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vendredi 10 août 2018

L'UE cherche à renforcer son dispositif d'aide lors des catastrophes


10 août 2018

L'UE cherche à renforcer son dispositif d'aide lors des catastrophes

Le mécanisme européen de solidarité entre Etats membres a été activé dix-huit fois en 2017, une année chargée en feux et inondations

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Grèce, Suède, Portugal, Espagne… Depuis le début de l'été, des feux dévastateurs et meurtriers font rage du sud-est au nord de l'Europe. En  2017, déjà, plus de 1 million d'hectares de forêts – dont la moitié au Portugal – étaient partis en fumée, et plus de 200  personnes avaient péri dans les catastrophes naturelles ayant affecté l'Union européenne.
Lorsqu'un pays est sous-équipé ou bien trop sévèrement touché par un sinistre, il arrive qu'il soit contraint d'en appeler à la solidarité d'autres Etats européens pour maîtriser flammes, inondations, conséquences de tempêtes, séismes ou épidémies. Basé à Bruxelles, le Centre de coordination de la réaction d'urgence de la Commission européenne entre alors en action.
Opérationnelle vingt-quatre heures sur vingt-quatre etthéoriquement capable de gérer simultanément plusieurs situations d'urgence, sa plate-forme organise – par le biais du " Mécanisme de protection civile de l'UE " – une réponse aux besoins occasionnés par tout type de catastrophes naturelles. En fonction des moyens disponibles dans les pays volontaires, ce système permet d'apporter une aide dont il cofinance l'acheminement à hauteur de 85  %.
Depuis sa création en  2001, ce  mécanisme – auquel participent selon leurs possibilités les 28  Etats membres ainsi que la Macédoine, l'Islande, le Monténégro, la Norvège, la Serbie et la Turquie – a reçu près de 300 demandes d'aides, émanant le plus souvent de pays européens. Mais le dispositif est aussi appelé à la rescousse dans d'autres régions du monde. Il a notamment fait ses preuves en  2014 lors de graves inondations en Serbie et en -Bosnie-Herzégovine, de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest et du conflit en Ukraine, mais aussi lors du séisme au Népal au printemps 2015, puis l'année suivante en Irak et lors du passage de l'ouragan Matthew, à Haïti.
" Un filet de sécurité "Face aux incendies de forêt, le mécanisme européen a été activé à deux reprises en  2014, mais huit fois en  2016, tandis que 2017 a été une année record avec dix-huit activations du dispositif pour diverses catastrophes naturelles. Saturé, celui-ci n'a pu apporter qu'à dix reprises une aide que se sont partagée le Portugal, l'Italie, le Monténégro, la France et l'Albanie.
" Pour 2018, nous avons pu couvrir tous les besoins, assure Carlos Martin Ruiz de Gordejuela, porte-parole de la Commission pour l'aide humanitaire et la protection civile. Mais il arrive que tous les moyens d'une même zonesoient indisponibles au même -moment. " Cela a été le cas en -octobre  2017, par exemple, alors que le Portugal appelait à l'aide pour une deuxième salve d'incendies meurtriers.
Cet été, le mécanisme a été enclenché pour lutter contre des feux sans précédent en Suède où plus de 360 professionnels spécialisés dans la lutte contre les -incendies, sept avions, six hélicoptères et soixante-sept véhicules ont été dépêchés ces trois -dernières semaines.
La Grèce, qui a requis assistance le 23  juillet, a immédiatement pu compter sur six avions et soixante-dix professionnels de plusieurs pays de l'UE. Traumatisé par le décès de 114  personnes dans des incendies en  2017, le Portugal s'épuise dans la lutte contre un feu qui frappe l'Algarve et a demandé l'aide bilatérale de l'Espagne qui lui a envoyé deux Canadair.
La multiplication des incendies, qui ne sont désormais plus circonscrits au sud de l'Europe, a conduit la Commission européenne à élaborer le projet du système dit " RescEU ". Il repose sur la création d'une réserve de ressources propres à l'Union européenne : avions bombardiers d'eau, pompes à grande capacité, équipes médicales d'urgence. " Il s'agit d'une capacité d'intervention européenne supplémentaire qui ne se substituerait pas aux services de protection civile nationaux ", précise Carlos Martin Ruiz de Gordejuela.
Christos Stylianide, commissaire européen chargé de l'aide humanitaire et de la gestion des crises, la présente comme " un filet de sécurité dans les cas où les moyens d'un Etat ne seraient pas suffisants ", dont la priorité sera d'" assurer une solidarité européenne auprès des pays membres ", mais utilisable " partout dans le monde ". Fin mai, le projet a été adopté par les députés européens. Le conseil des ministres des Etats membres devrait se prononcer sur son avenir à l'automne.
Patricia Jolly
© Le Monde

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