L'actualité du lundi 04/11/2013 La UNE Devoir
Le choc. La tristesse. La colère et la révolte aussi. Les
mots sont impuissants à traduire l’innommable. L’assassinat de Ghislaine Dupont
et de Claude Verlon par un commando
de quatre hommes dans la région de Kidal
est un acte odieux qui nous révulse. Avant toute chose, il
convient de rendre hommage à ces deux remarquables
professionnels chevronnés, passionnés par leur métier et qui avaient
pour seule motivation de remplir une mission d’information. Etre au plus près
du terrain, pour expliquer encore et toujours les complexités du
monde, et plus précisément de cette poudrière
qu’est le Nord-Mali. Rendre hommage aussi à RFI,
qui n’a pas d’égal depuis bien longtemps pour décrypter l’Afrique,
où elle est fidèlement écoutée et unanimement appréciée. Face à
cette nouvelle épreuve, la radio de service public et ses représentants
ont fait preuve d’une immense dignité et d’une volonté sans faille,
déterminés à poursuivre leur travail. Quel que soit l’ignoble «message»
que les ravisseurs et assassins ont voulu faire passer,
il faut plus que jamais mettre un point
d’honneur à défendre la liberté de la presse,
alors que les reporters sont désormais pris pour cibles par
les dictatures ou les terroristes. Parce qu’ils sont les indispensables
témoins des soubresauts de la planète. A elle seule, la mort de
nos confrères vient ainsi illustrer les enjeux énormes qui sont ceux
du Mali, depuis l’opération «Serval» et l’intervention
de la France dans le pays en début d’année.
François Hollande a eu raison de vouloir
éradiquer le terrorisme qui menace toute la région et qui met en péril
un pouvoir élu. Mais ce qui s’est déroulé ce week-end
montre aussi que la pacification est loin d’être acquise.
En dépit de la présence des soldats français, des troupes
de l’ONU et des militaires maliens, Kidal reste une zone
de non-droit, berceau de la rébellion touareg séparatiste et
foyer de toutes les tensions islamistes. Certes, malgré l’émotion et
l’indignation, il faut se prévenir de toute conclusion hâtive.
A cette heure, les éléments dont nous disposons
sont épars et les questions sur le meurtre de Ghislaine Dupont et
Claude Verlon sont nombreuses, comme nous tentons de l’expliquer.
Parmi toutes les mouvances et les groupuscules,
qui a tué nos confrères ? De quelle frange terroriste s’agit-il
? Quelques jours après la libération des quatre otages d’Arlit, Aqmi
(Al-Qaeda au Maghreb islamique)
est-il impliqué ?
Y a-t-il un lien entre les deux
événements ?
Ou existe-t-il un autre motif à ce meurtre
infâme, qui ressemble beaucoup à une exécution sommaire ? La seule
certitude que nous pouvons avoir aujourd’hui est qu’il est de notre devoir à
tous d’essayer de faire la lumière sur ce qui s’est passé dans
le désert samedi après-midi. Les terroristes ne peuvent pas
gagner ce combat-là. A trois semaines des élections législatives
annoncées, la France doit persister dans son effort pour favoriser
la démocratie au Mali. On ne peut pas laisser prospérer
ceux qui parient sur le chaos et sur la mort.
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lundi 4 novembre 2013
à lire sur Libération , lundi 4 novembre 2013
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