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lundi 4 novembre 2013
Écotaxe: Hollande désarmé face au bourbier breton
Écotaxe: Hollande désarmé face au bourbier breton
Le HuffPost | Par Geoffroy ClavelPublication: 04/11/2013 12h37 CET | Mis à jour: 04/11/2013 12h41 CET Un manifestant contre l'écotaxe brandit une affiche anti-Hollande | AFP
ECOTAXE - A force de reculer, François Hollande peut-il encore négocier? La suspension de l'écotaxe et la promesse d'une consultation sur un futur plan Bretagne n'ont visiblement pas mis fin au mouvement de révolte des bonnets rouges qui embrase le Grand Ouest. En quelques semaines, un nouveau portique écotaxe, le cinquième en quelques semaines, a été pris d'assaut par des contestataires. Et ceux-ci menacent de retourner dans la rue après les échauffourées de Quimper de ce week-end.
Indécision politique, message social brouillé, absence de marge de manœuvre budgétaires... Que peut faire François Hollande de plus quand il a déjà cédé sur l'essentiel? La crise bretonne, devenue un catalyseur du mécontentement fiscal, social, syndical et politique, constitue à ce titre un nouveau casse-tête pour le gouvernement socialiste dont elle révèle cruellement les faiblesses.
La suspension de la mesure n'ayant pas suffi, il appartient à François Hollande et à ses ministres de trouver, coûte que coûte, une issue au conflit, d'autant plus imprévisible qu'il agrège des acteurs divers et donc plus difficiles à contenter.
"C'est un mouvement populaire avec des petits patrons, avec des salariés de l'agro-alimentaire, avec des pêcheurs. Ce sont ceux-là qui disent: 'maintenant, stop'", tançait ce matin sur BFMTV la présidente du FN Marine Le Pen, qui soutient les mesures exigées à court terme par les protagonistes de la révolte bretonne: suppression définitive de l'écotaxe et ouverture par la France de négociations avec ses partenaires européens pour mettre "fin au dumping social" .
La réunion qui se tiendra ce mercredi en préfecture devrait confirmer la complexité du dossier breton et la fragilité du gouvernement, qui accumule les renoncements à l'aube d'une année électorale périlleuse. Problème: supprimer purement et simplement l'écotaxe reviendrait à se priver d'une manne financière et environnementale de 800 millions à 1,5 milliard d'euros qu'il faudra donc compenser.
Le geste représenterait en outre un coût politique non négligeable pour François Hollande dont la parole n'a cessé de s'affaiblir ces derniers mois. Il y a moins d'une semaine, le président de la République estimait encore que cette mesure était "un bon principe". Ce week-end, son ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, se refusait d'ailleurs à parler de suppression, et voulait prendre le "temps nécessaire de la discussion pour savoir dans quelles conditions on pourrait remettre en route l'ecotaxe."
Quant à une éventuelle solution européenne, elle s'annonce d'autant plus hypothétique que l'UE s'apprête à réduire de 4% les paiements directs qui seront versés aux agriculteurs en 2014 pour cause de rigueur budgétaire. Et la France, déjà grande bénéficiaire des aides de la PAC (Politique agricole commune), aura bien du mal à imposer des mesures contraignantes aux agriculteurs allemands.
Du bourbier fiscal au bourbier politique
Même si François Hollande cédait sur la suppression pure et simple, rien ne permet d'affirmer que le bourbier breton ne virera pas au bourbier politique. La perspective d'une sortie de conflit par le haut semble d'autant plus hypothétique que celui-ci fait désormais l'objet de toutes les récupérations. Syndicalistes, patronat, régionalistes, identitaires, anarchistes, souverainistes... Tous ces mouvements qui ont défilé ce week-end en Bretagne poussent en faveur de solutions radicales mais contradictoires, interdisant de fait toute solution de consensus.
Un Français sur trois se dit ainsi satisfait de la suspension de la mesure, 1 sur 3 s'indigne que le gouvernement cède à la pression de la rue et le dernier tiers étant mécontent que l'écotaxe ne soit pas purement et simplement supprimée. Autrement dit, quoi que fasse l'exécutif, il s'attirera les critiques d'une majorité de Français. Des divisions qui gagnent les rangs de la majorité, les écologistes étant eux mêmes très partagés sur le maintien de l'écotaxe, Noël Mamère y voyant une "nouvelle preuve" du renoncement écologique de François Hollande.
"C'est l'arbre qui cache la forêt", résumait dimanche l'ancien ministre de l'Agriculture UMP Bruno Le Maire. "La forêt, c'est la faillite d'un système, d'un gouvernement qui ne cesse de reculer décision après décision et qui n'est plus capable d'assumer ses décisions, la faillite d'un président de la République qui n'a aucune de vision pour le pays et vit dans un ancien monde", estime le député de l'Eure, qui se garde bien de rappeler que l'écotaxe fut votée sous et avec l'aval de Nicolas Sarkozy.
Qu'importe puisqu'il appartient à François Hollande de trancher. Au risque de perdre sur tous les plans.
Un manifestant contre l'écotaxe brandit une affiche anti-Hollande | AFP
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