Les cinq dangers qui menacent François
Hollande
Montée du Front national, promesse
difficile à tenir sur la baisse du chômage... Plusieurs épées de Damoclès pèsent
sur le chef de l'Etat.
François Hollande, le 11 juin 2013 à Paris. (CHARLES
PLATIAU / POOL)
Par Michael Bloch
Mis à jour le 17/06/2013 | 18:53 , publié le 17/06/2013 |
18:53
Un peu plus d’un an après la prise de fonction de François
Hollande, de gros nuages se sont amoncelés au-dessus de la majorité. Dernier en
date,l'élimination du candidat socialiste au premier tour de la législative partielle dans la 3e
circonscription du Lot-et-Garonne, dimanche 16 juin. Francetv info
liste les principaux écueils que devra éviter le chef de
l'Etat dans les prochains mois.
Les dissensions avec les Verts
L’élimination au premier tour dans la circonscription de
Villeneuve-sur-Lot du candidat PS, le 16 juin, a ravivé les dissensions entre
le Parti socialiste et Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Le patron du groupe
socialiste à l’Assemblée, Bruno Le Roux, a trouvé, par exemple, "totalement anormal que, sur
des élections partielles, la majorité
présidentielle ne soit pas rassemblée. Incompréhensible et inexcusable." Une analyse partagée par le secrétaire national du PS,
Harlem Désir, qui a regretté "l’éclatement des forces de gauche au premier tour".
Ces critiques ont irrité EELV, qui demande au PS d’éviter
de "chercher des
boucs émissaires", comme l’a tweeté
le 16 juin Jean-Vincent Placé, chef des sénateurs écologistes.
Les Verts menacent régulièrement, depuis leur entrée en gouvernement, de claquer la porte. Dernier grief en date, la fiscalité écologique.
En janvier, Pascal
Durand, secrétaire national d'EELV, avait assuré que les ministres écologistes
ne pourraient plus rester au gouvernement "si le gouvernement ne s’engage pas, en juin ou
en juillet, sur une puissante initiative en faveur de la fiscalité écologique".
Et Jean-Vincent Placé l'a répété le 14
juin : "Si dans
le prochain budget il n'y a pas de fiscalité écologique, nous quitterons le
gouvernement”, a-t-il lancé sur RMC.
Si elle était mise à exécution, cette menace compliquerait
sérieusement la tâche du gouvernement, dont la majorité PS se réduit comme peau
de chagrin depuis juin 2012. En effet, la majorité absolue socialiste à l’Assemblée
Nationale ne tient aujourd’hui qu’à trois sièges.
La menace du Front national
Le PS subit déconvenues électorales sur déconvenues électorales
depuis plusieurs mois et regarde, impuissant, la montée du Front national. Lors
de la législative partielle de mars 2013, dans la 2e circonscription de l'Oise,
la candidate socialiste est éliminée dès le
premier tour. Au second tour, qui oppose FN et
UMP, la candidate frontiste gagne 6 000 voix et près de 22 points, et termine à
48,6% des voix. Et le 16 juin, dans l’ancien fief de Jérome Cahuzac (la 3e
circonscription du Lot-et-Garonne), le candidat PS est également éliminé dès le
premier tour, tandis que le candidat FN progresse de plus de 1 000
voix et de 11 points (comparé à juin 2012), pour terminer à
26% des suffrages.
Cette montée en puissance pourrait permettre au Front
national de conquérir un certain nombre de
municipalités en mars 2014 et de bien figurer
aux élections européennes. Marine Le Pen prédit d'ailleurs que son parti
arrivera en tête du scrutin, comme le note TF1news.
D’autres comptes en Suisse
Le secrétaire national du PS, Harlem Désir, dit ne "pas avoir peur de la vérité". Si les affirmations de Pierre Condamin-Gerbier s’avéraient
exactes, la déflagration politique serait pourtant terrible. Le 13 juin, l’ancien
employé de la banque Reyl & Cie a affirmé détenir une liste "d'une quinzaine" de noms de personnalités politiques détenteurs d'un compte
en Suisse, dont "un
membre éminent de l’actuel gouvernement".
Pour Antoine Peillon, contacté
par francetv info, journaliste à La Croix et spécialiste de l’évasion fiscale, qui détient lui aussi la
fameuse liste, "nous
sommes potentiellement en face d’une autre affaire d’Etat, puisqu’il s’agit de
situations dont Pierre Condamin-Gerbier a été le témoin direct".
Sa propre promesse sur le chômage
"Inverser la courbe du chômage en
2013." Le président François Hollande
s’est engagé, en 2012, à réaliser cet objectif. Il a d'abord annoncé la date de
septembre avant de tabler sur décembre 2013, comme le relève le site de vérification d’infos Lui Président.
Or la majorité des économistes
estiment qu'un tel retournement de conjoncture
est quasi impossible. "Avec l'aggravation de la récession, l'augmentation de la pression
fiscale, le maintien d'un euro trop fort, les destructions d'emploi vont se
poursuivre et la situation sociale va empirer", avance l'économiste Marc Touati, patron du cabinet Acdefi,
cité par Le Figaro.
Il s'agit pourtant d'un engagement fort de François
Hollande. S'il ne parvient pas à faire chuter le chômage, sa majorité devra
subir les tirs de barrages de l’opposition, et pourrait être fragilisée.
Jean-Louis Borloo, président de l’UDI, a déjà prévu d’organiser un "dîner de l’inversion de la
courbe du chômage" le 9 septembre
prochain, un an après la promesse télévisée de François Hollande, comme le relève L’Express.
La délicate réforme des retraites
La rentrée s'annonce compliquée pour le président, qui
devra également gérer le délicat dossier des retraites. Le chef de l'Etat a
d'ores et déjà annoncé qu'il prévoyait de ne pas toucher à l'âge légal, mais "d'augmenter la durée de cotisations".
L'annonce a mécontenté la CGT, qui a décidé
de lancer une journée de mobilisation début septembre contre "une énième réforme des
retraites".
Cette réforme pourrait également créer de nouvelles
dissensions dans la majorité. L'aile gauche du PS s'était montré très réservée en mars 2013 sur l'opportunité d'un tel projet. "On ne doit pas faire, au nom
d'un prétendu réalisme, l'inverse de ce que prônait le Parti socialiste en
2010. On doit faire preuve de cohérence", s'était, par exemple, insurgée la sénatrice Marie-Noëlle
Lienemann
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