Municipales: un second tour sans appel pour le PS
Par Karine PERRET et Pierre GLACHANT | AFPAFP/AFP/Archives - Le ministre de l'Economie Pierre Moscovici, le 6 mars 2014 à Berne
Les socialistes
se sont vus infliger une très lourde sanction dimanche à l'issue du deuxième
tour des municipales, avec la perte de nombreuses et importantes villes, ce qui
a suscité y compris dans les rangs de la majorité, des appels pressants à
changer de cap politique et de gouvernement.
"Ce soir est un jour de tristesse
pour tous les socialistes", a déclaré François Rebsamen, proche de François
Hollande, pourtant heureux d'avoir été réélu à Dijon, tandis que
Ségolène Royal évoquait "un avertissement très sévère qu'il faut prendre
très au sérieux".
A 21H00, la liste des villes perdues
par le PS,
la plupart du temps au profit de l'UMP, s'allongeait: Toulouse, Amiens, Reims,
Angers, Roubaix, Tourcoing, Laval, Belfort, Périgueux et même
Brive-la-Gaillarde, en terre corrézienne chère au chef de l?État
Illustrant l'ampleur du revers, des
bastions historiques socialistes comme Saint-Étienne, Limoges (aux mains de la
gauche depuis 1912), La Roche-sur-Yon (depuis 37 ans à gauche), Chambéry
(depuis 25 ans à gauche) ont basculé à droite.
Autre résultat symbolique de cette
défaite: le maire sortant PS de Quimper et très proche conseiller de François
Hollande, Bernard Poignant, qui briguait un 4e mandat, s'est vu ravir sa ville
par la droite.
A Pau, François Bayrou (MoDem) enlève
la mairie au PS et à Grenoble, la liste écologiste-Parti de gauche ravit la
municipalité au PS. Sans compter de nouvelles villes tombées aux mains du FN.
Marseille, sur laquelle les socialistes
avaient, avant le premier tour, fondé beaucoup d'espoirs, reste entre les mains
de Jean-Claude Gaudin (UMP).
Parmi les rares bonnes nouvelles, le PS
conserve Paris. Surtout, il garde Strasbourg, où le combat était beaucoup plus
serré, Villeneuve-sur-Lot, la ville de l'ex-ministre Jérôme Cahuzac et
Cherbourg, ville du ministre Bernard Cazeneuve. Le PS remporte aussi Douai
(Nord), à droite depuis plus de 30 ans.
Chez les ministres, Pierre Moscovici
est battu à Valentigney (Doubs) et Guillaume Garot à Laval.
Humiliation aussi pour le PS à La
Rochelle où le dissident ex-PS Jean-François Fountaine, proche du dissident
Olivier Falorni qui avait battu Ségolène Royal aux législatives de 2012, arrive
en tête.
Au premier tour, le PS avait déjà perdu
Hénin-Beaumont au profit du FN ou Niort au profit de l'UDI
- 'Une cata'! -
Ce sont "des résultats mauvais
pour la gauche ", a déclaré la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem,
qui a assuré: "Nous entendons le message qui a été passé par les
électeurs, nous l'entendons".
"C'est une défaite, on ne va pas
barguigner", glissait un proche de François Hollande. C'est "une
cata!", renchérissait un député, tandis que pour le sociologue du CNRS
Jean Viard interrogé par l'AFP, c'était "une vraie sanction". Selon
lui, si la gauche perdait "au-delà de 150 villes, ce serait vraiment une
Bérézina".
Deux jours avant le deuxième tour, le
PS s'attendait à perdre entre 120 et 160 villes de plus de 10.000 habitants.
Alors qu'il s'agit du premier test
électoral national à mi-mandat pour François Hollande, nombreux sont ceux qui
réclamaient dimanche soir un changement de cap.
L'aile gauche du parti a rendu publique
dès l'annonce des résultats une "adresse au président de la
République" dans laquelle elle l'exhorte à "changer de cap".
"Le sujet central n?est pas la demande d?autorité, il est le refus de
l?austérité", assure-t-elle.
"Il est temps de changer de
politique et de gouvernement", a lancé le député Pouria Amirshahi (aile
gauche également), alors qu'un remaniement est attendu dans les tout prochains
jours.
La "gauche populaire", autre
courant du PS, a jugé que "sans réorientation rapide de la politique, le
vote de la confiance au futur gouvernement n?est pas acquis".
"Un message a été émis par les
Français", qui ont une "demande de résultats sur l'emploi, une
demande de justice sociale", a convenu le numéro un Harlem Désir. Pour le
ministre de l'Emploi Michel Sapin, il faut "infléchir" l'action du
gouvernement en prenant en compte le message des électeurs.
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