L'actualité du samedi 28/12/2013
La UNE
Relais
Dans ce
monde hystérisé qui est le nôtre, où une info chasse l’autre avant même que
l’on ait le temps de l’analyser, il est bon, et utile parfois, d’appuyer sur la
touche pause et de donner la parole à celles et ceux qui nous apparaissent
comme des «sages» car délestés de l’ambition du pouvoir. En cette fin d’année
2013, qui a vu la société française se déchirer autour du mariage pour tous et
les injures racistes fuser à un niveau rappelant les pires heures du siècle
dernier, nous avons eu envie d’une longue discussion avec Robert Badinter.
«Sage», il le fut au sens propre puisqu’il a présidé neuf ans durant le Conseil
constitutionnel, de 1986 à 1995. Sage, il le restera surtout à jamais pour
avoir été celui qui, ministre de la Justice sous François Mitterrand, a obtenu
l’abolition de la peine de mort, un combat mené avec courage et passion (à ceux
qui l’ont oublié ou qui n’étaient pas nés à cette époque, relisez son discours
devant l’Assemblée nationale, le 17 septembre 1981, il y a là de quoi
ne jamais plus désespérer de la politique). Courage et passion, ce sont bien
les termes qui viennent à l’esprit pour qualifier celle qui, près de trente ans
plus tard, a pris le relais de Badinter place Vendôme. Christiane Taubira a été
la personnalité marquante de 2013 et il nous a semblé juste, pour ce
dernier «Libé Week-end» de l’année, de demander à son illustre
prédécesseur de revenir sur les attaques dont ils ont tous deux été l’objet -
et, au-delà, sur le rôle du ministère de la Justice aujourd’hui -, lui qui a un
jour prononcé ces mots : «Aussi
prudente que soit la Justice, aussi mesurés et angoissés que soient les femmes
et les hommes qui jugent, la Justice demeure humaine, donc faillible.»
Par Alexandra Schwartzbrod
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