Par ERIC DECOUTY
Beaucoup ont loué leur habileté. Celle de François Hollande et
de Jean-Marc Ayrault, fins tacticiens d’une énième réforme des retraites
qui ne fera pas descendre les foules syndicales dans la rue. Et s’ils
sont nombreux à minimiser la portée réelle du texte, les chefs de l’Etat
et du gouvernement peuvent se targuer d’avoir construit un édifice sur
la base de la concertation, en respectant les équilibres et en veillant
surtout à ne pas froisser les catégories sensibles. Surtout les
fonctionnaires. Bref, en termes de communication politique, la rentrée du
couple exécutif est assez réussie.
Sauf qu’en la matière, l’habileté n’a rien d’une vertu. En
voulant à tout prix déminer le terrain social, derrière un habillage technique
complexe, le pouvoir socialiste a renié un de ses engagements. Car,
contrairement à ce qu’ont affirmé ces derniers jours Jean-Marc Ayrault et
Michel Sapin, les retraités et notamment les plus modestes vont perdre
du pouvoir d’achat. Cette année et les suivantes. En dissimulant
cette décision - qu’il ne conteste plus aujourd’hui -, le gouvernement
porte sérieusement atteinte au crédit de sa parole. D’autant plus que
l’arbitrage était financièrement justifiable devant l’opinion. Plus
que d’habileté politique c’est de pédagogie, de franchise et,
surtout, de transparence dont le gouvernement doit faire preuve.
Sur ce terrain, la réforme des retraites aura montré
les limites de la méthode Hollande.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire