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lundi 31 décembre 2018

Un duvet : un don chaleureux....

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Chère amie, cher ami,
Je vous écrivais il y a quelques jours pour vous demander de participer à une grande mobilisation : financer l’achat de 400 duvets à distribuer cet hiver aux personnes qui dorment dans la rue.
Je tiens à remercier ici tous ceux qui ont participé en faisant un don à la Mie de Pain. 
Grâce à eux, les équipes de l’Arche d’Avenirs vont pouvoir distribuer de nombreux duvets.

Je veux croire aujourd’hui en la poursuite de cet élan généreux, qui permet de faire rempart au froid et à la détresse.
En ce moment même, des hommes et des femmes s’apprêtent à passer les prochaines nuits dehors.
L’hiver est là et il est urgent de leur fournir à eux aussi le duvet qui les protègera du froid, de l’humidité et des intempéries. Le soutien de tous est indispensable pour acheter et distribuer autant de duvets que nécessaire.

Avec 30 €, vous offrez à une personne en détresse un DUVET « SPECIAL RUE » :
chaud, imperméable, léger, solide, résistant au froid

Bientôt les températures baisseront. Grâce à vous, une personne sans abri pourra s’en protéger. Merci pour votre don !
Florence Gérard
Présidente des 
Œuvres de la Mie de Pain

90€

              Je finance 3 duvets 
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Soit 22,5 € après réduction fiscale

120€

              Je finance 4 duvets 
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Soit 30 € après réduction fiscale
*75 % de votre don à La Mie de Pain sont déductibles de votre impôt sur le revenu, dans la limite de 537 euros (plafond 2018). Au-delà, la réduction d'impôt est de 66 %, dans la limite de 20 % de votre revenu imposable (report possible sur 5 ans en cas de dépassement). Votre don fera l’objet d’un reçu fiscal.
La Mie de Pain est une association reconnue d’utilité publique qui vient en aide depuis 131 ans aux personnes en situation de précarité, d’exclusion et de marginalisation. Elle est agréée par le  Don en confiance.

Bonjour mes amis 🤗 voici un petit rappel aux politiciens 😇 Droits de l'homme:



Bonjour mes amis 🤗 voici un petit rappel aux politiciens 😇
Droits de l'homme:


            

Y sont où mes marcheurs, Y sont où? / Parodie de Christophe Maé par Thomas Gaëtan Thomas


Y sont où mes marcheurs, Y sont où? / Parodie de Christophe Maé par Thomas Gaëtan Thomas


  

dimanche 30 décembre 2018

Les Crises.fr - Une lettre de Jean-Claude Michéa à propos du mouvement des Gilets jaunes 

https://www.les-crises.fr


Les Crises            

23.novembre.2018 // Les Crises


Une lettre de Jean-Claude Michéa à propos du mouvement des Gilets jaunes 




Jean-Claude Michéa
Une lettre à propos du mouvement
des Gilets jaunes

Le 21 novembre 2018
Chers Amis,
Juste ces quelques mots très brefs et donc très lapidaires – car ici, on est un peu débordés par la préparation de l’hiver (bois à couper, plantes et arbres à pailler  etc.). Je suis évidemment d’accord avec l’ensemble de vos remarques, ainsi qu’avec la plupart des thèses de Lieux communs (seule la dernière phrase me paraît un peu faible en raison de son « occidentalisme » : il existe aussi, bien entendu, une véritable culture de l’émancipation populaire en Asie, en Afrique ou en Amérique latine !).
Le mouvement des « gilets jaunes » (bel exemple, au passage, de cette inventivité populaire que j’annonçais dans Les Mystères de la gauche) est, d’une certaine manière, l’exact contraire de « Nuit Debout ». Ce dernier mouvement, en simplifiant, était en effet d’abord une tentative – d’ailleurs encouragée par une grande partie de la presse bourgeoise – des « 10 % » (autrement dit, ceux qui sont préposés – ou se préparent à l’être – à l’encadrement technique, politique et « culturel » du capitalisme moderne), pour désamorcer la critique radicale du Système, en dirigeant toute l’attention politique sur le seul pouvoir (certes décisif) de Wall Street et des fameux « 1 % ». Une révolte, par conséquent, de ces urbains hypermobiles et surdiplômés (même si une fraction minoritaire de ces nouvelles classes moyennes commence à connaître, ici ou là, une certaine « précarisation ») et qui constituent, depuis l’ère Mitterrand, le principal vivier dans lequel se recrutent les cadres de la gauche et de l’extrême gauche libérales (et, notamment, de ses secteurs les plus ouvertement contre-révolutionnaires et antipopulaires : Regards, Politis, NP“A”, Université Paris VIII etc.). Ici, au contraire, ce sont bien ceux d’en bas (tels que les analysait Christophe Guilluy – d’ailleurs curieusement absent, jusqu’ici, de tous les talk-shows télévisés, au profit, entre autres comiques, du réformiste sous-keynésien Besancenot), qui se révoltent, avec déjà suffisamment de conscience révolutionnaire pour refuser d’avoir encore à choisir entre exploiteurs de gauche et exploiteurs de droite (c’est d’ailleurs ainsi que Podemos avait commencé en 2011, avant que les Clémentine Autain et les Benoît Hamon du cru ne réussissent à enterrer ce mouvement prometteur en le coupant progressivement de ses bases populaires).
Quant à l’argument des « écologistes » de cour – ceux qui préparent cette « transition énergétique » qui consiste avant tout, comme Guillaume Pitron l’a bien montré dans La Guerre des métaux rares, à délocaliser la pollution des pays occidentaux dans les pays du Sud, selon lequel ce mouvement spontané ne serait porté que par « une idéologie de la bagnole » et par « des gars qui fument des clopes et roulent en diesel », il est aussi absurde qu’immonde : il est clair, en effet, que la plupart des Gilets jaunes n’éprouvent aucun plaisir à devoir prendre leur voiture pour aller travailler chaque jour à 50 km de chez eux, à aller faire leurs courses au seul centre commercial existant dans leur région et généralement situé en pleine nature à 20 km, ou encore à se rendre chez le seul médecin qui n’a pas encore pris sa retraite et dont le cabinet se trouve à 10 km de leur lieu d’habitation. (J’emprunte tous ces exemples à mon expérience landaise ! J’ai même un voisin, qui vit avec 600 € par mois et qui doit calculer le jour du mois où il peut encore aller faire ses courses à Mont-de-Marsan, sans tomber en panne, en fonction de la quantité de diesel – cette essence des pauvres – qu’il a encore les moyens de s’acheter !) Gageons qu’ils sont au contraire les premiers à avoir compris que le vrai problème, c’était justement que la mise en œuvre systématique, depuis maintenant 40 ans, du programme libéral par les successifs gouvernements de gauche et de droite, a progressivement transformé leur village ou leur quartier en désert médical, dépourvu du moindre commerce de première nécessité, et où la première entreprise encore capable de leur offrir un vague emploi mal rémunéré se trouve désormais à des dizaines de kilomètres (s’il existe des « plans banlieues » – et c’est tant mieux – il n’y a évidemment jamais eu rien de tel pour ces villages et ces communes – où vit pourtant la majorité de la population française – officiellement promis à l’extinction par le « sens de l’histoire » et la « construction européenne » !).
Ce n’est donc évidemment pas la voiture en tant que telle – comme « signe » de leur prétendue intégration dans le monde de la consommation (ce ne sont pas des Lyonnais ou des Parisiens !) – que les Gilets jaunes défendent aujourd’hui. C’est simplement que leur voiture diesel achetée d’occasion (et que la Commission européenne essaye déjà de leur enlever en inventant sans cesse de nouvelles normes de « contrôle technique ») représente leur ultime possibilité de survivre, c’est-à-dire d’avoir encore un toit, un emploi et de quoi se nourrir, eux et leur famille, dans le système capitaliste tel qu’il est devenu, et tel qu’il profite de plus en plus aux gagnants de la mondialisation. Et dire que c’est d’abord cette gauche kérosène – celle qui navigue d’aéroport en aéroport pour porter dans les universités du monde entier (et dans tous les « Festival de Cannes ») la bonne parole « écologique » et « associative » qui ose leur faire la leçon sur ce point ! Décidément, ceux qui ne connaissent rien d’autre que leurs pauvres palais métropolitains n’auront jamais le centième de la décence qu’on peut encore rencontrer dans les chaumières (et là encore, c’est mon expérience landaise qui parle !).
La seule question que je me pose est donc de savoir jusqu’où un tel mouvement révolutionnaire (mouvement qui n’est pas sans rapport, dans sa naissance, son programme rassembleur et son mode de développement, avec la grande révolte du Midi de 1907) peut aller dans les tristes conditions politiques qui sont les nôtres. Car n’oublions pas qu’il a devant lui un gouvernement thatchérien de gauche (le principal conseiller de Macron est d’ailleurs Mathieu Laine – un homme d’affaires de la City de Londres et qui est, en France, le préfacier des œuvres de la sorcière Maggie), c’est-à-dire un gouvernement cynique et impavide, qui est clairement prêt – c’est sa grande différence avec tous ses prédécesseurs – à aller jusqu’aux pires extrémités pinochetistes (comme Maggie avec les mineurs gallois ou les grévistes de la faim irlandais) pour imposer sa « société de croissance » et ce pouvoir antidémocratique des juges, aujourd’hui triomphant, qui en est le corollaire obligé. Et, bien sûr, sans avoir quoi que ce soit à craindre, sur ce plan, du servile personnel médiatique français. Faut-il rappeler, en effet, qu’on compte déjà 3 morts, des centaines de blessés, dont certains dans un état très critique. Or, si ma mémoire est bonne, c’est bien à Mai 68 qu’il faut remonter pour retrouver un bilan humain comparable lors de manifestations populaires, du moins sur le sol métropolitain. Et pour autant, l’écho médiatique donné à ce fait effarant est-il, du moins pour l’instant, à la hauteur d’un tel drame ? Et qu’auraient d’ailleurs dit les chiens de garde de France Info si ce bilan (provisoire) avait été l’œuvre, par exemple, d’un Vladimir Poutine ou d’un Donald Trump ?
Enfin, last but not the least, on ne doit surtout pas oublier que si le mouvement des Gilets jaunes gagnait encore de l’ampleur (ou s’il conservait, comme c’est toujours le cas, le soutien de la grande majorité de la population), l’État benallo-macronien n’hésitera pas un seul instant à envoyer partout son Black Bloc et ses « antifas » (telle la fameuse « brigade rouge » de la grande époque) pour le discréditer par tous les moyens, où l’orienter vers des impasses politiques suicidaires (on a déjà vu, par exemple, comment l’État macronien avait procédé pour couper en très peu de temps l’expérience zadiste de Notre-Dame-des-Landes de ses soutiens populaires originels). Mais même si ce courageux mouvement se voyait provisoirement brisé par le PMA – le Parti des médias et de l’argent (PMA pour tous, telle est, en somme, la devise de nos M. Thiers d’aujourd’hui !) ; cela voudra dire, au pire, qu’il n’est qu’une répétition générale et le début d’un long combat à venir. Car la colère de ceux d’en bas (soutenus, je dois à nouveau le marteler, par 75 % de la population – et donc logiquement stigmatisé, à ce titre, par 95 % des chiens de garde médiatiques) ne retombera plus, tout simplement parce que ceux d’en bas n’en peuvent plus et ne veulent plus. Le peuple est donc définitivement en marche ! Et à moins d’en élire un autre (selon le vœu d’Éric Fassin, cet agent d’influence particulièrement actif de la trop célèbre French American Fondation), il n’est pas près de rentrer dans le rang. Que les Versaillais de gauche et de droite (pour reprendre la formule des proscrits de la Commune réfugiés à Londres) se le tiennent pour dit !
Très amicalement,
JC
Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]
Larousse // 23.11.2018 à 07h36
Les sources du pouvoir actuel intelligemment identifiées par J-C Michéa
1. «un gouvernement thatchérien de gauche (le principal conseiller de Macron est d’ailleurs Mathieu Laine – un homme d’affaires de la City de Londres et qui est, en France, le préfacier des œuvres de la sorcière Maggie»
2. une pseudo-écologie de riches figuré par Benjamin Grivaud qui s’est moqué des Français “en bagnole diesel” et “à la clope au bec” (tout est dit sur ce personnage -porte-parole de l’Elysée)
Ce mouvement ne réussira que par un refus opiniâtre, actif, paralysant pour le pouvoir : grève de la consommation doit devenir la prochaine étape comme un acte citoyen, écologique et de lutte contr le pouvoir.
D’ailleurs chez les patrons du grand commerce, ça commence à grogner.
donc non au “black Friday” ! dont on nous bassine en ce moment !!!

Les Crises.fr - Envoyé spécial : Crime d’Etat au consulat ?

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23.novembre.2018 // Les Crises



Envoyé spécial : Crime d’Etat au consulat ?




Jamal Khashoggi, le journaliste saoudien assassiné le 2 octobre 2018, a-t-il été victime d’un crime d’Etat ? Une équipe d’”Envoyé spécial” s’est rendue en Turquie pour rencontrer les journalistes qui ont enquêté sur cette affaire.
Depuis trois semaines, Istanbul est le théâtre d’un invraisemblable scénario d’espionnage, entre crise diplomatique et scène d’horreur. Jamal Khashoggi, le journaliste saoudien assassiné le 2 octobre 2018, a-t-il été victime d’un crime d’Etat ? Installé aux Etats-Unis après être tombé en disgrâce à la cour royale d’Arabie, l’éditorialiste du Washington Posta-t-il payé pour ses critiques contre le prince Mohamed Ben Salmane ?
Les dernières images de Jamal Khashoggi sont celles de son entrée au consulat saoudien à Istanbul. Le journaliste de 59 ans est venu demander un certificat dont il a besoin pour pouvoir épouser sa fiancée turque, Hatice Cengiz. Ne le voyant pas reparaître, celle-ci donne l’alerte au plus haut niveau. Elle prévient le cabinet du président Erdogan, que le journaliste connaît bien. La police turque déclenche aussitôt une enquête.

Révélations sordides

L’équipe d’”Envoyé spécial” s’est rendue en Turquie pour rencontrer les journalistes qui ont travaillé sur cette affaire. Si le prince héritier saoudien la qualifie d’“incident hideux”,aujourd’hui, à Istanbul, les sordides révélations sur les conditions de cet assassinat provoquent l’indignation internationale.
Selon les informations publiées par la presse turque, une exécution barbare aurait eu lieu dans le bureau du consul. Derrière ces murs, le journaliste aurait été torturé par des agents saoudiens. Ses doigts auraient d’abord été découpés, il aurait ensuite été décapité, puis démembré. Pas d’interrogatoire, mais une élimination, menée entre autres par un médecin légiste saoudien. Il serait l’un des quinze membres d’un commando venu d’Arabie saoudite pour éliminer Jamal Khashoggi.
Un sujet d’Yvan Martinet, Virginie Vilar et Romain Boutilly, diffusé dans“Envoyé spécial” le 25 octobre 2018.
Envoyé spécial : Crime d’Etat au consulat ?
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Les Crises.fr - [RussEurope-en-Exil] Le singulier voyage de Lana Chhor au pays qui fut, par Jacques Sapir

                   
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23.novembre.2018 // Les Crise




[RussEurope-en-Exil] Le singulier voyage de Lana Chhor au pays qui fut, par Jacques Sapir



Le livre écrit par Lana Chhor est un livre singulier d’une grande finesse, qui est profondément touchant et singulièrement intéressant. Il s’adresse à de nombreux lecteurs et va toucher énormément de monde[1]. Lana Chhor est française, née dans un camp de réfugiés en Thaïlande, d’origine tant chinoise que khmer. Elle n’a pas connu directement la période qu’elle évoque, le génocide de son propre peuple commis par les Khmers rouges, mais sa famille en a subi les meurtrissures et a été contrainte à l’exil. Pourtant, dans ce livre, et cela en fait toute l’importance, le récit du génocide n’occupe pas la place principale, même s’il court dans tout l’ouvrage. Ce livre est en réalité une réflexion sur l’identité.

La mémoire douloureuse de l’auto-génocide cambodgien

Ce livre commence par un récit. En apparence, il s’agit de décrire comment, une jeune française, d’origine khmer, retourne dans son pays, dans le cadre d’une ONG pour donner des cours aux enfants. Les premières pages sont justement le récit de ce choc entre un pays fantasmé et un pays réel, mais aussi choc inversé car les habitants sont eux-mêmes surpris par ce qu’ils prennent pour une touriste et qui parle aussi bien le Khmer. Ce retour au pays qui fut, tous les exilés qui l’ont fait en gardent le goût doux-amer. Lana Chhor n’a jamais connu le Cambodge. Ses souvenirs commencent dans le camp de réfugiés, et se poursuivent en France. Le Cambodge, elle en a, naturellement, entendu parler dans sa famille. Elle a lu, aussi, des documents, des textes ou autres, racontant l’histoire de ce pays et la tragédie qu’il a connu, une tragédie que la justice internationale vient tout juste de reconnaître[2]. Mais, elle ne connaît qu’un Cambodge des livres, de la parole familiale. Pour elle, ce voyage, c’est surtout, au départ, le choc des rencontres, qu’elle décrit de manière très fine, avec des gens, des petites gens, qui sont toutes des survivants.
Alors, de cette tragédie, elle va en parler. Sa description du « Musée du Génocide » sonne particulièrement juste ainsi que celle du centre d’archives Bophana de Phnom Penh. Mais, ce qui frappe encore plus est l’intériorisation du génocide, qu’elle appelle très justement un « auto-génocide », et les comportements qui en découlent, et qui se perpétuent dans le Cambodge d’aujourd’hui. La rencontre avec son cousin germain est extrêmement symptomatique de cela. Il y a trop de non-dits, trop de choses cachées, et la communication véritable ne peut s’établir. La folie meurtrière des Khmers rouge avait une logique : celle d’une soi-disant pureté de la « race khmère ». Elle en démonte très clairement le mécanisme.

Une réflexion importante sur la notion d’identité

Le livre ne traiterait que de cela, il serait déjà un livre fort utile. Mais, ce qui fait l’intérêt particulier de cet ouvrage, et qui pourrait en faire un instrument idéal dans un cadre pédagogique, c’est aussi la réflexion sur l’identité qu’il contient. Car, la famille de Lana Chhor est une famille aux origines multiples, chinoises et cambodgiennes, de classes aisées comme de classes populaires. Le problème de l’identité traverse lui aussi tout l’ouvrage. Car, qu’est-ce qu’une identité ? Est-elle donnée par la langue ?
Outre le français, Lana Chhor en maîtrise beaucoup. Doit-on pour prendre une identité rejeter alors les autres ? Ces questions, qui se posent aujourd’hui dans la société française, et qui concerne de très nombreux jeunes, Lana Chhor les aborde avec beaucoup de finesse encore un fois, mais aussi beaucoup de justesse. Elle affirme son adhésion à l’identité politique française, quitte à choquer son père, qui a refait sa vie à New-York. Le passage, vers la fin du livre, est savoureux. On voit bien que, en ce qui concerne la culture politique, elle ne transigera pas, et c’est tant mieux.
Mais, l’identité culturelle est une autre affaire. Elle affirme, dans son comportement comme dans ses dits, qu’une telle identité ne peut être la somme des conservatismes de la tradition. Plusieurs scènes, décrites avec beaucoup d’humour, le démontrent. Elle affirme son attachement à la culture khmère, mais refuse le poids des traditions surannées. Elle reconnaît aussi sa part chinoise, mais – là aussi – procède à un tri entre le bon grain et l’ivraie.

Lana Chhor

Génération « peau de banane »

Génération « peau de banane », donc ; l’expression trouve son explication dans les dernières pages du livre. Lana Chhor serait donc « jaune à l’extérieure, blanche à l’intérieur ». Mais, le livre démonte le cliché, tout en lui reconnaissant une certaine pertinence dans le regard de l’autre. Elle montre bien comment elle peut changer de visage aux yeux de l’autre, selon la culture de l’autre. La petite liste qu’elle dresse, drolatique à l’extrême, est elle aussi d’une grande finesse[3].
Et, cela ramène à un constat qui s’impose depuis fort longtemps. On appartient au « peuple » dont on reconnaît la culture et les institutions politiques. Cicéron ne disait pas autre chose[4]. Si la maitrise de la langue peut aider, elle ne constitue pourtant pas un critère décisif. Mais, on est aussi ce que l’histoire, la grande comme la petite, l’histoire qui emplit les livres comme l’histoire familiale avec ses silences et ses non-dits, a fait de nous. Enfin, on est en partie ce que l’on veut être.
Les réflexions sur l’identité que l’on trouve dans cet ouvrage sont aujourd’hui très importantes. Sans jamais faire de leçons, Lana Chhor dit pourtant des choses d’une très grande importance. Elles permettent de comprendre la complexité des identités, car l’identité politique cohabite et entretient un dialogue avec les identités plus directement culturelles. Elles permettent aussi de démasquer ceux qui font le commerce douteux de l’identité. Lana Chhor pose alors le problème de l’intégration comme distinct de l’assimilation. L’intégration, et cela apparaît clairement dans la fin de l’ouvrage, est non seulement distincte, mais peut être opposée à l’assimilation, en cela que la persistance de cultures apparaît comme un atout pour l’intégration, alors que leurs négations, ce qui est à l’œuvre dans l’assimilation, freine en réalité cette dernière.

Il faut donc remercier Lana Chhor de nous avoir donné ce livre. C’est une leçon de courage mais aussi d’intelligence et de sensibilité, Une leçon qui parle à tous..

[1] Chhor L., Génération Peau de banane – La vie après les Khmers rouges, Paris, BoD, 2017.
[3] Chhor L., Génération Peau de banane – La vie après les Khmers rouges, op.cit., p. 187.
[4] Voir, Cicéron De la République [De re publica], T-1, Trad. Esther Breguet, Paris, Les Belles Lettres, 1980, I.26.41.
gracques // 23.11.2018 à 07h05
Deux comptes rendus de lectures , deux régal ….. vous êtes devenu essentiel et pas simplement à ce blog.
J’espère que votre exil éditorial n’à pas fait baisser votre audience.