ÉCOTAXE - Les organisateurs de la manifestation de Quimper qui a rassemble de 15.000 à 30.000 personnes samedi se sont dits prêts dimanche à répondre à l'invitation de Jean-Marc Ayrault à élaborer un "Pacte d'avenir pour la Bretagne", mais exigent des mesures immédiates et concrètes.
Le Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault, a invité samedi "toutes les parties prenantes à se retrouver" autour du "Pacte d'avenir pour la Bretagne", au cours d'une réunion qui pourrait se tenir dès mercredi.
"Nous comptons nous rendre à cette réunion et on va avoir énormément de propositions à faire. Mais il y a urgence et il faut des mesures immédiates et concrètes", a déclaré à l'AFP Christian Troadec, élu DVG et porte-parole du comité organisateur de la manifestation.
"Il y a le feu, on ne met pas autant de gens dans la rue par hasard", a ajouté Christian Troadec au nom de ce comité, qui regroupe notamment des syndicalistes FO, la FDSEA du Finistère et des artisans et chefs d'entreprise.
Suppression de l'écotaxe, interdiction de licencier
Parmi les mesures exigées à court terme figurent notamment la suppression définitive de l'écotaxe, l'ouverture par la France de négociations avec ses partenaires européens pour mettre "fin au dumping social" qui fragilise la Bretagne, et "l'interdiction pour une entreprise qui fait des profits de laisser ses salariés sur le carreau", a énuméré Christian Troadec.
"Les dernières déclarations de Marylise Lebranchu (ministre de la Réforme de l'Etat, et élue bretonne, ndlr) selon qui le problème de l'écotaxe serait 'réglé', alors que cette taxe n'est que suspendue, font craindre que nous n'ayons pas été bien compris", a souligné l'élu.
"Le dialogue est la seule issue possible, mais il y a une très forte demande des gens de se retrouver à nouveau dans la rue", a ajouté Christian Troadec, qui est maire de Carhaix (Finistère).
De 15.000 à 30.000 personnes de tous horizons ont défilé samedi dans les rues de Quimper contre l'écotaxe et pour l'emploi en Bretagne, lors d'un rassemblement émaillé d'échauffourées qui ont fait cinq blessés.
Le Foll en Bretagne pour parler du plan d'avenir de la région
Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll se rendra de son côté vendredi en Bretagne afin de travailler sur le plan d'avenir de la région annoncé dans le cadre de la concertation sur l'écotaxe poids lourds, a-t-il indiqué dimanche.
"J'irai en Bretagne cette semaine, vendredi toute la journée, dans le cadre d'une journée organisée par la Banque publique d'investissement sur les questions de l'agroalimentaire", a déclaré le ministre lors du "Grand Rendez-vous" organisé par iTélé, Europe 1 et Le Monde.
"Je pense que cette journée doit nous permettre, en Bretagne, de travailler aussi sur le plan d'avenir pour la Bretagne, c'est-à-dire à la fois régler les problèmes de manière défensive, ce qu'on connaît en particulier avec l'entreprise Doux, Tilly-Sabco (...) et aussi préparer de manière offensive le redressement de la Bretagne", a-t-il ajouté.
Le volailler Tilly-Sabco a annoncé son intention de suspendre à partir de janvier sa production de poulets pour l'export, qui fait peser une menace sur un millier d'emplois.
L'horizon semble en revanche s'éclaircir pour son principal concurrent, Doux, dont le premier client, le groupe saoudien Almunajem, s'est dit prêt à investir au capital de l'entreprise.
Selon Stéphane Le Foll, "la suspension (de l'écotaxe) aujourd'hui, c'est l'ouverture d'une discussion pour régler les problèmes qui ont été évoqués, en particulier pour la Bretagne".
Concertation nationale sur l'écotaxe
"On a suspendu cette écotaxe et on prendra le temps nécessaire de la discussion pour savoir dans quelles conditions on pourrait la remettre en route", a-t-il poursuivi, en rappelant que "l'écotaxe, c'est la capacité qu'on a à faire financer toutes les infrastructures par les utilisateurs des infrastructures routières".
Le gouvernement a annoncé une concertation nationale sur l'écotaxe poids lourds conduite par un trio de ministres comprenant, outre Stéphane Le Foll, Frédéric Cuvillier (Transports) et Guillaume Garot (Agroalimentaire), afin de trouver les "solutions équilibrées" qui permettront sa mise en oeuvre.
Pour la Bretagne, le gouvernement entend construire d'ici la fin de l'année un pacte d'avenir" avec les collectivités locales et les acteurs économiques et sociaux de la région.
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