Par FRANÇOIS SERGENT
Symbole
éclatant de l’impuissance occidentale : la Ghouta, le pire massacre de la
guerre syrienne, est à cinq minutes de voiture du palace qui abrite à
Damas les inspecteurs de l’ONU censés enquêter sur les attaques chimiques.
Mais le régime n’est pas prêt de les laisser passer pour d’évidentes
raisons et le Conseil de sécurité bloqué par les amis russe et chinois du
boucher de Damas a choisi la pleutrerie. Ce qui s’est passé en Syrie depuis
deux ans oblige à une certaine prudence, d’autant plus que Damas interdit
son territoire aux témoins extérieurs. La première victime d’une guerre,
c’est la vérité. Mais tout montre que c’est bien le régime qui a lancé ces
attaques chimiques qui ont essentiellement tué des civils, des femmes,
des enfants de la plus atroce des façons. Le régime pariant sur
l’apathie des réactions internationales. Encouragé par les crimes restés sans
sanctions commis par ses nouveaux amis les généraux égyptiens.
Al-Assad paraît en
passe de gagner son pari. L’usage des armes chimiques présenté comme une ligne
rouge par Obama il y a un an n’a pas modifié la position des Etats-Unis
et on attend avec intérêt la «réaction
de force» promise par
Laurent Fabius. Al-Assad peut continuer à tuer en paix. Il peut continuer
à détruire son pays en toute impunité. Les morts de la Ghouta s’ajoutant aux
100 000 morts de la guerre menée par ses troupes et ses milices contre son
peuple. Cette indifférence du monde ne fait que renforcer le camp le plus
extrême et islamiste de l’opposition, prétexte facile à l’aboulie occidentale.
Mais personne ne pourra dire qu’il n’a pas vu les enfants morts de la Ghouta.
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