L'actualité du samedi 02/11/2013 La UNE Mystère
Ces toiles, elles sont partout. Reproduites à l’infini sur des
cartes postales, des vêtements, des magnets de frigo. Le marketing des
musées pousse l’ingéniosité jusqu’à créer des bijoux pour pouvoir porter le
troublant ruban noir au cou de l’Olympia de Manet : 45 euros le frisson…
Pas une exposition sur les impressionnistes ou les peintres de l’époque qui ne
fasse des centaines de milliers d’entrées, des millions quand elles circulent à
travers le monde. Les «refusés» du XIXe siècle
sont les maîtres des XXe et XXIe. Par quel mystère, selon quelle logique
? C’est tout l’enjeu des cours que Pierre Bourdieu a consacrés à Manet au
Collège de France, du livre qu’il avait commencé d’écrire et qui restera
inachevé : expliquer, car c’est rare, voire unique, comment une révolution
symbolique, esthétique, artistique réussit. Comment elle fait table rase d’un
pan entier, multiséculaire, d’histoire de l’art et des formes pour formuler une
grammaire inédite, faire naître un «œil» nouveau qui reste encore le nôtre. Et
s’exerce aussi bien au musée que dans la cité. Fascinant travail du sociologue
pour retracer le cheminement de ce révolutionnaire étrange, Manet partagé entre
ce qu’il est et ce qu’il fait, dont l’œuvre fut reçue par les quolibets, les
caricatures, le charivari, la joie mauvaise de ceux qui ne comprirent rien,
c’est-à-dire eurent peur. Ce «rire
populiste», dit
Bourdieu, dont on entend encore résonner aujourd’hui, sur d’autres sujets,
notamment politiques, les éclats toxiques.
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samedi 2 novembre 2013
à lire sur Libération , samedi 2 novembre 2013
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