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mardi 27 novembre 2018

Disparition de Jin Yong - Ecrivain chinois - le 3.11.2018


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Jin Yong
En 2005. CHENG GANG/IMAGINECHINA
Ecrivain chinois
HONGKONG- correspondance
Surnommé « le grand justicier Jin » par ses lecteurs, le plus célèbre écrivain hongkongais, Louis Cha, connu dans tout le monde chinois sous son nom de plume Jin Yong, est mort le 30 octobre à Hongkong à l’âge de 94 ans, entouré par ses proches.
Ses wuxia (romans d’arts martiaux) ont des adeptes et des fans aux quatre coins du monde chinois et ont été adaptés, au fil des décennies, en bandes dessinées, en films, en pièces de théâtre, en séries télévisées et, depuis une vingtaine d’années, en jeux vidéo qui dominent désormais le marché.
Le wuxia (littéralement « chevalier itinérant ») est un genre littéraire chinois ancien très populaire, vague équivalent du roman de cape et d’épée. Et Jin Yong a sublimé le genre. Bien documentés historiquement et extrêmement divertissants, ses romans mettent en scène des héros de la Chine ancienne, maîtrisant le kung-fu, le sabre ou l’arbalète de manière quasi surhumaine, évoluant dans des intrigues mêlant politique impériale, rébellions, trahisons, banditisme, rivalités claniques, amours interdites ou impossibles et vengeances ancestrales.

« Un esprit complexe »

Mais ses héros sont d’autant plus fascinants que ce sont des êtres complexes, imparfaits, en quête de maîtrise intérieure, parfois décevants. Potentiellement subversifs, ses romans ont longtemps été interdits en Chine. Ils se sont néanmoins vendus à plus de 100 millions d’exemplaires, ce qui fait de lui l’écrivain le plus lu et le plus connu du monde chinois. Plusieurs de ses best-sellers ont été publiés en français par les éditions You Feng.
Né le 10 mars 1924 dans la province chinoise du Zhejiang (au sud de Shanghaï) dans une famille bourgeoise et intellectuelle, Louis Cha fut notamment initié aux romans d’Alexandre Dumas père, de Victor Hugo, de Shakespeare et de Walter Scott. Il est arrivé à Hongkong dans les années 1940, avec sa famille qui fuyait la guerre et la révolution communiste.
Entre 1955 et 1972, il publia une nouvelle et quatorze romans, dont plusieurs romans-fleuves. Son premier texte, Le livre et le Sabre, publié sous forme de feuilleton, fut un succès immédiat. Mais en 1972, « sa muse disparut », estime son ami le commentateur et éditorialiste Chip Tsao.
Louis Cha eut également un rôle très important dans la société hongkongaise. Il fonda ce qui devint le journal de référence de Hongkong, le Mingpao Daily News, en 1959, qu’il dirigea jusqu’en 1993. En 1964, il participa au lancement de la revue Southeast Asia Weekly. D’abord essentiellement populaire, le Mingpao prit vite un ton plus politique, très critique du Grand Bond en Avant et des désastres provoqués par les réformes maoïstes.
Louis Cha fut ensuite un critique sévère mais juste de la Révolution culturelle. Lors des émeutes de 1967 à Hongkong, qui firent une cinquantaine de morts, retombées des événements en Chine, ses prises de position firent de lui la cible potentielle d’un assassinat politique (qui n’eut pas lieu) par les meneurs gauchistes. Avec l’avènement de Deng Xiaoping et l’ouverture de la Chine aux réformes de marché, Louis Cha devint plus amène à l’égard de Pékin. Il fut invité à participer au comité de rédaction de la Basic Law, future mini-Constitution de Hongkong.
En 1988, ses propositions de réformes politiques, jugées peu démocratiques, firent polémique. Mais lors du « printemps de Pékin » (1989), il publia des dizaines d’éditoriaux en soutien aux étudiants chinois et démissionna de ses fonctions politiques. « C’était un esprit complexe, qui croyait et chérissait la liberté mais ne croyait pas fondamentalement en la démocratie. Ou plutôt, il ne pensait pas qu’un régime démocratique fût adapté à la Chine. Comment conciliait-il ces deux pensées ? Il ne me l’a jamais expliqué ! », commente Chip Tsao, qui souligne que Louis Cha n’a jamais eu la moindre affinité avec le Parti communiste chinois.
Dès l’annonce de sa mort, les éloges ont afflué, y compris des autorités chinoises. Wang Zhimin, le directeur du Bureau de liaison qui assure la représentation politique de Pékin à Hongkong, a estimé que Louis Cha était un « patriote qui aimait Hongkong, qui a soutenu la promotion du principe un pays, deux systèmes”, et qui a contribué de manière importante à la promotion de la culture chinoise»
Depuis 2017, une galerie permanente lui est consacrée au Heritage Museum de Hongkong.

10 mars 1924Naissance dans la province chinoise du Zhejiang (Chine)
1955-1972Publie la majeure partie de ses romans
1959-1993Dirige le journal honkongais « Mingpao Daily News »
30 octobre 2018Mort à Kongkong

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