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dimanche 26 août 2018

Les partis politiques à la recherche d'idées nouvelles


24 août 2018

Les partis politiques à la recherche d'idées nouvelles

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 Alors que se tiennent les universités d'été et que se profilent les élections européennes, les formations tentent de renouveler un discours vieillissant
 Bousculés par l'irruption de Macron, les responsables politiques recherchent l'inspiration chez certains intellectuels ou dans les pays voisins
 Le fossé qui sépare les élites mondialisées et les classes populaires sédentaires est ainsi devenu un thème récurrent chez Les Républicains
 Le Rassemblement national (ex-FN) s'estime porté par le " mouvement tellurique " qui traverse l'Europe. Le PS consulte de jeunes experts
 LRM réfléchit également à une ligne politique qui permette de définir plus clairement le " progressisme " de Macron
Pages 6-7
© Le Monde






24 août 2018

Convalescents, les partis en quête de nouvelles idées

Démonétisés et affaiblis, les partis politiques, qui lancent cette semaine leur université d'été, tentent d'associer de nouveaux intellectuels afin d'irriguer et de fortifier leur logiciel ou leur doctrine

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Il y a eu le démographe Emmanuel Todd dans les années 1990. Puis le géographe Christophe Guilluy pour la décennie 2010. Depuis quelques mois, certains responsables politiques s'entichent d'un nouvel intellectuel, qui ausculte, lui aussi, les fractures des sociétés occidentales : David Goodhart, auteur de The road to somewhere (Penguin Books Ltd, 2017, non traduit). Comme l'a relevé L'Opinion, cet essayiste britannique, qui analyse le phé-nomène populiste à travers le fossé séparant élites mondialisées et classes populaires sédentaires, plaît beaucoup au sein de la droite.
Xavier Bertrand, Guillaume Peltier ou -encore Laurent Wauquiez le citent en exemple – le président du parti Les Républicains a même invité M. Goodhart à une convention de LR sur l'immigration, en avril. Cet ancien journaliste du Financial Times séduit aussi dans les sphères macronistes : Bernard Spitz, président des Gracques – un think tank proche du président de la République –, loue ses " leçons ". En cette rentrée de l'an II du " nouveau monde ", brandir en étendard un -intellectuel sert à montrer que l'on travaille au renouvellement de son logiciel. Ou plus simplement à le définir.
Dans le paysage éclaté des universités d'été à droite, la réunion de Valérie Pécresse à Brive-la-Gaillarde (Corrèze), vendredi 24  août, se veut d'ailleurs " placée sous le signe des idées ", revendique son entourage. La présidente de la région Ile-de-France, qui a publié deux livrets thématiques ces derniers mois – sur l'Europe et sur les déserts médicaux –, a invité l'économiste Marc Ivaldi à discourir sur le thème du pouvoir d'achat ; elle revendique, aussi, de s'inspirer du prix Nobel d'économie Jean -Tirole pour réfléchir à l'avenir de l'assurance-chômage. Une manière pour Mme Pécresse de préempter la case " droite moderne " face à son rival Laurent Wauquiez, accusé de -manquer de créativité. Certes, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes – qui réunit ses soutiens au mont Mézenc (Haute-Loire), le 26  août –, se réfère à des sources d'inspiration renommées : Luc Ferry, Alain Finkielkraut, François-Xavier Bellamy, voire Michel Houellebecq. Mais il n'a organisé qu'une seule convention thématique depuis son accession à la tête du parti, en décembre  2017, consacrée à l'immigration. Résultat : certains, comme le sénateur de Vendée, Bruno Retailleau, s'engouffrent dans la brèche. Celui qui dénonce régulièrement l'" apathie intellectuelle " de son camp a tenu ces derniers mois ses propres conventions (sur l'islam et l'Europe) avec son microparti Force républicaine. Il en prévoit une troisième, le 8  septembre, sur le thème " droite et liberté ".
" Définir notre progressisme "De son côté, le mouvement La République en marche (LRM) a décidé de ne pas organiser d'événement de rentrée. Il n'en cogite pas moins, lui aussi, sur sa ligne politique. Car pour de nombreux élus de la majorité, le programme d'Emmanuel Macron ne peut tenir lieu d'idéologie, en tout cas à long terme. " Aujourd'hui, le macronisme est souvent résumé à une méthode, une forme de pragmatisme. Mais on ne perdurera pas dans le temps si on s'en tient à ça, met en garde le député de Paris Pierre Person, membre du bureau exécutif de LRM. Il nous faut une grille de lecture, définir notre progressisme, montrer que nous ne sommes pas juste là pour faire les réformes structurelles que les autres n'ont pas faites. "
" Il faut qu'on détermine une ligne politique ", aurait enjoint, au début de l'été, M.  Macron à sa garde rapprochée. Le délégué général du mouvement, Christophe Castaner, a donc ouvert le chantier. Des intellectuels sont mis à contribution, via le pôle idées de LRM, animé par Léo Rœsch, un des jeunes surdiplômés (normalien, ex-Trésor) ayant rejoint le chef de l'Etat lors de la campagne présidentielle. En plus de consultations auprès des adhérents et sympathisants, un " événement dédié au progressisme " (colloque ou grande manifestation) pourrait conclure cette réflexion, en octobre.
Figures de l'ombreDifficile, néanmoins, d'arrimer les intellectuels aux partis dans une période où nombre d'hommes et de femmes politiques sont démonétisés par l'exercice du pouvoir. " Après les Bernard-Henri Lévy, Alain Finkielkraut ou Michel Onfray, dont une partie s'est égarée dans diverses formes de néoconservatisme, un discrédit, voire une défiance, ont été jetés sur l'engagement chez les chercheurs ou les intellectuels ", reconnaît la responsable des études du Parti socialiste, Isabelle This Saint-Jean. " La gauche a perdu ses intellectuels. Ils existent, ils disent qu'il faut qu'on se retrouve, mais nous devons tout réinventer ", ajoute le député des Landes et porte-parole du PS, Boris Vallaud, qui -consulte beaucoup de jeunes chercheurs.
Parmi ceux qui l'inspirent figure François Héran, professeur au collège de France et spécialiste des migrations. Ou encore l'historien et président de l'EHESS, Christophe -Prochasson, ancien conseiller de François Hollande, qui lui présente régulièrement de jeunes experts. Pour la plupart, ces figures souhaitent rester dans l'ombre. " Cette nouvelle génération d'intellectuels, pas connue mais très nombreuse, ne veut pas être encartée ni militante. Ils ne veulent pas être tenus à une discipline de parti ni prendre leur part de l'impopularité ", observe l'ancien député européen Henri Weber, l'un des rares intellectuels organiques du PS.
D'autres n'ont pas ces pudeurs. A La France insoumise, par exemple, dont l'université d'été se tient à Marseille du 23 au 26  août, les intellectuels jouent un rôle de premier plan. Manuel Bompard, chef d'orchestre de LFI, cite trois interlocuteurs : le spécialiste de l'Amérique latine Christophe Ventura, le philosophe spécialiste de la laïcité Henri Pena-Ruiz et Chantal Mouffe, philosophe post-marxiste, inspiratrice avec Ernesto Laclau de la pensée populiste de gauche. Dans son dernier livre, à paraître le 13  septembre (Pour un populisme de gauche, Albin Michel, 144 p., 14 euros), Chantal Mouffe remercie entre autres Jean-Luc Mélenchon pour les conversations qu'elle a eues avec lui et qui ont nourri sa réflexion.
Pas d'université d'été pour le RNLes  insoumis  jurent ne pas vouloir " embrigader " les intellectuels, mais les associer. " On va mettre en place, chaque mois, le forum politique qui sera un moment d'échanges réguliers avec des politiques, des syndicalistes ou des intellectuels, explique M. Bompard. Il faut une redéfinition théorique de notre espace politique. " Parmi les " penseurs " avec qui il souhaite discuter : Emmanuel Todd (encore lui), mais aussi Jacques Sapir, économiste souverainiste, prorusse, dont les thèses ont séduit le Front national.
Le parti d'extrême droite, devenu Rassemblement national (RN), ne souhaite pas non plus " embrigader " pour mieux renouveler. Ses cadres préfèrent plutôt observer le " mouvement tellurique " qui secouerait l'Europe : celui de la question identitaire, " en train de tout pulvériser ", selon Philippe -Olivier, conseiller spécial de Marine Le Pen. La bataille culturelle tournerait à l'avantage des lepénistes, sans même avoir à lever le petit doigt. Faute de moyens, le RN ne pourra de toute façon pas compter sur la tenue d'une université d'été pour alimenter le débat idéologique.
" Regardez BHL, on ne l'entend plus. Alors que certains philosophes concourent au développement de nos idées " malgré leur défiance à l'égard du RN, veut croire M. Olivier, qui cite Pascal Bruckner, Alain Finkielkraut, ou encore Michel Onfray. Mais c'est à Hervé Juvin que revient la palme de " l'intello " tendance du moment au RN, son nom circulant même pour prendre la tête de liste aux prochaines européennes. Son dernier ouvrage France, le moment politique (Rocher, 288 p., 16,90 euros) figurait d'ailleurs dans les lectures d'été de Philippe Vardon, ancien leader du bloc identitaire et désormais membre du bureau national du RN. Tout comme -Stephen Smith et sa Ruée vers l'Europe (Grasset, 272 p., 19,50 euros), dont Philippe Vardon partage " le constat sur la poussée africaine vers l'Europe, mais pas son inéluctabilité. " Renouveler ne suppose pas toujours de revoir les fondamentaux.
Olivier Faye, Abel Mestre, Cédric Pietralunga, Lucie Soullier et, Astrid de Villaines
© Le Monde


24 août 2018

La rentrée politique du RN assombrie par ses affaires

La justice a saisi 2 millions d'euros d'aide publique sur les comptes du parti d'extrême droite dans l'enquête sur l'utilisation des fonds européens

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Le message de rappel est épinglé sur le compte Twitter du Rassemblement national (RN), à l'approche de sa rentrée : Résistez. Donnez. "Les vacances estivales de la formation d'extrême droite se sont écoulées au rythme de la dernière infortune du parti de Marine Le Pen. Début juillet, les juges français chargés d'une enquête sur l'utilisation de l'argent de Bruxelles par l'ex-Front national ont saisi à titre conservatoire 2 millions d'euros d'aide publique dus au parti. " Assassinat politique ", ont martelé tout l'été ses lieutenants, en écho à leur présidente, appelant à lutter contre ce qu'ils considèrent être la dérive dictatoriale de juges politisés ".
L'appel aux dons lancé dans la foulée de la saisie a permis de réunir plus de 600 000  euros, selon le conseiller de Marine Le Pen, Philippe Olivier, confirmant une information du Parisien. Lui n'est pas inquiet : Les choses qu'on a à dire, comme le délire de tout ouvrir aux migrants, on se débrouillera pour les dire. "C'est chose faite.
Reste que la somme récoltée est loin d'être suffisante " pour permettre au RN de fonctionner à plein régime, préfère rappeler le délégué national aux ressources du parti, Jean-Lin Lacapelle, pour qui la situation financière est " toujours aussi grave. Nous avons juste obtenu un sursis grâce aux dons ".Si les salaires et le loyer du Carré de Nanterre sont assurés pour quelques semaines encore, le RN serait toujours au bord du dépôt de bilan, s'alarment plusieurs responsables. Les mouvements du parti sont donc freinés jusqu'au 26  septembre, date de la décision de la cour d'appel de Paris, qui examine actuellement le recours formé par le RN sur lasaisiede ses 2 millions d'euros de financement public.
Menu allégéEn attendant, le menu de rentrée a été allégé. L'université d'été prévue a été déclassée en journée de " formation technique " réservée aux élus, samedi 15  septembre à Fréjus (Var), et se poursuivra le lendemain par un meeting et le discours de rentrée de Marine Le Pen. " Le parti n'a pas toujours organisé une université d'été, même avec de l'argent dans les caisses ", relativise un cadre, ajoutant que pointer son absence, cette année, permet de dramatiser ce qui reste selon lui " une réalité " : " Nous sommes clairement entravés dans notre action politique. " Salariés, tracts, affiches, déplacements… Les dépenses sont réduites et comptées, et les fédérations locales aux finances déjà affectées par la baisse des adhésions d'autant plus mises à contribution.
" Cela ne nous empêchera pas de faire une véritable rentrée -politique ", promet le député européen Nicolas Bay. Son entourage l'assure, Marine Le Pen sera " présente " et " offensive " en cette rentrée, après s'être -refait une santé d'opposante lors de l'affaire Benalla en juillet. " Cette -affaire a porté un coup à l'image de Macron, analyse -Nicolas Bay. Et tout le monde a pu constater que Marine Le Pen est montée en première ligne et a réussi à se faire entendre. "
Pour sa première sortie officielle, la patronne du RN se rendra à la foire agricole de Châlons-en-Champagne (Marne), le vendredi 7  septembre. Un moyen d'envoyer le signal à la " France des oubliés " qu'elle adressait -traditionnellement jusqu'à présent depuis le village de Brachay, à moins de 100 kilomètres de là, en Haute-Marne. Ce rendez-vous de rentrée est rendu impossible cette année par le ralliement du maire à son ancien bras droit, Florian Philippot. Suivra l'inévitable braderie d'Hénin-Beaumont pour la députée du Pas-de-Calais, puis son discours de -Fréjus, à la dimension forcément européenne à moins d'un an du scrutin, le 26 mai 2019.
" L'avantage, c'est que les sujets du moment se jouent au niveau européen ", observe l'un de ses proches. Entendre le sujet migratoire, après une nouvelle polémique sur l'accueil du navire -Aquarius dans les ports européens, au cours de l'été.
" On a peut-être moins de fonds financiers, mais toujours autant d'idées ", assure le délégué national du RN Laurent Jacobelli. L'ancien Front national n'a en tout cas rien perdu de ses réflexes fondamentaux. Et ses fêtes du drapeau, " nouveauté " de la rentrée 2018, ne sont pas sans rappeler les fêtes bleu-blanc-rouge de l'ère Jean-Marie Le Pen. Une première se tiendra fin septembre, à Mantes-la-Ville, dans les Yvelines, avant une deuxième en octobre, dans un village de Corrèze dont le maire n'est pas étiqueté RN. Un témoignage, selon Laurent Jacobelli, du " rassemblement " prôné par le nouveau nom du parti de la benjamine Le Pen. Et de la permanence des vieilles recettes frontistes.
Lucie Soullier
© Le Monde


24 août 2018

Les communistes sous tension avant leur congrès

Le PCF organise son université d'été à Angers, du 24 au 26  août, sur fond de divergences politiques et stratégiques internes

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Le sujet est déjà dans toutes les têtes des militants -communistes : le" congrès extraordinaire " du PCF qui aura lieu en novembre à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) occupera les -conversations à Angers lors de l'université de rentrée, du 24 au 26  août. Et fera l'objet d'un débat dimanche. " Il faut que le parti soit capable de faire vivre la discussion entre communistes ", reconnaît Elsa Faucillon, députée des Hauts-de-Seine, et signataire d'un texte " alternatif " à celui de la direction.
A trois mois du congrès, le PCF apparaît divisé. Pierre Laurent ? secrétaire national depuis 2010, qui brigue un nouveau mandat – et la direction ont proposé un texte, appelé dans le jargon de la place du Colonel-Fabien " base commune ". Il a été adopté par le Conseil national (le Parlement du parti) au début de l'été par 49 voix sur les 91 présents (sur 168 sièges que compte cette instance). Une adoption a minima, donc, qui a ouvert la voie à trois propositions alternatives qui représentent des courants de pensées et des choix stratégiques parfois extrêmement éloignés les uns des autres.
Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, se veut malgré tout -confiant : " Je ne crois pas qu'il y ait un climat de chikayas ni de division de la famille communiste. Il y a une exigence de débat sur le fond, sans a priori, sans tabou, mais dans un -climat de fraternité et de respect. "
Tous les textes défendent une réaffirmation du PCF à gauche, -inventer un - " communisme du XXIe  siècle ". " Il y a une demande très forte pour que le parti soit réidentifié dans le paysage politique français ", -continue M. Dartigolles. Voilà pour le dénominateur commun. Reste que la direction communiste a face à elle une multitude de critiques sur son bilan, ses méthodes et son texte " indigent "," insuffisant ". Sa chance : l'hétérogénéité des oppositions. En effet, il y a peu de points communs entre les trois textes " alternatifs ".
Perte de visibilitéIl y a d'abord celui intitulé " Pour un printemps du communisme ". Il veut " rassembler les forces antilibérales " pour bâtir un " front commun ", notamment avec La France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon. " On veut que le Parti -continue d'exister, mais on a conscience de l'impasse stratégique actuelle avec les alliances à géométrie variable ",explique -Stéphane Peu, député de Seine-Saint-Denis. Elsa Faucillon, signataire du même texte, abonde : " Faire comme si LFI n'existait pas est un leurre. La direction actuelle doit faire preuve de lucidité. Ni statu quo ni retour en arrière. "
Dans " Pour un manifeste du Parti communiste du XXIe  siècle ", les signataires ? dont André -Chassaigne, président du groupe à l'Assemblée ? dressent un bilan globalement négatif des huit années de Pierre Laurent à la tête du PCF, notamment de la perte de -visibilité électorale. Très critique envers LFI, ce texte est un rassemblement de profils très différents, ce que ne manquent pas de souligner ses adversaires qui le définissent comme " l'alliance de la carpe et du lapin ". M.  Chassaigne y côtoie en effet des militants " durs " proches de l'ancien maire de Vénissieux André Gerin et le " pôle économie " de Frédéric Boccara. David Noël, élu d'opposition à -Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), est conscient de cet écueil. " J'ai toujours été ce que l'on appelle un “orthodoxe”, pour le renforcement du parti. Avec les signataires, on n'est pas d'accord sur tout, par exemple sur le souverainisme, l'immigration, les alliances. Mais on veut que le PCF s'affirme, qu'il ne soit pas seulement une composante de la gauche de la gauche. "
Enfin, le troisième texte, qualifié par beaucoup d'" orthodoxe ", est porté par les militants de Vive le Parti communiste autour d'Emmanuel Dang Tran. Il se veut " à la fois une motion de censure et un appel à reconstruire le parti " comme " un parti de classe ", fustige " vingt-cinq ans de mutation-liquidation " et de " reniements ", et promet de " faire vivre le PCF avec, sans ou contre sa direction ". La rentrée des communistes -promet donc d'être chaude.
Abel Mestre
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François Rebsamen : " Le PS peut disparaître "

L'ancien ministre socialiste critique la " dérive " du quinquennat d'Emmanuel Macron

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Après cinq mois de retrait de la vie politique pour soigner un cancer, l'ancien ministre socialiste François Rebsamen signe son retour en -reprenant ses fonctions à la -mairie de Dijon et à la métropole et comme président de la Fédé-ration nationale des élus socialistes et républicains, qui organise son université d'été à La  Rochelle du 23 au 25  août.


Qu'attendez-vous du -rendez-vous de La  Rochelle ?

C'est un moment important. Quatre cents élus des munici-palités, des départements et des régions seront présents. Ils ne viennent pas en pèlerinage mais en formation pour partager leurs expériences locales. Il a fallu -renouer avec La  Rochelle puisque malheureusement le Parti socialiste n'y va plus.


Regrettez-vous que le PS n'ait pas organisé d'université d'été cette année ?

Oui, comme beaucoup de militants. C'est comme cela qu'un parti politique se délite : quand on ne fait plus rien. J'ai été absent pendant cinq mois, mais si j'avais été là, j'aurais demandé un rassemblement. Je souhaite que l'on renoue avec cette tradition à La  Rochelle.


Etes-vous convaincu par les premiers mois d'Olivier Faure à la tête du PS ?

Olivier Faure a récupéré un parti en mauvais état. Je pense qu'il faut être plus présent et plus -offensif. Il ne faut pas avoir peur de François Hollande, ni de notre histoire. Si on continue d'avoir peur de notre nom - le groupe à l'Assemblée s'est rebaptisé Nouvelle Gauche - ou de notre histoire, le PS peut disparaître.


François Hollande a finalement décidé de ne pas venir à La  Rochelle. Croyez-vous à un retour de l'ancien chef de l'Etat ?

Je n'ai jamais invité François Hollande. Il a envisagé de venir et je lui ai dit qu'il pouvait s'il le souhaitait. J'ai beaucoup discuté avec lui cet été, sa passion pour la politique est intacte. Il s'exprime et sa parole nous est utile.


Comment jugez-vous la -première année du quinquennat d'Emmanuel Macron ?

Je suis surpris par la dérive que prend le quinquennat actuel : un libéralisme très peu teinté d'avancées sociales. En  2017, -Emmanuel Macron a profité des mesures du précédent quinquennat. Ce n'est pas très classe de sa part de ne pas le reconnaître alors qu'il y a participé. Ses réformes ont été prises dans une impréparation totale. Il n'y a pas de ligne directrice à part favoriser les plus aisés qui l'ont aidé à gagner. Avec des résultats qui ne suivent pas : la croissance est la plus basse de la zone euro et le chômage ne baisse pas vraiment. En comparaison, nous pouvons montrer notre -bilan social entre 2012 et 2017.


Quel regard portez-vous sur l'affaire Benalla ?

Dans les campagnes électorales, apparaissent toujours des individus que vous n'aviez pas vu venir, qui se rendent indispensables et qui passent à côté du recrutement traditionnel. Benalla a eu un -comportement de barbouzard. Cette affaire en dit long sur la -conception jupitérienne qu'Emmanuel Macron a de l'exercice du pouvoir. La démocratie fonctionne bien quand les corps intermédiaires sont respectés, or M. Macron n'a de cesse de les abaisser depuis son arrivée.


Souhaitez-vous un inventaire du précédent quinquennat ?

Il ne faut pas raser les murs : il faut reconnaître les erreurs, mais aussi défendre et porter les réformes et les avancées économiques, sociales et écologiques. Je suis très surpris que certains socialistes aillent à l'université d'été de Jean-Luc Mélenchon - les députés Boris Vallaud et Dominique -Potier et l'eurodéputé Emmanuel Maurel - . Au moment où on réunit les élus socialistes, aller là-bas, c'est de la confusion idéologique.


Le PS cherche sa tête de liste pour les élections européennes. Que préconisez-vous ?

Il faut faire exactement le -contraire de ce qui a été fait jusqu'à présent. Quelle est cette idée d'aller chercher un camarade belge - le socialiste wallon Paul Magnette - sans en informer personne ? Il a d'ailleurs refusé. Je voudrais déjà qu'on parle du fond. Il faut commencer par le projet puis choisir quelqu'un. La méthode est à l'envers.


Emmanuel Maurel, qui anime l'aile gauche du parti, pourrait rejoindre Jean-Luc Mélenchon. Comment vivez-vous cette -possibilité ?

J'ai du respect pour Emmanuel Maurel, mais il se fourvoie s'il pense qu'il peut aller chez Jean-Luc Mélenchon. Il y aura une vraie rupture. Je souhaite qu'il reste au PS, qu'il trouve sa place, comme Henri Emmanuelli ou Jean-Pierre Chevènement l'avaient trouvée en leur temps. Il y a toujours eu une frange plus critique, cela aide le PS.


Etes-vous favorable à des alliances en vue des municipales ?

Des alliances a priori ne sont pas souhaitables : on est déjà dans une période de confusion après l'élection d'Emmanuel Macron et les ralliements à En marche ! Le rôle d'une municipalité sortante est de proposer un projet et, à partir de celui-ci, on voit si on peut s'allier.


Allez-vous vous représenter à Dijon ?

Je ne sais pas encore. Pendant mon absence, j'ai suivi les dossiers, ma première adjointe, Nathalie Kœnders, a très bien travaillé. Elle représente le PS dijonnais de l'avenir. Je ne serai pas absent de la prochaine élection, mais je ne veux pas faire un mandat de trop et je veux permettre la continuité dans le changement. Je n'écarte pas l'idée d'y aller, mais je sais que quelqu'un peut faire le boulot. Je prendrai cette décision le plus tard possible !
Propos recueillis par Astrid de Villaines
© Le Monde


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