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samedi 2 novembre 2013

Pour son amie la finance, la France s’obstine à saborder la taxe Tobin européenne

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Pour son amie la finance, la France s’obstine à saborder la taxe Tobin européenne

mercredi 30 octobre 2013
Par la voix de Christian Noyer1, gouverneur de la Banque de France et représentant français au Directoire de la BCE, les autorités françaises ont renouvelé leur assaut contre le projet de taxe Tobin élaboré par la Commission européenne. Sous l’influence du lobby bancaire, le gouvernement français semble décidé à l’épreuve de force avec le commissaire Semeta, dont le projet, selon M. Noyer, « n’est pas viable et doit être entièrement revu ». S’il n’intervient pas rapidement pour ramener Bercy et la Banque de France à la raison, François Hollande confirmera que la France a décidé de saborder la taxe Tobin européenne.

M. Moscovici avait déjà jugé « excessif » ce projet en juillet dernier. Depuis, le lobby Bercy-banquiers-BCE a redoublé d’assauts contre tout ce qui pourrait ressembler à une taxe Tobin. La semaine dernière, le gouvernement pesait de tout son poids pour faire barrage à un amendement du rapporteur socialiste du budget 2014, Christian Eckert, qui souhaitait durcir un peu la taxe française (introduite en 2011 par Sarkozy) pour qu’elle s’applique aux transactions de court terme. Hier, dans une interview au Wall Street Journal, M. Noyer qualifie le projet de la Commission d’erreur « qui déclencherait la destruction de pans entiers de l'industrie financière française, provoquerait une délocalisation massive d'emplois et porterait atteinte globalement à la reprise ».
Particulièrement singulier est le motif avancé par les banquiers et repris par le gouvernement français pour dénoncer la taxe Tobin : elle « amputerait la liquidité des marchés financiers », a osé affirmer le ministre du budget Bernard Cazeneuve. Quel scoop ! C’est précisément le but de la taxe : réduire la liquidité excessive des marchés, qui contribue de façon décisive à leur instabilité chronique. Depuis quinze ans, Attac répète que le principal mérite de la taxe Tobin sera qu’elle rendra trop coûteuses ces transactions répétées un nombre gigantesque de fois dans la même journée dans un but purement spéculatif. Et voici que cet effet d’utilité publique devient le principal argument contre la taxe…
De fait, l’ambition désormais clairement affichée de la France est de réduire la taxe européenne sur les transactions financières à une simple taxe sur les achats nets d’actions – ce qu’est déjà la taxe Sarkozy en France. Seraient ainsi exonérées les transactions spéculatives : le trading à haute fréquence et les produits dérivés, qui représentent l’essentiel du volume actuel des transactions. Au lieu de rapporter 35 milliards d’euros, cette taxe au rabais prélèverait à peine quelques milliards sur l’industrie financière, sans aucun effet dissuasif. Pour l’instant, la Commission européenne, par la voix du commissaire européen à la fiscalité, Algirdas Semeta, défend la pertinence de son projet. Les autorités allemandes, paralysées par l’approche des élections de septembre dernier puis par la formation prochaine d’une coalition, ont manifestement été prises de court par le tournant français relayant l’offensive du lobby bancaire déclenchée notamment par Goldman Sachs2 au printemps dernier.
Mais la société civile, qui porte depuis quinze ans la revendication de la taxe Tobin, n’a pas dit son dernier mot. Ainsi, mercredi 30 octobre aura lieu une grande manifestation de la coalition pro-TTF à Washington, animée notamment par le syndicat états-unien des personnels de santé3. En France aussi, Attac et ses partenaires exigent de François Hollande qu’il tienne l’une de ses principales promesses de campagne : une véritable taxation des transactions financières qui contribue enfin à dégonfler la spéculation.

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