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mardi 30 octobre 2018

Le retour du " risque Italie "


14 octobre 2018

Le retour du " risque Italie "

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L'affrontement qui se profile ne ressemble à aucune crise européenne du passé. Soit un pays, l'Italie, qui, il y a quelques mois encore, semblait sorti de l'ornière. Des comptes publics enfin maîtrisés, un excédent commercial enviable, une économie donnant des signes de reprise après des années de récession et de marasme, et surtout une image de sérieux, durement conquise auprès d'instances européennes rendues sceptiques par le passé : le souvenir de l'automne 2011, quand le premier ministre Silvio Berlusconi avait dû jeter l'éponge en raison de la défiance des marchés financiers, qui faisait courir le risque d'une faillite du pays, semblait presque oublié. Las, en quelques mois, ce capital de confiance a fondu, tant auprès des partenaires européens du pays que des marchés.
En témoignent l'isolement complet de l'Italie à Bruxelles ainsi que l'envolée du " spread " – différentiel entre les taux des emprunts à dix ans allemands et italiens –, qui s'est " stabilisé " depuis quelques jours au-dessus de la barre des 300 points de base. L'Italie s'endette aujourd'hui à plus de 3,5  %, contre environ 1,5  % il y a six mois. A l'échelle d'un pays dont la dette souveraine culmine à 2 300 milliards d'euros, la différence n'est pas mince.
Cette explosion du coût de la dette italienne ne tient qu'à la politique, et si la thématique du " risque Italie " semble de retour, c'est à la lumière des choix économiques du gouvernement italien, jugés à la fois flous, incohérents et dangereux.
Lundi 15 octobre, Rome doit faire parvenir à Bruxelles les grandes lignes de son prochain budget. Fin septembre, en annonçant sa volonté de porter le déficit 2019 à 2,4  % du PIB – contre 0,8 % initialement prévu –, le gouvernement Conte, formé de l'alliance de la Ligue (extrême droite) et du Mouvement 5 étoiles (antisystème), a déclenché une tempête. Celle-ci a été d'autant plus violente que cette décision a été entourée d'approximations et d'amateurisme. Cela ne pouvait inspirer que de gros doutes à des instances habituées à raisonner à partir de données tangibles et d'objectifs réalistes. Pour sortir du piège dans lequel il s'est mis, le gouvernement italien ne semble pas avoir d'autre solution que de faire machine arrière. Encore faudrait-il qu'il souhaite que la crise se calme… Or rien n'est moins sûr. En effet, l'opposition à Bruxelles et à l'orthodoxie financière est le principal ressort de la solidité de la coalition hétéroclite de deux forces que naguère tout opposait. Et tout porte à croire que les deux hommes forts du gouvernement, Luigi Di Maio et Matteo Salvini, s'appuyant sur un large soutien de l'opinion, souhaitent un affrontement avec Bruxelles, dont ils se sont persuadés qu'ils sortiraient vainqueurs.
A Bruxelles, la tentation d'éviter l'obstacle pourrait être forte. Il suffirait de laisser les marchés sanctionner eux-mêmes un budget trop dispendieux et fondé sur des hypothèses de croissance irréalistes. Ce serait reproduire le schéma ayant conduit à la chute de M.  Berlusconi en  2011, événement qualifié de " coup d'Etat financier " par de très nombreux Italiens, qui a favorisé la montée des extrêmes. L'heure commanderait plutôt de régler politiquement le problème et de discuter coûte que coûte avec ce gouvernement si insaisissable, ne serait-ce que pour lui poser une question simple et essentielle : " Voulez-vous encore faire partie de l'Union européenne ? "

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