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mardi 28 août 2018

Les Crises.fr - Affaire Eu Disinfo Lab, par Isabelle Attard


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25.août.2018 // Les Crises




Affaire Eu Disinfo Lab, par Isabelle Attard


Source : Twitter, Isabelle Attard, 12-08-2018
Avec l’affaire EU Disinfo Lab, le secrétaire d’État  et les anti-complotistes complotistes (à moins que ce ne soit l’inverse) ont tout fait pour minimiser la gravité du fichage politique des twittos ayant réagit au scandale 
Certes la comparaison avec le nazisme peut paraitre exagérée mais les fichiers Hollerith  de 1933 marquent le début du croisement de données utilisées à des fins politiques.
Néanmoins, il me semble que nous devons réfléchir aux utilisations futures des fichiers actuellement constitués même s’ils peuvent sembler anodins aujourd’hui.
Les deux exemples français ci-dessous prouvent qu’ils ne restent que rarement dans 1 tiroir et qu’ils sont le + svt utilisés pour répertorier les opposants politiques, vrais ou supposés. Le premier recense les anarchistes français et fut réalisé par A. Bertillon en1893 & 1894.
Rappelons le contexte : Suite aux répressions sanglantes des manifestations ouvrières (Chicago 1886 ; Fourmies 1891) des anarchistes décident d’actions ciblées contre les pouvoirs étatiques et capitalistes, la « propagande par le fait».
En France A. Bertillon, chef du service photographique de la préf de police de Paris, créé un fichier de 417 hommes & femmes considérés comme anarchistes. Les critères pour être dans ce fichier étaient assez flous : abonné à une revue libertaire ou simple sympathisant.
Ce fichier des anarchistes (  ) est consultable aujourd’hui car le Metropolitan Museum of Art de New York a ouvert l’an dernier ses archives sous forme de fichiers téléchargeables et réutilisables. 
En réaction aux attentats anarchistes, le parlement votent les 3 tristement célèbres  le 28 juillet 1894. La 3ème permet d’interdire la diffusion de journaux anarchistes comme “Le Père peinard” d’Emile Pouget et “Le Révolté” d’Élisée Reclus .
La 2ème permet d’inculper tout membre ou sympathisant. Elle encourage également la délation. Elle est votée le 18 décembre 1893. Il en découle début 1894 l’arrestation de nombreux anarchistes sur la base du fichier Bertillon comme Paul Reclus, Sébastien Faure ou Félix Fénéon.
Les antimilitaristes et le « carnet B » Bien avant le début de la 1ère guerre mondiale le gvmt français s’inquiétait d’une possible démobilisation nourrit par les antimilitaristes. Une liste d’environ 1800 suspects à arrêter immédiatement en cas de mobilisation est alors établie.
Ce fichier, répondant au nom de code de “Carnet B” regroupait les antimilitaristes les + virulents, des chefs syndicaux ou encore des membres de la SFIO qu’il était prévu d’emprisonner dès le déclenchement des hostilités.
Créé dès 1886 par le général Boulanger pour ficher les potentiels espions, Georges Clemenceau réoriente le carnet à partir de 1907 pour surveiller surtout les anarchistes et antimilitaristes.
En 1909, le ministère de l’Intérieur décide d’ajouter au Carnet B tous les Français susceptibles d’entreprendre des actions antimilitaristes pouvant troubler l’ordre public ou gêner la mobilisation
Jean-Pierre Deschodt décrit les différentes catégories de personnes inscrites dans le carnet B, je cite :
– les anarchistes & syndicalistes : les amis de Sébastien Faure, des individus violents et exaltés pouvant occuper les fonctions de secrétaire de la Bourse du travail. Propagandiste excité faisant des provocations contre les militaires, favorables à l’insoumission & aux grèves
– les communistes : Organisateurs de manifestations communistes, meneurs de grèves, apôtres de la guerre civile, secrétaires du rayon communiste, présidents d’un syndicat municipal communiste, apologie de faits qualifiés de crime et membres du comité central ;
– les autonomistes : francophobie, autonomisme breton, agitateur autonomiste manifestant des sentiments germanophiles. Roger Salengro (futur ministre du Front populaire) & Victor Pengam secrétaire général de la bourse du travail de Brest font partie du carnet B .
Voici comment Pengam est dépeint : « propagandiste anarchiste et antimilitariste des plus militants. L’un des chefs du mouvement révolutionnaire (secrétaire général de l’Union régionale des syndicats et de la Bourse du travail de Brest).
[…] Secrétaire général du nouveau syndicat anarchiste des ouvriers du port. Ouvrier à l’arsenal. Serait susceptible de faire du sabotage en cas de mobilisation. (…) Mesure à prendre en cas de mobilisation : à arrêter»
L’existence de ce fichier, sensé resté secret, fuita dans la presse en 1912. Les militants & sympathisants anarchistes et syndicalistes purent imaginer quel serait leur sort : camp d’internement  (env. 70 en France pdt 1ère guerre) ou exécution…
Finalement ce carnet ne fut pas utilisé en 1914 pour arrêter les antimilitaristes. La et la  se ralliant au patriotisme de l’Union sacrée.
Mais il est intéressant de noter que ce carnet B ne disparut pas avec la 1ère guerre mondiale. Il fut conservé au siège de la Sureté nationale à Paris puis saisi en 1940, par l’Abwehr, le service de renseignement de l’état-major allemand…
Rien ne se perd en somme, et c’est bien ça le problème… « Celui qui ne connaît pas l’histoire est condamné à la revivre » Karl Marx
Source : Twitter, Isabelle Attard, 12-08-2018
Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]
DUGUESCLIN // 25.08.2018 à 07h10
Ah ben merde alors!
Voilà que je suis soupçonné de cracher sur la mémoire des millions de victime du 20 ème siècle, simplement parce que j’ose dénoncer ceux qui par leurs manœuvres, leur cupidité, leurs mensonges et leurs tricheries dans le but de dominer le monde, de le soumettre, de l’exploiter, ou d’imposer leur idéologie, en sont les principaux responsables.
Çà alors! Il y a les gentils marcheurs et moi je suis un méchant cracheur qui dénonce le fichage?
Pourtant je ne suis pas antimilitariste, ni anarchiste. S’il fallait prendre les armes pour défendre ma patrie, ma famille, mes amis, je le ferais. Mais prendre les armes pour défendre des intérêts contraires aux miens, pour sauver les maîtres du monde ou pour faire triompher une idéologie, je ne le ferais pas.

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