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jeudi 1 janvier 2015

Nouvel Ordre pétrolier et nécessaire transition énergétique de l’Algérie

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Nouvel Ordre pétrolier et nécessaire transition énergétique de l’Algérie

Mondialisation.ca, 31 décembre 2014
                                            pétrole Algérie 
Ça y est ! Ce qui était prévisible est arrivé ! Pourtant jusqu’au bout naïfs que nous sommes, nous avons cru que l’Opep servait les intérêts des pays producteurs  et mettrait en œuvre une politique de réduction de l’offre pour  faire revenir les prix du pétrole à un niveau de 100 $ qui était acceptable depuis plus de deux ans à la fois par les pays producteurs et aussi par les pays consommateurs. Pour le ministre vénézuélien il faut pour cela réduire l’offre de 2 millions de barils/jour  Il n’en fut rien !
Ce fut un monologue : L’Arabie saoudite et les pays du Golfe sont venus asséner leur vérité. Les prix vont rester en l’état et même s’ils dégringolent jusqu’à 60 dollars nous pouvons- au vue de nos resserves de change amortir le choc. Juste après l’annonce le prix du baril a dégringolé à 70,81$ le baril perdant 40 $ depuis juin soit 30% de sa valeur
Les pays du Golfe disposent de réserves de change qui leur permettent d’amortir l’impact d’une guerre des prix    Pour la Russie, qui produit 10,5 millions de bpj, soit 11% de l’offre mondiale, sa production de brut ne baissera pas même si le baril tombe à 60 dollars. La guerre est  donc déclarée les prix du pétrole vont encore plus chuter
Pourquoi le pétrole est bradé ?
Nous savons que le pétrole pas cher, en terme de production, appartient au passé. Malgré toute la propagande occidentale quant à l’abondance du pétrole, c’st un fait le pétrole sera de plus en plus difficile à produire, exception faite de quelques régions du Golfe-  et il coutera de plus en plus cher .De ce fait on s’attendrait normalement à une augmentation du prix.  Le discours occidental nous sature en nous disant qu’il faut faire les lois du marché, l’équilibre de l’offre et de la demande ; la main invisible d’Adam Smith est là pour réguler. Il n’en est rien ! Cette même main invisible a favorisé une spéculation extraordinaire en juillet 2008 le prix du baril a atteint le sommet de 145 $  en dollars courant que l’on a présenté comme étant exceptionnel, sauf que ces messieurs oublient qu’au début de l’exploitation du pétrole vers 1860 le pétrole coutait plus cher que maintenant et plus près de nous lors d la Révolution iranienne le prix du pétrole était de 30 $/baril plus important que les 145 $ de juillet 2008 !
En théorie donc le pétrole devait couter cher et les fondamentaux du pétrole nous commandent cela ; Pourtant depuis six mois on assiste, à une dégringolade anormale des prix du pétrole et on explique cela par le ralentissement de la croissance, notamment en Chine, l’avènement des gaz de schiste, en oubliant d dire qu’ils ne sont pas rentables au dessous de 80 dollars. L’avènement aussi des énergies douces, en oubliant de signaler qu’ils ne représentent que moins de 5% (exception faite de l’hydraulique)  du bilan global et qu’ils ne sont pas en compétition directe avec le pétrole dans la production d’essence. Enfin nous sommes en période hivernal dans l’hémisphère Nord  et « normalement »la demande devrait être importante. Il y a donc d’autres raisons qui n’ont rien à voir avec les facteurs géologiques, le climat, la croissance ce sont les facteurs politiques que nous allons tenter de décrypter
Tous les spécialistes avancent les mêmes raisons pour expliquer cette chute brutale. D’un côté une demande anémiée, de l’autre une offre pléthorique Si la production des pays-Opep stagne autour de 30 millions de barils/jour, celle des pays non-Opep (hors États-Unis) est passée de 50 millions de barils/jour en 2005, à 56 aujourd’hui . C’est dire si la décision leur appartient aussi  Mais l’élément véritablement nouveau, c’est la révolution américaine des hydrocarbures de schiste. les États-Unis retrouveront, en 2017, le niveau de production record atteint en 1970 : 10 millions de barils/jour.  Pour les pays industrialisés  d’après les calculs de Natixis, la baisse du pétrole, cumulée à la dépréciation actuelle de la monnaie unique européenne, peut faire gagner à la zone euro « 0,5 point de PIB étalés sur deux ans. On dit aussi La moitié de la baisse du cours du pétrole s’explique par la hausse du dollar
On dit aussi que l’Arabie Saoudite par Opep interposé  veut affaiblir les producteurs américains de pétrole de schiste !  Curieuse confrontation  pour deux alliés pour le meilleur et le pire depuis plus d’un demi-siècle ! Déjà au siècle dernier, lorsque le milliardaire américain Rockfeller et sa Standard Oil dominaient le marché, cette tactique consistant à faire baisser les prix pour éliminer les concurrents existait déjà et s’appelait good sweating (bonne suée).  L’Opep va  donc continuer d’inonder le globe de son pétrole dans l’espoir d’enterrer la production de pétrole de schiste américaine, dont le boom menace de plein fouet les parts de marché des membres de l’organisation, a commenté l’analyste Phil Flynn de Futures Group. C’est une déclaration de guerre sur la production, tous les barils sont sur la table et l’Opep joue son existence, a-t-il ajouté.
Je ne crois pas à cette fable pour deux raisons. D’une part l’Opep n’est pas monolithique. Quatre pays sur douze sont pour la diminution du niveau de production ; De plus, je vois mal comment les Saoudiens aient des velléités de porter préjudice aux intérêts américains. On oublie le compagnonnage  Etats Unis –Arabie Saoudite qui dure depuis la création de l’Aramco au début des années trente et plus encore le deal Ibn Saoud – Roosevelt de  février 1945
Le deal   Ibn  Saoud – Roosevelt : Sécurité pétrolière des USA  contre sécurité de la monarchie
On oublie, justement,  trop souvent de nos jours deux paramètres importants qui font que l’on ne comprendra rien à l’industrie du pétrole si nous ne les avons pas en tête. L’industrie du pétrole s’apparente à un jeu d’échec. Tout commence  au Moyen Orient comme on le sait après les explorations homériques des  l’Anglo-Iranienne Oil Compagnie  de la Turkish Pétroléeum Company   de la Standard Oil of California de Rockfeller . Ces compagnies s’entendront pour créer ce que Enrico Mattei, fondateur de la compagnie pétrolière ENI appelle « Le Sette Sorele » , « les sept sœurs » en cartel et avec une procédure d’entente tacite la Red Line. Ceci fonctionna bien jusqu’à ce que  les Américains vainqueurs de la première guerre mondiale s’intéressèrent au pétrole du Moyen Orient et demandèrent leur part du gâteau. Ce gâteau sera le plus grand, il s’agit  de l’exploitation des gisements de l’Arabie saoudite sur pratiquement toute l’étendue du Royaune. Ainsi est né l’Aramco. (Arabian,Américain Oil Company).
Le deuxième paramètre décisif fut l’entrevue du roi Ibn Saoud  et  de Roosevelt sur le Croiseur Quincy sur le lac Amer (Egypte) le 5 février 1945. Ce jour là se décida le sort du monde pétrolier . Ibn Saoud accepta d’assurer la sécurité pétrolière des Etats Unis, en échange de la protection de l’Arabie saoudite et du règlement du problème palestinien notamment en refusant que les Juifs de la diaspora s’installent en Palestine  Trois plus tard Roosevelt mourait. Son successeur Truman ouvrait les vannes, Israël fut admise aux Nations Unies… Il y a donc là un deal qui a été mis entre parenthèse et qui vient d’être réactiver. Il s’agit ni plus ni moins de casser les pays rentiers trop dépendants du pétrole et posant des problèmes à l’Empire. Je veux citer les deux  plus importants : La Russie de Poutine et l’Iran. Ainsi   la Russie accuse l’Arabie Saoudite de manipuler secrètement les prix dans le cadre d’une collusion avec les Etats-Unis, selon un porte-parole de Rosneft cité par le New York Times. Pour ce qui est de l’Iran, elle est pratiquement à genoux du fait des sanctions économiques et de plus, les négociations ont largement tourné en faveur d’un renoncement de l’Iran à son programme nucléaire. Ceci sera annoncé en juin.
Ce qui parait plus probable , c’est qu’outre la Russie et l’Iran qui vont souffrir de ces baisses de recettes, il faut ajouter   une troisième aubaine pour les Etats Unis : l’instabilité qui va prévaloir au Vénézuela voisin après la période Chavez du fait de  la chute des  recettes pour ce pays rentier. Comme victime collatérale, citons l’Algérie qui va souffrir de son addiction à la rente
A Quoi sert l’Opep ?
Depuis  la période euphorique 1960-1980,l l’Opep censé défendre les intérêts de producteurs de pétrole n’est plus qu’un faire valoir.

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