LFoundry, placé en liquidation, obtient un sursis de trois mois
Par Katia DOLMADJIAN, et le bureau de l'AFP à Marseille | AFP – il y a 1 heure 13 minutesAFP/AFP/Archives - Le fabricant de semi-conducteurs LFoundry, qui emploie 613 salariés dans les Bouches-du-Rhône, a été placé jeudi en liquidation judiciaire avec cessation immédiate d'activité, mais le
Le
fabricant de semi-conducteurs LFoundry, qui emploie 613 salariés dans les
Bouches-du-Rhône, a été placé jeudi en liquidation judiciaire avec cessation
immédiate d'activité, mais le gouvernement a arraché un délai supplémentaire de
trois mois qui doit servir à évaluer la crédibilité d'une offre de reprise de
l'outil industriel.
Comme le craignaient
les syndicats, le tribunal de commerce de Paris a prononcé la liquidation
judiciaire "sans maintien d'activité", ce qui va déclencher l'envoi
prochain des lettres de licenciement aux salariés.
Le ministère du
Redressement productif a toutefois annoncé dans la soirée avoir obtenu un
sursis de trois mois, qui ne sauvera pas les emplois mais permettra de
maintenir l'outil industriel dans l'attente d'un éventuel repreneur.
"En accord avec
le liquidateur nommé ce jour, une cellule sera mise en place pour gérer
l'avenir de l'entreprise et en préserver de façon temporaire les actifs",
a souligné le ministère dans un communiqué.
Avant cette annonce,
le délégué Sud Alain Botel estimait qu'il faudrait conserver sur place
"entre 30 et 50 emplois pour préserver l'activité".
Le délai de trois mois
obtenu devra être mis à profit pour confirmer la manifestation d'intérêt
présentée le 19 décembre dernier en séance au tribunal par une entreprise
californienne de micro-électronique, a souligné le ministère. Cette
manifestation d'intérêt, jugée "crédible", avait été assortie d'une
demande de poursuite de l'activité pendant trois mois.
D'autres repreneurs
potentiels pourraient également se manifester durant cette période.
Ce sursis "devra
être employé à confirmer la crédibilité de cette solution de reprise. Ce n?est
qu?à cette condition qu?une issue positive pourra éventuellement être
trouvée", a poursuivi le ministère.
LFoundry, qui emploie
613 personnes à Rousset, près d'Aix-en-Provence, avait été placée en redressement
judiciaire fin juin avec une période d'observation de six mois.
Selon une source
proche du dossier, "les licenciements devraient être prononcés très vite,
sous quinze jours ou trois semaines".
"Ce qui nous
enrage, c'est qu'on va dépenser 80 millions pour licencier 600 personnes, alors
qu'il nous aurait suffi de 25 millions pour pouvoir continuer l'activité, c'est
une aberration!", dénonce M. Botel de Sud.
"On en veut aux
Américains d'Atmel (l'ancien propriétaire, NDLR) de nous avoir vendus à des
escrocs et de ne pas avoir su prendre leurs responsabilités en nous aidant à
tenir quelques mois, on en veut aux actionnaires allemands de nous avoir
pillés, et on en veut aussi au gouvernement qui aurait pu nous aider", a
réagi auprès de l'AFP Patrick Chini, délégué syndical CFDT et secrétaire du
comité d'entreprise.
Une "lueur
d'espoir"
Après l'annonce du
ministère, Michel Millo, délégué CFDT de cette société, a déclaré à l'AFP que
"le fait que l'entreprise ne ferme pas encore est une lueur d'espoir, une
bonne base, même si nous ne sautons pas de joie car nous serons au chômage très
bientôt".
Les personnels se
retrouveront vendredi pour une assemblée générale, avant un comité
d'entreprise, aux côtés du liquidateur Me Stéphane Gorrias.
Selon les syndicalistes,
"il est hors de question de laisser tomber cette usine qui est viable et a
des clients". "Nous avons arrêté la production la semaine dernière
alors qu'on lançait de nouveaux produits en fabrication, c'est
incroyable", a déploré M. Botel
L'usine de Rousset,
créée en 1985, n'a cessé d'accumuler les difficultés depuis le rachat en 2010
par le groupe allemand LFoundry.
Une information
judiciaire a d'ailleurs été ouverte en octobre par le parquet de Paris pour
abus de biens sociaux après la disparition de 20 millions d'euros des comptes
de la société: le comité d'entreprise et la CFDT, à l'origine de la plainte,
estiment que l'argent a été transféré de façon irrégulière vers le groupe
allemand en détresse financière.
Les salariés
considèrent en outre que l'ancien propriétaire Atmel n'a pas rempli ses
obligations, ses commandes devant courir jusqu'en 2014 - au lieu de quoi elles
ont été accélérées et terminées en 2013 à la demande du propriétaire allemand.
Atmel, de son côté, juge avoir rempli ses obligations contractuelles.
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