Translate

mardi 27 août 2013

Une frappe sur la Syrie se précise, le régime promet de se défendre

Une frappe sur la Syrie se précise, le régime promet de se défendre




Une frappe contre le régime syrien, accusé d'avoir utilisé des armes chimiques dans sa guerre contre les rebelles, semblait imminente mardi, Washington et ses alliés préparant le terrain pour une action militaire contre laquelle Damas a promis de se défendre.
"Le régime syrien est responsable de l'usage d'armes chimiques le 21 août près de Damas, cela ne fait pas de doute", a déclaré le porte-parole du président américain Barack Obama, Jay Carney, qui a promis la publication d'un rapport du renseignement le prouvant d'ici à la fin de la semaine.
Plus tôt, le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel a indiqué que son pays avait "positionné des éléments pour être capables de répondre à toute option choisie par le président" Obama. "Nous sommes prêts à y aller", a-t-il assuré.
Selon la presse américaine, M. Obama réfléchirait à une frappe limitée, qui ne durerait probablement pas plus de deux jours selon le Washington Post, le New York Times parlant également d'une possible opération limitée, avec des tirs de missiles de croisière depuis des bâtiments américains en Méditerranée, sans chercher à renverser le président Assad.
L'objectif n'est pas de changer le rapport de forces entre les rebelles et le régime mais de "dissuader" le président syrien de recourir de nouveau aux armes chimiques et de "dégrader" sa capacité à le faire, selon des responsables américains.
Le Premier ministre britannique David Cameron a également affirmé qu'une telle intervention viserait "à réduire les capacités d?utilisation" d'armes chimiques du régime.
Plus tôt, Londres a indiqué que l'armée britannique se préparait à l'éventualité d'une action militaire, soulignant également que la Grande-Bretagne "n'essaie pas de renverser" le régime syrien. M. Cameron a convoqué le Parlement pour un vote jeudi sur "la réponse du Royaume-Uni aux attaques à l'arme chimique" présumées.
"Des moyens de défense qui vont surprendre"
La France s'est elle déclarée "prête" à intervenir militairement enSyrie aux côtés de ses alliés pour "punir" le régime syrien accusé d'avoir "gazé" sa population, le président François Hollande disant qu'elle prendrait sa décision "dans les prochains jours".
L'opposition syrienne a aussi indiqué qu'il s'agissait d'un "question de jours", selon Ahmad Ramadan, membre du comité politique de la Coalition de l'opposition basé en Turquie.
Il a fait état de "rencontres entre la Coalition, l'Armée syrienne libre (rébellion) et les pays alliés durant lesquelles sont discutées les cibles éventuelles", dont des aéroports, des bases militaires et des dépôts d'armes.
Le régime a lui martelé que son pays se défendrait en cas de frappe.
"Nous avons deux options: soit nous rendre, soit nous défendre (...) Le seconde alternative est la meilleure", a affirmé le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem. "Nous avons des moyens de défense qui vont surprendre".
Selon lui, une intervention militaire "servira les intérêts d'Israël et en deuxième lieu du Front al-Nosra", groupe armé jihadiste combattant avec les rebelles et qui a prêté allégeance à Al-Qaïda.
Les habitants de Damas vivent dans la peur
Il a en outre "défié" ceux qui veulent frapper la Syrie "de montrer ce qu'ils ont comme preuves" concernant un éventuel usage d'armes chimiques par le régime.
Principal allié de la Syrie, Moscou a prévenu qu'une intervention militaire aurait des conséquences "catastrophiques" pour les pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, un vice-ministre russe allant jusqu'à accuser l'Occident d'agir "comme un singe avec une grenade".
Autre allié de Damas, l'Iran a averti qu'une action militaire menacerait "la sécurité et la stabilité de la région".
L'Arabie saoudite, appui de poids des rebelles, a en revanche appelé à une action "ferme et sérieuse" contre le régime, alors que la Ligue arabe a accusé Damas d'avoir mené l'attaque présumée à l'arme chimique.
Israël a pour sa part promis une riposte "violente" si Damas attaquait le territoire israélien.
Alors que de hauts responsables militaires de pays occidentaux et de la région étaient réunis à Amman pour des discussions au sujet "des scénarios" possibles sur la Syrie, un haut responsable jordanien a affirmé que son pays ne serait pas une "rampe de lancement" pour une intervention militaire.
Les habitants de Damas vivent dans la peur
Le quotidien du Vatican, l'Osservatore Romano, a lui déploré que divers acteurs se préparent à une action armée sans même attendre les résultats de l'enquête de l'ONU sur l'éventuel usage d'armes chimiques.
Des experts de l'ONU sont en effet toujours sur place pour enquêter sur ces allégations d'attaques qui, selon l'opposition, ont tué des centaines de personnes le 21 août à Moadamiyat al-Cham et dans la Ghouta orientale, deux régions contrôlées par les rebelles à l'ouest et à l'est de Damas.
Malgré des tirs sur leur convoi, ils se sont rendus lundi à Mouadamiyat al-Cham, où ils ont effectué, selon l'ONU, une collecte "productive" de preuves.
Ils devaient reprendre leur travail mardi, mais leur mission a été reportée à mercredi faute, selon M. Mouallem, de garanties de la part des rebelles concernant leur sécurité. Mais les insurgés ont démenti ces accusations.
A Damas, entre-temps, les déclarations sur une intervention militaire imminente ont semé la peur parmi la population.
"Ils vont frapper Mazzé, j'en suis sûre, c'est une cible sensible", affirme Jihane, une femme résidant près de l'aéroport militaire de Mazzé, le plus important de Syrie.
"J'ai envoyé ma femme au marché et elle a acheté en grande quantité de la viande, des tomates, du pain et des pâtes", confie Malek, un vendeur.
Face à la crainte d'une escalade, Wall Street a ouvert en net repli mardi: le Dow Jones perdait 0,43% et le Nasdaq 0,81%.
Les Bourses du Golfe étaient aussi en forte baisse, l'indice de Dubaï perdant plus de 7 et celui d'Arabie saoudite plus de 4%.
Les cours du pétrole étaient de leur côté en nette hausse à New York, une éventuelle intervention en Syrie pouvant déstabiliser l'ensemble de la région, importante zone de production d'or noir.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire