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vendredi 30 novembre 2018

En Egypte, l’EI revendique un attentat contre des coptes - le 5.11.2018

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En Egypte, l’EI revendique un attentat contre des coptes
Au moins sept pèlerins ont été tués par balles, vendredi, dans la province de Minya
BEYROUTH - correspondance
Au moins sept personnes, dont six membres d’une même famille, ont été tuées, vendredi 2 novembre en Egypte, lors d’un attentat contre des pèlerins coptes dans la province de Minya. Revendiquée par l’organisation Etat islamique (EI) à travers son organe de propagande Amaq, cette attaque survenue sur une route désertique à proximité du monastère de Saint-Samuel a aussi fait 19 blessés.
Les récits restent fragmentaires sur le déroulement de l’assaut. Selon le parquet général égyptien, les victimes ont été abattues par balles alors qu’elles rentraient d’un pèlerinage dans ce monastère, à quelque 200 km au sud du Caire. Plusieurs bus ont été pris pour cible avant que les assaillants ne disparaissent.
Cette embuscade sanglante a pour les coptes un goût tragique de déjà-vu : en mai 2017, 29 pèlerins avaient été tués par balles dans la même zone. Les autorités égyptiennes avaient riposté en bombardant des camps d’entraînement djihadistes dans la Libye voisine. Les attentats contre la communauté chrétienne avaient connu une brève accalmie, le précédent remontant à décembre 2017. Un an plus tôt, en décembre 2016, l’explosion d’une bombe dans une église du Caire, qui avait fait 25 morts, marquait le début d’une série noire.

10 % de la population

Daoud Al-Samouili, un moine du monastère de Saint-Samuel, cité par le site d’information égyptien Mada Masr, dit son indignation : selon lui, depuis 2017, la protection de la route menant au lieu de prière n’a été que « stérile et de façade ». Et faute de moyens militaires, la traque des assaillants n’a commencé que tardivement, vendredi, leur laissant le temps de fuir, « de la même façon que les auteurs de l’attaque de l’an dernier se sont échappés ».
La zone désertique est difficile à contrôler. Selon des sources de sécurité, la fusillade a eu lieu sur une route secondaire, car l’axe principal était fermé. Les visites au monastère Saint-Samuel se sont raréfiées depuis mai 2017. Des sources contactées par Le Monde affirment que les autorités avaient aussi bloqué les pèlerinages pendant un temps.
« J’ai rencontré de jeunes survivants de l’attaque de 2017. Ils étaient traumatisés. J’ai vu le même regard, vendredi, dans les yeux d’un enfant blessé dont la photo circule », indique Mina Thabet, militant copte désormais basé à l’étranger et spécialiste des minorités religieuses à la Commission égyptienne des droits et des libertés. Cette ONG locale a récemment suspendu ses activités, après une vague d’arrestations de militants de la société civile égyptienne, dans un climat de répression continue de la part du pouvoir.
« Il est vrai qu’il n’y avait plus eu d’assaut d’ampleur contre les coptes depuis un an, poursuit M. Thabet. Mais rien ne s’est arrangé sur le fond. [Le président Abdel Fattah] Al-Sissi échoue à protéger les chrétiens : la violence sectaire secoue régulièrement la province de Minya. Des droits basiques, comme celui de construire une église, ne sont pas assurés aux coptes. Les déplacés d’Al-Arich [une ville du Sinaï dont les chrétiens ont fui en février 2017 après des meurtres contre la communauté] ont été laissés pour compte. »
En août, les autorités avaient affirmé avoir déjoué un attentat contre une église près du Caire. Les coptes, qui représentent environ 10 % de la population égyptienne, sont explicitement dans le viseur de l’EI. Mais ils ne sont pas ses seules victimes. Depuis la destitution par l’armée du président islamiste Mohamed Morsi, en 2013, les djihadistes ont multiplié les attaques contre les forces de sécurité. Des centaines de civils ont également été pris pour cible, dont des musulmans soufis.
Depuis Charm el-Cheikh, où il participe à un forum sur la jeunesse, le chef de l’Etat, Abdel Fattah Al-Sissi, réélu au printemps dernier lors d’un scrutin joué d’avance, s’est dit déterminé à « continuer de combattre le terrorisme noir et à en poursuivre les auteurs ». Il a fait de la sécurité le socle de sa politique autoritaire et bénéficie du soutien officiel du clergé copte.

Etat d’urgence

L’attentat de vendredi « confirme la stratégie de l’EI en Egypte, considère Georges Fahmi, chercheur égyptien rattaché au Centre Robert-Schuman d’études avancées de Florence. En visant les coptes, une cible facile, les djihadistes veulent nuire à l’image du pouvoir, qui se présente à ses alliés occidentaux comme protecteur des chrétiens. Ils veulent aussi pousser aux divisions confessionnelles entre Egyptiens ».
Dans le pays, l’état d’urgence instauré en avril 2017 après des explosions contre des églises coptes revendiquées par l’EI, n’a cessé depuis d’être renouvelé. En février 2018, l’armée égyptienne a par ailleurs lancé une vaste opération contre les djihadistes dans le Sinaï (est), une zone interdite aux journalistes.
« L’attaque de vendredi montre que la bataille contre l’EI n’est pas finie, analyse M. Fahmi. Dans la dernière période, les autorités sont parvenues à limiter l’action de l’EI dans les principales villes égyptiennes. Mais il est très difficile de vaincre totalement ce groupe. »

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