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vendredi 30 novembre 2018

ECONOMIE - Trois cents chercheurs contre les maux du siècle L’urgence du progrès social le 5.11.2018

ECONOMIE


LE PANEL INTERNATIONAL SUR LE PROGRÈS SOCIAL, FORMÉ DE CHERCHEURS DES CINQ CONTINENTS, PUBLIE UN RAPPORT SUR LE MAUVAIS ÉTAT DE LA PLANÈTE ET PROPOSE DES SOLUTIONS POUR Y REMÉDIER
Trois cents chercheurs contre les maux du 

siècle

L’urgence du progrès social
La capacité de l’humanité à apporter des réponses aux défis actuels

 dépendra de l’émergence d’acteurs et de mouvements sociaux

 faisant pression sur les décideurs politiques, affirment les auteurs

 du rapport IPSP
Une anxiété croissante gagne le monde. Les préjugés, la peur et la haine hantent de nouveau nos sociétés. Vers quel futur allons-nous ? Comment pouvons-nous éviter de répéter les erreurs qui ont engendré les tragédies du XXe siècle ?
Le Panel international sur le progrès social vient de publier un rapport qui propose une évaluation des tendances à long terme de nos sociétés. Le moment historique dans lequel nous nous trouvons exige une telle synthèse. L’effondrement des idéologies totalitaires a ouvert l’esprit de nos concitoyens à la recherche d’alternatives pragmatiques pour promouvoir la justice sociale et préserver l’environnement. Nous devons saisir cette opportunité, de manière urgente, avant qu’il ne soit trop tard.
La recherche en sciences sociales est en mesure d’aider, offrant, dans une approche pluridisciplinaire, une meilleure compréhension du potentiel et des limites d’institutions-clés comme le marché, l’Etat, l’entreprise, la démocratie ou la religion. Elle permet aussi de se saisir plus efficacement des grands défis sociétaux dans leur complexité.
La globalisation, la cyberconnectivité, la diversité et le multiculturalisme, les migrations, la biodiversité et le climat, les inégalités et la pauvreté, le défi technologique et éthique de l’intelligence artificielle… les nouveaux conflits clivent aujourd’hui les populations au moins autant que les anciens liés à la richesse ou aux inégalités de revenus. Les recherches menées sur ces grands enjeux sociétaux sont de nature à offrir des idées pour promouvoir la tolérance et des formes d’identité plus inclusives.
La ligne générale du rapport est de constater que des progrès considérables ont été réalisés lors des dernières décennies, plaçant l’humanité à l’aube de possibilités nouvelles, mais qu’une accumulation de menaces peut néanmoins faire craindre le pire.
D’un côté, les niveaux de vie (incluant la santé et la longévité) ont connu une amélioration nette dans la plupart des pays. Les institutions démocratiques ont fortement progressé dans le monde. A cela s’ajoute une tendance profonde vers l’égalité des genres et une plus grande tolérance et acceptation de la diversité ethnique, culturelle, religieuse, des orientations sexuelles ou des formes familiales. Aucune de ces évolutions n’est linéaire ou automatique, des tensions et des retours en arrière existent, mais sur le long terme la tendance a été vers plus de prospérité et plus d’inclusion.
De l’autre, certaines régions du monde restent à l’écart de ces tendances. Minées par la pauvreté et l’instabilité, elles n’enregistrent aucune forme de rattrapage et sont souvent le théâtre de violences croissantes. Les inégalités au sein des pays ont connu des évolutions contrastées, mais dans nombre d’entre eux la concentration de la richesse et du pouvoir atteint des niveaux insoutenables. La mondialisation affaiblit les politiques nationales et les gouvernements semblent impuissants.
Tout cela réduit la confiance dans les institutions, renforce les mouvements populistes, nationalistes et extrémistes, exacerbe les tensions interreligieuses ou interethniques. Cette instabilité politique peut se traduire par des reculs en matière de coopération internationale et des risques accrus de conflits économiques ou géopolitiques.
L’environnement, quant à lui, est en grande tension. L’expansion de l’habitat humain, la prédation des ressources, la pollution et les émissions de gaz à effet de serre conduisent à des crises majeures dont les signes avant-coureurs sont déjà tangibles.
Sans une transition d’urgence vers un modèle de développement à la fois plus inclusif et durable, les risques de confrontations, d’effondrement et de chaos sont réels.
Pour faire face à ces menaces, le message des auteurs du rapport est que, loin d’être impuissantes, des politiques avisées et de bonnes institutions peuvent œuvrer à la cohésion sociale et à la réduction des inégalités. La préservation de l’environnement est possible avec des incitations et des investissements judicieux dans un cadre de coopération permettant de gérer les biens communs mondiaux.

modèle scandinave

La capacité de l’humanité à saisir ces opportunités et à apporter des réponses aux défis actuels dépendra de l’émergence d’acteurs et de mouvements sociaux faisant pression sur les décideurs politiques. Le rapport n’identifie pas de façon précise ces futurs acteurs du progrès social. Plutôt qu’un mouvement monolithique, des coalitions (mouvements politiques, dirigeants d’entreprise innovants, philanthropes, associations et ONG, collectifs de travailleurs, minorités agissantes, militants et lanceurs d’alerte) sont susceptibles de se former pour défendre des causes particulières de manière décentralisée et souplement coordonnée.
S’appuyant sur une conception large du progrès social, le rapport examine les perspectives d’amélioration dans les domaines socio-économique, politique et culturel.
Sur le plan socio-économique, la réduction des inégalités peut s’obtenir par la redistribution mais aussi par des mécanismes de « prédistribution » inscrits au cœur de l’activité économique, comme le développement des capacités des individus (compétences, santé), ou une régulation différente de la concurrence et des contrats… La révolution robotique et numérique ne fera pas disparaître le travail, mais la recomposition des emplois nécessitera des politiques de flexisécurité ambitieuses pour aider aux transitions de carrière.
Le rapport souligne la cohérence du modèle scandinave, qui conjugue ouverture économique et innovation avec une négociation centralisée et une protection sociale universelle et plaide pour des stratégies de développement fondées sur la promotion de l’égalité. La modération des écarts de salaire entre emplois et entre secteurs, un système de protection universel et une redistribution de la richesse sont de nature à accélérer l’innovation, à donner de l’autonomie aux travailleurs et à encourager la croissance et la mobilité sociale.
Le rapport discute aussi des formes coopératives de production et de partage des profits et appelle à une réforme des missions et de la gouvernance des entreprises afin de mieux prendre en considération les intérêts des parties prenantes ainsi que les enjeux de bien commun qui conditionnent la durabilité de l’activité économique.
Sur le plan politique, le rapport insiste sur l’interdépendance entre cohésion sociale et démocratie et met en garde contre le pouvoir politique direct et indirect des intérêts économiques. Il souligne la grande richesse d’innovations démocratiques, particulièrement les formes participatives, qui se développent à travers le monde. Toutefois, la participation doit être mise en œuvre avec attention pour éviter sa captation par les élites et assurer l’inclusion des minorités. Les médias et les réseaux sociaux jouent un rôle crucial pour la démocratie ; ils devraient être traités comme des biens communs et faire l’objet d’un suivi démocratique rigoureux afin de préserver leur indépendance vis-à-vis de l’Etat et des intérêts privés et d’assurer la qualité de leurs contenus. L’architecture complexe des mécanismes de gouvernance mondiale, elle, reste encore dominée par les pays les plus riches, et les organisations internationales devraient être plus réceptives aux besoins de l’ensemble des populations.
Sur le plan culturel, le rapport rejette la perspective « modernisatrice » qui projette une croissance inéluctable de l’individualisation et de la rationalité. Une lecture plus complexe des vertus et des problèmes liés à la coexistence de l’individualisation et des modes de vie traditionnels émerge. La construction des identités, aujourd’hui au cœur de l’instabilité politique de nombreuses régions du monde, doit être analysée à la lumière des tendances, progressistes ou régressives, qui sous-tendent les mouvements identitaires. Le rapport analyse le rôle contrasté des communautés religieuses en matière de progrès social et plaide pour que les institutions politiques et sociales recherchent des partenariats constructifs avec les groupes religieux, plutôt que de laisser se développer des situations confuses de compromission ou, plus dangereuses encore, de confrontation.

limiter le lobbying

Le rapport apporte une attention particulière à l’évolution des structures familiales et à leur interaction avec les institutions et politiques publiques. Les programmes de protection sociale jouent un rôle capital dans la promotion du respect et de l’équité au sein des familles. L’évolution des politiques de santé, d’enseignement et d’urbanisme est très importante parce que celles-ci affectent la vie humaine tant aux niveaux économique et social que moral et civique. Elles peuvent contribuer à émanciper les citoyens en leur conférant une plus grande maîtrise de leur situation et en renforçant leur pouvoir grâce à une participation active dans les mouvements politiques, sociaux et culturels.
Il faut envisager des futurs multiples de nos sociétés avec des moyens différenciés afin de les atteindre dans différentes parties du monde de façon adaptée aux différentes cultures et visions du monde, aux différentes approches de la cohésion sociale et aux différentes formes organisationnelles. Plusieurs formes de démocratie participative sont de nature à revitaliser les politiques locales et nationales (les villes en particulier constitueront des espaces d’innovation et d’expérimentation), et différents types de coopération régionale et internationale (sans oublier les actions transnationales et non gouvernementales) peuvent se développer.
Une des conclusions fortes du rapport est qu’il est possible et nécessaire d’envisager, de manière réaliste, des sociétés offrant des procédures de décision plus démocratiques et de moins fortes inégalités de statut, de pouvoir et de capacités. Des réglementations adaptées des marchés et des entreprises pour limiter le lobbying et combattre l’évasion fiscale et le dumping social, des incitations avisées pour rediriger les forces de la mondialisation et de l’innovation technologique au bénéfice des populations, des mécanismes de participation démocratisant les institutions économiques, sociales et politiques renforceraient le progrès social. Il semble moins évident que les réformes institutionnelles puissent renforcer de la même manière les sentiments de respect et de solidarité entre des individus ayant des orientations sexuelles différentes ou appartenant à des communautés ethniques ou religieuses opposées. Toutefois, les politiques publiques peuvent promouvoir l’égalité des sexes, et la réglementation influencer les attitudes vis-à-vis de la race et des orientations sexuelles.
Le rapport se conclut par des réflexions sur le rôle des experts et des chercheurs dans la promotion du progrès social. Experts et chercheurs doivent considérer leur contribution comme une composante d’un débat démocratique vivant et informé et éviter les compromissions avec les intérêts dominants.
Nous souhaitons voir nos analyses reçues par les citoyens et les décideurs comme un appel urgent en faveur du progrès social et d’un débat démocratique planétaire sur les moyens d’améliorer le fonctionnement de nos sociétés au XXIe siècle.
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Parmi les signataires :
Olivier Bouin (Réseau français des instituts d’études avancées) ; Colin Crouch (université de Warwick) ; Marie-Laure Salles-Djelic (Sciences Po Paris) ; Ottmar Edenhofer (Institut de recherche de Potsdam sur l’impact du climat) ;Marc Fleurbaey (université de Princeton) ; Ravi Kanbur (université Cornell, Ithaca) ; Takyiwaa Manuh (Commission des Nations unies pour l’Afrique, Addis-Abeba) ; Helga Nowotny (ETH, Zurich) ; Elisa Reis (université fédérale de Rio de Janeiro) ; Jeffrey Sachs (université Columbia, New York) ; Saskia Sassen (université Columbia, New York).
La liste complète des signataires est à retrouver sur Lemonde.fr

Développer des réponses aux enjeux majeurs de notre époque

Le Panel international sur le progrès social (IPSP) a été lancé en juillet 2014 à Paris, pour apporter la contribution des chercheurs au débat public sur l’évolution des institutions et de la structure de nos sociétés. Il rassemble plus de 300 chercheurs en sciences sociales (économie, sociologie, science politique, histoire, philosophie, anthropologie, droit, communication, etc.) à travers le monde.
Chacun des 22 chapitres du rapport est cosigné par les auteurs de disciplines et d’origines différentes qui ont contribué à la rédaction. Afin de mettre en débat les contenus de ces chapitres au cours du processus de préparation, leurs premières versions ont été présentées dans de nombreux séminaires, ateliers et conférences ouverts à des spécialistes, aux acteurs non académiques et au grand public. Elles ont également été placées sur une plate-forme en ligne pour être en mesure de collecter largement des commentaires.
Le Panel est attaché à l’accessibilité de ses travaux. Le site Internet Ipsp.org est conçu comme une archive ouverte permettant de disposer des contenus des chapitres, de nombreuses références bibliographiques, des entretiens filmés avec des chercheurs du Panel, des événements organisés partout dans le monde autour des travaux du Panel.
Le Panel a été rendu possible grâce au soutien d’une trentaine de partenaires institutionnels, scientifiques ou philanthropiques qui ont cru en l’utilité d’engager une réflexion pluridisciplinaire et internationale sur le progrès social, au premier rang desquels figurent les fondations Maison des sciences de l’homme (Collège d’études mondiales, France), Friedrich-Ebert (Allemagne) et Calouste-Gulbenkian (Portugal) ainsi que l’université de Princeton (Etats-Unis) et l’Institute for Futures Studies (Suède).

« Trouver la formule respectant équité, liberté et durabilité environnementale »
« Le Monde » publie trois extraits du « Manifeste pour le progrès social », l’ouvrage qui synthétise les travaux des experts issus de toutes les disciplines des sciences humaines
L’idée occidentale selon laquelle les institutions de nos sociétés libérales, démocratiques et capitalistes ont atteint leurs formes finales, et représentent le but de toute nation (la “fin de l’histoire”), doit être fermement rejetée. Les acquis sociaux et démocratiques peuvent être balayés en une élection et remplacés par des politiques autoritaires et destructrices sur les plans social et environnemental. L’histoire est toujours en marche, et nous devons repenser nos institutions si nous voulons rendre notre modèle durable. Des idées intéressantes et des innovations venant de chaque continent peuvent mener à de nouvelles formes de participation populaire, une plus grande harmonie avec la nature ou une meilleure manière de gérer les conflits. Partout dans le monde, une grande diversité d’avancées économiques, politiques ou sociales montre le pouvoir de l’imagination et le nombre impressionnant d’idées promettant de mener vers une société meilleure.
Le défi de notre époque est de trouver une ou plusieurs formules respectant à la fois l’équité (que personne, à l’échelle nationale comme internationale, ne soit laissé pour compte et que soit réalisée une société inclusive), la liberté (économique et politique, ce qui implique le respect de l’Etat de droit, des droits de l’homme et des droits démocratiques au sens large) et la durabilité environnementale (préserver les écosystèmes non seulement pour les générations à venir, mais aussi pour eux-mêmes, pour respecter toutes les formes de vie).
(…)
La mondialisation et les innovations technologiques sont les deux causes principales des transformations socio-économiques actuelles. Si les vertus et les dangers de la mondialisation sont bien connus des experts (bien que pas toujours des décideurs, malheureusement), il existe bien plus d’incertitudes sur les effets qu’auront les innovations technologiques sur notre qualité de vie et sur les inégalités sociales. Il est important cependant d’avoir conscience que la mondialisation et les innovations technologiques ne sont pas des évolutions naturelles que les sociétés ne pourraient que subir ou arrêter brutalement. Au contraire, la façon dont la mondialisation et l’innovation se déploient à travers le temps peut être largement influencée par les choix politiques. Il importe donc de les guider pour en faire des forces d’inclusion sociale. Aider les perdants de la mondialisation et des bouleversements technologiques, faciliter leur transition vers les nouvelles opportunités offertes par ces évolutions est donc nécessaire, mais pas suffisant. Il faut aussi, et surtout, faire en sorte que les changements eux-mêmes dans ces domaines aient lieu d’une manière qui engendre plus de bénéfices et moins de pertes pour tous.
(…)
Comment imaginer de meilleures institutions et de meilleures politiques publiques ? Penser que le progrès social peut passer simplement par la prise du pouvoir central pour imposer des réformes économiques et sociales serait dramatiquement insuffisant. C’est au niveau de chaque institution et organisation, de la famille à l’entreprise transnationale, de la communauté locale au groupe régional d’Etats, de la petite ONG au parti politique, qu’il faut s’attaquer aux inégalités en termes de ressources, mais aussi, et surtout, en termes de pouvoir et de statuts. Réformer toutes ces institutions et toutes ces organisations dans les champs économique, politique et social ne se fera pas simplement par l’arrivée de partis plus « progressistes » au pouvoir, mais nécessitera des initiatives venant de la base, des changements dans la gouvernance de nombreuses organisations, et plus particulièrement dans les principales institutions économiques, à tous les niveaux, de la petite entreprise aux organisations internationales.
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Manifeste pour le progrès social, Marc Fleurbaey et alii, avant-propos d’Amartya Sen, à paraître le 10 janvier 2019 aux éditions La Découverte.

Vingt et un principes et valeurs pour le XXIe siècle
Le philosophe Henry S. Richardson explique les critères qui ont guidé le choix de prescriptions nouvelles pour améliorer le sort des hommes
Comment évaluer le progrès social dans une société donnée ? Beaucoup d’économistes auront l’habitude d’en admettre seulement deux : le bien-être et la justice distributive. Comme on le sait, se concentrer uniquement sur la maximisation du bien-être total (ou moyen) est compatible avec la promotion de niveaux inacceptables d’inégalité économique. On pourrait penser qu’une fois que la justice a été ajoutée au bien-être, ces deux dimensions suffisent, tant la notion de bien-être est vaste.
Mais l’approche subjectiviste de l’idée de bien-être qui a dominé l’économie au milieu du siècle dernier cède la place à une compréhension plus concrète. Cette évolution est en grande partie imputable au développement pionnier par Amartya Sen de l’approche par les « capabilités », qui distingue plusieurs dimensions du bien-être. Le rapport de 2009 de la Commission Stiglitz-Sen-Fitoussi a ainsi suggéré que la dimension du bien-être puisse être divisée en huit sous-dimensions : niveau de vie matériel, santé, éducation, activités personnelles, expression politique et gouvernance, connexions et relations, environnement, et sécurité.
Dans le chapitre du rapport du Panel international sur le progrès social consacré à cette question, notre groupe d’auteurs s’est rapidement mis d’accord sur les grandes lignes de notre approche. Nous serions guidés par un engagement fondamental en faveur de l’égale dignité de chaque être humain et du respect du pluralisme profond, dans le monde entier, des points de vue sur les valeurs, la moralité et la religion. Nous nous sommes mis d’accord pour abjurer toute trace de la foi des Lumières selon laquelle la société humaine est destinée à progresser inexorablement. Nous avons également rejeté l’idée selon laquelle il existe une voie unique et privilégiée vers le progrès social. Au lieu de cela, nous avons voulu que notre catalogue de dimensions du progrès social puisse servir à tout type d’évaluation rétrospective et aux choix politiques futurs.
Au final, nous proposons vingt et un principes et valeurs pour définir le progrès social au XXIe siècle.
Deux principes transversaux d’orientation : égale dignité, respect du pluralisme.
Neuf valeurs : bien-être, liberté, non-aliénation, solidarité, relations sociales, estime et reconnaissance, biens culturels, valeurs environnementales, sécurité.
Quatre principes de base applicables aux gouvernements : règle de droit, transparence et responsabilité, démocratie, donner aux droits une réalité déterminée.
Deux principes applicables à la société civile : tolérance, éduquer et soutenir les citoyens.
Un principe applicable aux institutions mondiales : justice globale.
Trois principes d’applicabilité générale : droits fondamentaux, justice distributive, bienfaisance et générosité.
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Henry S. Richardson est philosophe à Georgetown University (Etats-Unis)

ALLER PLUS LOIN

À LIRE

Le rapportRethinking Society for the 21st Century. Report of the International Panel on Social Progress, 3 volumes, Cambridge University Press, 2018, non traduit.
Le site Web ipsp.org
Un livre court et accessibleManifeste pour le progrès social, La Découverte, parution le 10 janvier 2019. L’original, en anglais : A Manifesto for Social Progress. Ideas for a Better Society, Cambridge University Press, 2018

À VOIR

Un filmA New Society, documentaire sur le Panel PIPS réalisé par Sofie Wolthers, visible sur wilmaswishes.com.

RENDEZ-VOUS

Conférence-débat autour du livre A Manifesto for Social Progress : Sciences Po, 5 novembre 2018, 17 heures-19 heures, Paris VIIe. Inscription : sciencespo.fr/evenements/


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