors du Xinjiang.
En réaction, Pékin --et le président Xi Jinping en tête-- a annoncé une vaste campagne de lutte antiterroriste, qui s'est traduite par au moins 13 exécutions, des centaines d'interpellations et des condamnations en masse au terme de procès expéditifs, souvent accompagnés d'exhibitions publiques de "terroristes" dans des stades.
En dépit de cette campagne, cette dernière attaque témoigne des difficultés de l'appareil sécuritaire chinois à juguler la frange radicalisée de la population ouïghoure, dans cette immense province semi-désertique frontalière de huit pays d'Asie centrale, dont l'Afghanistan.
Treize extrémistes avaient ainsi été tués en juin par la police après avoir fait sauter un immeuble des forces de sécurité à Kargilik, dans la préfecture de Kachgar.
Dans ce même district de Yarkand, cadre de l'attaque menée lundi, à 200 km environ au sud-est de la ville de Kachgar, huit assaillants avaient été tués fin décembre par la police dans l'attaque d'un commissariat par des personnes armées de couteaux et d'explosifs.
Le Xinjiang compte plus de neuf millions de Ouïghours, des musulmans turcophones, dont une frange radicale est, selon les autorités, à l'origine des sanglants attentats des derniers mois.
Mais des groupes de défense des droits de l'homme estiment que la politique répressive menée par Pékin à l'encontre de la culture et de la religion des Ouïghours alimente les tensions et les violences dans la région.
Les autorités chinoises ont fortement restreint pour les musulmans du Xinjiang les possibilités d'observer le jeûne du ramadan.
Les fonctionnaires, les enseignants et les étudiants se sont vu interdire de prendre part aux pratiques religieuses traditionnelles associées au mois sacré musulman, selon des instructions publiées par divers sites gouvernementaux.
A l'opposé, les personnes qui rompaient ostensiblement le jeûne ont été félicitées, un bureau gouvernemental du bassin du Tarim ayant ainsi publié une photo montrant ses employés musulmans en train de déjeuner.
"Quoique que ce repas ait eu lieu pendant le mois du ramadan, les cadres, qui y ont pris part, ont affiché une attitude positive", avait commenté ce bureau.
De nombreux Ouïghours, hostiles à la tutelle de Pékin, se disent victimes de discriminations et exclus des bénéfices des investissements au Xinjiang.
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