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dimanche 30 septembre 2018

" Nous attendons que les entreprises soient au rendez-vous "


29 septembre 2018

" Nous attendons que les entreprises soient au rendez-vous "

Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, insiste sur l'importance de rassurer les classes moyennes pour maintenir le contrat social qui fonde les démocraties occidentales

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Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, se laisse jusqu'au printemps 2019 pour dire s'il sera candidat à la Mairie de Paris.
La politique budgétaire" Avons-nous trop donné aux entreprises, pas assez aux ménages ? J'entends les critiques mais le débat ne se pose pas en ces termes. On a beaucoup fait pour l'emploi et on attend que les entreprises soient au rendez-vous. Tout le combat de ce quinquennat porte sur le travail : il faut qu'il intègre et qu'il paye mieux. Cela passe par des mesures fiscales mais aussi par l'éducation. Les 60 000 gamins qui ont bénéficié des classes dédoublées l'an dernier seront 190 000 cette année. Ils sauront lire, écrire et compter à la fin du CP. Ils ne décrocheront pas dix ans plus tard. Si on arrive à faire en sorte que dans notre pays on ne mette plus six générations à passer d'un milieu populaire à une classe moyenne, on aura remporté la plus belle des batailles. "
La problématique des classes moyennes" Le contrat social des démocraties occidentales repose sur l'idée que l'ascenseur social existe. Les classes moyennes doivent pouvoir croire que le progrès est possible, que le sort de leurs enfants sera meilleur que le leur. Or, aujourd'hui, ce n'est pas le cas et cela donne des poussées d'extrême droite dans des pays comme l'Autriche, l'Allemagne et la Suède, même lorsque le chômage y est faible. Il faut rassurer les classes moyennes parce que, si on les perd, le contrat social sera cassé. La difficulté c'est qu'il faudra cinq ans et peut-être même dix pour y parvenir. "
L'impatience des Français" J'ai bien pris acte que la rentrée était difficile mais si nous gouvernons le nez collé aux sondages, nous ne ferons rien. Si nous godillons, nous perdrons l'horizon et le cap. J'ai confiance en notre intelligence collective. Si nous expliquons le pourquoi des choses, les Français comprendront. Dans le cas contraire, je n'aurais pas de regret, nous aurons fait œuvre utile, et je ferai autre chose. La politique à vie, je n'y ai jamais cru "
L'écologie après le départ de Hulot" Il ne faut pas se raconter d'histoire, le départ du gouvernement de Nicolas Hulot a été un coup dur mais je trouve qu'il a été très sévère avec son propre bilan, En quinze mois, nous avons fait plus qu'aucun autre gouvernement et oui, je vous rassure, nous croyons toujours à la transition écologique. Je dis bien " transition ", car ceux qui portent le drapeau de la révolution écologique n'avancent pas… je conviens que ce n'est pas toujours facile. Prenez la taxe poids lourds ; les mêmes qui, la larme à l'œil vous disent : " Nicolas Hulot a quitté le gouvernement " vous font la leçon sur la taxe poids lourds en vous disant " attention à la révolte des bonnets rouges ".
Dans le projet de loi d'orientation sur la mobilité, qui sera présenté à la fin octobre en conseil des ministres, nous mettons 13,4  milliards sur la table. C'est 40  % de plus que ce qui a été fait jusqu'à présent. La question est de savoir qui paie : il n'est pas invraisemblable de dire que ceux qui utilisent régulièrement les infrastructures doivent participer à leur financement et à leur rénovation. La question se pose pour les transporteurs, notamment étrangers. Nous ne savons pas si nous sommes capables de dissocier la taxe entre les transporteurs français et étrangers, C'est ce que nous examinons mais, sur le principe, je suis favorable à la taxe poids lourds. "
La fronde des élus locaux" Les présidents des grandes associations font de la politique. Ils crient au loup mais sur le terrain le dialogue se noue. Nos prédécesseurs avaient baissé la dotation globale de fonctionnement. Nous, nous avons contractualisé avec les 322 plus grosses collectivités du pays. Beaucoup ont signé, à commencer par le maire de Troyes, François Baroin, qui a mauvaise grâce à dénoncer ce que nous faisons lorsqu'il prend sa casquette de président de l'Association des maires de France ".
Paris" Tout n'est pas à rejeter dans le bilan d'Anne Hidalgo mais son problème c'est l'exécution, et ce sont ses anciens collaborateurs qui en parlent le mieux. Quand vous êtes maire, vous devez mettre les mains dans le cambouis, ouvrir le capot et regarder si le tuyau est branché sur la bonne arrivée. Prendre un service comme Vélib qui marchait bien, qui était copié partout et le faire mourir, j'avoue que c'est incompréhensible… Je dirai au printemps si je suis candidat. Pour le moment ce qui compte c'est le projet et ce projet doit dépasser les strictes bornes parisiennes. Sinon comment expliquer que Paris est une ville-monde avec 2,2  millions d'habitants mais qu'en matière de logement, de transports, de politique sociale, vous faites ça à l'intérieur du périphérique sans parler aux départements de la petite couronne ? Paris est une capitale qui perd sa classe moyenne. L'obsession du futur exécutif qui dirigera la ville sera de la reconstituer. Le sujet n'est pas simple. Il ne suffit pas de partir en guerre contre Airbnb. J'assume la difficulté, nous allons partir à la rencontre de 10 000 Parisiens. Beaucoup de gens se moquent de cette démarche, moi je la crois essentielle. "
Propos recueillis par Philippe Escande, et Françoise Fressoz
© Le Monde

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