Alors que 2017 a été proclamée Année internationale du tourisme durable par l'ONU, la vague verte atteint le voyage d'affaires dans toutes ses dimensions. Hôtels, palais des congrès, etc. : l'ensemble des prestataires de la filière s'en est emparé, ne serait-ce que pour se -conformer aux attentes des clients qui incluent désormais des critères RSE (responsabilité sociétale des entre-prises) dans leur cahier des charges. " L'engagement du prestataire en matière de développement -durable est désormais réclamé par beaucoup de grands groupes ", indique Michel Wittwer, le directeur général du Hyatt Regency Nice Palais de la Méditerranée.
Toutes les grandes chaînes hôtelières se sont ainsi lancées dans une démarche de développement durable. Le groupe Hilton s'est -engagé, en mai 2018, à diviser par deux son empreinte écolo-gique d'ici à 2030. Depuis une vingtaine d'années, le programme Planet 21, mis en place par -AccorHotels, œuvre pour la -conception de bâtiments basse consommation, les économies d'énergie, ou encore contre le -gaspillage alimentaire. Le Novotel de Nantes Carquefou va jusqu'à réutiliser les viennoiseries non consommées du petit déjeuner pour préparer des puddings.
Mais la révolution verte passe aussi par les hôtels 4 et 5 étoiles. Au luxueux Hyatt Regency de Nice, clients et personnel sont sensibilisés à la réutilisation des serviettes pour économiser l'eau.
" On recycle aussi tout ce qui est produit d'hygiène en les donnant à des associations carita-tives ", fait valoir Michel Wittwer. Et, en cuisine, les circuits courts sont favorisés.
Les centres d'accueil et de -congrès, qui génèrent énormément de déchets à travers les manifestations qu'ils reçoivent, repensent aussi leur modèle. Au parc des expositions de Bordeaux, la moquette utilisée lors d'un -événement est recyclée sous forme de revêtement de sol, ou même de chaussons. Du côté de l'événementiel, les sept principales associations professionnelles de la filière ont mis en place une charte écoresponsable dès 2007.
Toutefois, les préoccupations environnementales restent encore secondaires pour la clientèle d'affaires.
" Même si nos clients ont de plus en plus de critères “développement durable”, leur prise en compte au niveau du choix des prestataires reste encore marginale ", révèle Christophe Renard, directeur de CWT Solutions Group.
" Un salarié ne va pas choisir un hôtel parce qu'il est écolabelisé, dit Ziad Minkara, directeur de la centrale CDS Groupe
. Encore faut-il qu'il y ait une sensibilisation des collaborateurs sur ces questions. "
Des labels pas très sérieux
" L'engagement en faveur du développement durable a un coût et -demande une rigueur de gestion ", souligne M. Minkara. Les prestataires sont d'autant moins incités à faire des efforts qu'il n'existe pas vraiment d'aides ou d'obligations en la matière, sauf au niveau de la construction des bâtiments. Tout repose donc sur la bonne volonté des prestataires – et des attentes des clients. Soumises à l'obli-gation de publier des
reportings RSE, les grandes entreprises sont plus concernées que les petites.
Difficile, aussi, de faire le tri dans les structures engagées : les labels " verts " ne sont pas toujours sérieux, et les démarches entreprises relèvent parfois du
green-washing (l'écoblanchiment), et ne sont alors qu'un simple argument de communication. Au niveau des palais d'exposition, le réseau France Congrès précise que 55 % de ses membres ont reçu une certification ou sont engagés dans une démarche de développement durable. Mais il ne recense sur son site Internet qu'une petite vingtaine de centres de congrès certifiés ISO, seule norme officielle, sur les cent vingt que compte la France. Côté hôtellerie, le nombre d'hébergements touristiques titulaires de l'Ecolabel européen, le seul label écologique officiel européen, a régressé pour la première fois entre 2015 et 2016, passant de 286 à 276 structures recensées. Particulièrement exigeant, ce label interdit notamment les échantillons de produits de bain au profit de distributeurs de savon. Un point de détail ? Pas pour les hôtels haut de gamme, qui craignent la réaction de leur clientèle.
Mal connues du grand public, coûteuses et fastidieuses à -obtenir, les certifications restent peu incitatives. Pour changer la donne, la loi de 2015 sur la transition énergétique a mis en place l'affichage environnemental. Moins contraignant que les certifications, cet affichage repose sur une base volontaire : les établissements qui le désirent pourront indiquer à leurs clients leur impact environnemental. Au niveau des hôtels, une centaine d'établissements pilotes participent actuellement à une phase d'expérimentation.
" L'investissement dans le développement durable dépend aussi de la volonté de chaque dirigeant ", observe Ziad Minkara. A bon entendeur…
Catherine Quignon
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