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L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES n°293
Résilience
L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.
926 068 candidats — un électeur sur 49 — se présentent aux élections municipales du 23 mars. C’est un chiffre record. Tout avait été fait, pourtant, pour décourager les candidatures. Que n’a-t-on entendu ? Qu’un conseil municipal ne sert plus à rien, les intercommunalités forcées et les métropoles les privant de tout pouvoir ; qu’étranglés financièrement, ils ne pourront rien faire, d’autant que le pacte de responsabilité privera les collectivités territoriales de 10 milliards d’euros supplémentaires en 2017. Tout cela est vrai. Et pourtant, en dépit des nouvelles règles (1)… ils sont plus nombreux que jamais. Menacée de toutes parts, la démocratie communale reste vivante dans la conscience de la population, expression concentrée des conquêtes démocratiques héritées de la Révolution française. Près d’un million de candidats, dans la majorité des cas dans des petites communes où les élus n’ont à attendre que des charges et des difficultés, et aucun avantage… La démocratie de délégation n’est pas morte : cette masse de candidats postule à être autre chose que des instruments subsidiaires de l’austérité et de l’Union européenne.
Sur un autre plan, que s’est-il passé dans la préparation de la journée de grève interprofessionnelle et de manifestations du 18 mars ? Se saisissant de l’appel des confédérations CGT-FO et CGT et de la FSU et Solidaires, des milliers de délégués ont lancé à tous les niveaux des milliers d’appels communs, tissant la toile de l’unité des travailleurs et des organisations contre le pacte de responsabilité. Et pourtant, que ne leur avait-on dit ? Qu’on ne peut faire autrement, que l’austérité est inévitable, qu’elle s’applique dans tous les pays d’Europe, qu’il faut suivre l’exemple de la CFDT pour qui les syndicats doivent eux-mêmes remettre en cause les conquêtes de la classe ouvrière ! Cela n’a pas pris.
La résilience, dit le dictionnaire, est la « qualité de ceux qui refusent de se décourager, qui n’acceptent pas de se laisser abattre ». Résilience de la démocratie politique, résilience du mouvement ouvrier organisé et indépendant. Indépendamment de la forme exacte que prendront les événements, le 18 mars et le 23 mars (2), une force organisée et combattante a commencé de se dégager. Cela au moment même où l’Union européenne prétend instaurer l’ordre corporatiste et imposer aux organisations syndicales et aux communes de se transformer en instruments subsidiaires de l’austérité.
Il n’y a pas de démocratie politique sans défense de l’indépendance des organisations ouvrières. Il n’y a pas de démocratie politique sans défense de la libre administration communale fondée sur la démocratie de délégation.
Le gouvernement s’est fixé, pour le mois d’avril, un ordre du jour serré, marqué par la volonté de faire adopter par le Parlement le pacte de responsabilité et le dernier volet de l’acte III de la décentralisation.
La classe ouvrière et le combat démocratique ont leur propre ordre du jour, qui s’ordonne sur la nécessité de mettre ces plans en échec.
Ce qui s’est exprimé au cours de ce mois de mars 2014, sur ce double plan, constitue un précieux point d’appui pour les semaines à venir.
(1) Qui obligent les candidats des petites communes à se déclarer à l’avance et à préciser une étiquette politique.
(2) Le 23 mars, l’abstention sera sans doute importante, expression du rejet de la politique du gouvernement, de l’Union européenne et des partis institutionnels frappés de décomposition.
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