L'actualité du mercredi 27/11/2013
La UNE Inégalité
«Posons
d’abord que le corps humain n’est pas à vendre et soyons pragmatiques
ensuite», comme le dit la philosophe Sylviane Agacinski, qui défend la
proposition de loi sur la pénalisation des clients de prostituées.
On pourra objecter que le droit et la morale ne font pas
nécessairement bon ménage. Libertins et libertaires ont beau jeu de défendre le
droit d’adultes consentants à faire usage de leur corps. Les désirs et la
vie privée n’appartiennent pas aux législateurs et aux professeurs de
droit.
Mais, s’agit-il réellement de l’intime lorsque l’on sait que
l’immense majorité des prostituées sont des étrangères sans papiers, victimes
de passeurs et maquereaux ? Qui peut encore fantasmer sur la liberté de la
femme de vendre sa peau comme le romantise le film d’Ozon Jeune &
jolie ? Quoi qu’en disent les défenseurs les plus éclairés des
amours tarifés, y compris mâles, cette profession est essentiellement féminine
; et cette inégalité construit et renforce l’inégalité entre les sexes. Plus
sérieuses sont les objections des associations qui défendent les prostituées et
des prostituées elles-mêmes, pour qui toute loi répressive ne fait qu’accroître
l’isolement des «travailleuses du sexe» et la dangerosité de leur activité.
L’Etat doit-il, pour autant, laisser faire et valider cette forme
d’exploitation ? On peut, bien sûr, ricaner à l’idée de réformer et éduquer
les clients comme les chauffards et les alcooliques. Cette loi
n’abolira pas la prostitution mais, au moins, elle donne le signe que la
représentation nationale condamne cet asservissement.
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