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Pourquoi Hollande risque de renoncer à la proportionnelle
Selon le "Canard enchaîné", le chef de l'Etat a expliqué à des
proches qu'il ne souhaitait plus introduire une dose de
proportionnelle à l'Assemblée. Francetv info revient sur les
trois raisons qui l'ont poussé à changer d'avis.
Des députés dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, le 17 décembre 2014. (MAXPPP)
"J'avais indiqué pendant la campagne [présidentielle] que j'étais favorable
àl'introduction d'une part de proportionnelle. J'y suis prêt, si une majorité peut
s'accorder sur cette orientation." Cette phrase, François Hollande l'a prononcée
dans un entretien accordé au journal Le Monde, pas plus tard que le 20 août.
Quatre mois plus tard, le chef de l'Etat a visiblement changé d'avis. Selon les
informations du Canard enchaîné, mardi 30 décembre, le président de la
République "s'est montré catégorique" ces derniers jours auprès de plusieurs
proches : plus question de toucher au mode de scrutin législatif d'ici à la fin du
quinquennat. Essentiellement pour trois raisons.
Parce que cela ferait triompher le FN
D'abord, l'introduction d'une dose de proportionnelle aux élections législatives
constituerait une vraie aubaine pour le Front national. Au vu de la popularité du parti
d'extrême-droite dans les sondages, on peut légitimement penser qu'il serait
largement en mesure de constituer un groupe politique autonome, alors qu'il ne
compte aujourd'hui qu'un seul député (Marion Maréchal-Le Pen) et un apparenté
(Gilbert Collard). En 2012 déjà, si une dose de 15% avait été introduite, francetv info
avait calculé que le FN aurait été capable d'avoir 17 élus à l'Assemblée.
Même sans parler d'un retour à la proportionnelle intégrale, comme en 1986 sous
François Mitterrand, François Hollande aurait donc assuré à des proches qu'il ne
prendrait pas la "lourde responsabilité" de permettre l'arrivée massive de députés
frontistes à l'Assemblée.
Parce que cela favoriserait les Verts
Ensuite – "et c'est le motif qui pèse le plus lourd", assure le Canard enchaîné –,
François Hollande rappelle que la mise en place d'une dose de proportionnelle
permettrait aux Verts de tirer leur épingle du jeu aux prochaines législatives, en
remportant plusieurs sièges. Un paramètre qui les pousserait à s'émanciper du
PS en 2017, plutôt qu'à jouer collectif.
Or, pour rassembler un maximum de voix dès le premier tour et éviter un duel
UMP-FN, les socialistes espèrent convaincre les écologistes de présenter une
candidature commune. "Les Verts ont intérêt à appartenir à la maison
commune dès le premier tour de la présidentielle, en échange d'un accord
aux législatives qui leur assurerait un certain nombre de circonscriptions,
aurait expliqué le Premier ministre, Manuel Valls, à plusieurs responsables
socialistes. A moins, bien entendu, qu'ils soient prêts à sacrifier tous les députés
sortants."
Parce que cela handicaperait le PS
Troisième et dernière raison : le changement du mode de scrutin handicaperait
le Parti socialiste lui-même. Le scrutin majoritaire actuel (uninominal à deux tours)
favorise traditionnellement les grands partis, solidement implantés à l'échelon local.
Les autres réussissent à se faire élire uniquement en faisant des alliances, ce
que le Front national, par exemple, ne parvient pas encore à réaliser.
A l'inverse, le scrutin proportionnel, s'il a le mérite de représenter plus justement les
différents partis, ferait mécaniquement baisser la représentation du PS (et de l'UMP).
Et vu l'impopularité actuelle de la majorité, la défaite n'en serait que plus grande.
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