La CGT et FO mettent en garde le gouvernement
Reuters/Reuters - CGT et FO ont brandi lundi, trois jours avant une conférence sociale qui portera notamment sur les retraites, la menace d'une mobilisation interprofessionnelle. /Photo d'archives/REUTERS/Jean-Paul
PARIS (Reuters) - La CGT et FO ont brandi lundi, trois jours avant une conférence sociale qui portera notamment sur les retraites, la menace d'une mobilisation interprofessionnelle.
Le numéro un de la CGT
Thierry Lepaon, dont l'organisation a refusé, contrairement à la CFDT, de
signer l'accord du 13 janvier sur la réforme du marché du travail, a déploré
une dégradation de la situation des salariés et un discours gouvernemental
faisant la part trop belle à la responsabilité du coût du travail dans la
crise.
"Aujourd'hui,
c'est la déception qui domine", a déclaré lors d'une conférence de presse
le secrétaire général du premier syndicat français, entouré de ses principaux
lieutenants.
Il a reproché à
l'actuel gouvernement de gauche d'être trop sensible aux arguments du patronat
et aux "injonctions" de la Commission européenne.
Il a annoncé plusieurs
grands meetings dès la rentrée de septembre et une journée d'action
interprofessionnelle calée sur le calendrier parlementaire concernant les
grands dossiers sociaux, dont la réforme des retraites.
François Hollande a
confirmé dimanche soir sur M6 qu'il prévoyait le vote avant la fin de l'année
d'une réforme du système des retraites, qui sera présentée en conseil des
ministres avant la fin septembre et dans laquelle l'allongement de la durée de
cotisation est privilégiée.
Thierry Lepaon a
nouveau contesté les propositions du rapport Moreau remis vendredi au Premier
ministre pour tenter de rééquilibrer les régimes de retraites d'ici 2020 -
rapport qui servira de base aux prochaines discussions sur cette réforme.
"Dans la boîte à
outils, je ne vois qu'un marteau et une enclume et entre les deux il y a les
salariés et les retraités", a ironisé le dirigeant de la CGT.
"Nous
n'accepterons pas une nouvelle diminution de la rémunération du travail et une
remise en cause des droits à la retraite", a-t-il averti plus
sérieusement.
Une position partagée
par le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly.
"Je ne fais pas
de procès d'intention au gouvernement, mais je le préviens sans fard que le
sujet est ultrasensible", a-t-il dit dans un entretien aux Echos daté de
mardi. "Si les pistes retenues ne vont pas dans le bon sens, nous n'hésiterons
aucunement à mobiliser, ni à appeler à des grèves."
LA CFDT DÉFEND UNE
RÉFORME "SYSTÉMIQUE"
Pour Jean-Claude
Mailly, le ton lors de la conférence sociale prévue jeudi et vendredi
"sera plus dur que l'an passé."
"Un an après, le
gouvernement ne peut plus rejeter la faute sur son prédécesseur. La signature
du pacte budgétaire européen, c'est lui", a-t-il dit. "FO aborde ce
rendez-vous fermement décidé à défendre ses positions: le consensus ne se
décrète pas. Il faudra que les débats permettent de déboucher vite sur du
concret, notamment sur l'emploi."
Thierry Lepaon a
déploré, lui, que les syndicats aillent en ordre dispersé à la conférence
sociale, alors que le Medef a refait son unité en s'accordant sur le nom de
Pierre Gattaz pour succéder à Laurence Parisot à la tête de la principale
organisation patronale française.
Il a cependant estimé
qu'il y avait unanimité des organisations syndicales sur au moins neuf points,
de la question de l'égalité professionnelle au refus de la baisse des pensions
en passant par la nécessité d'un plan d'action pour l'emploi et la lutte contre
les discriminations.
La coordinatrice de la
délégation de la CGT, Marie-Laurence Bertrand, a assuré que celle-ci entendait
aborder la conférence sociale "de manière offensive".
"La conférence
sociale doit déboucher sur de nouveaux droits", a-t-elle déclaré. Elle a
précisé que la CGT demanderait notamment le retour du droit au départ à la
retraite à 60 ans "pour tous" au lieu de 62 et un taux de
remplacement de 75% - deux revendications qui n'ont a priori aucune chance
d'aboutir.
Le secrétaire général
de la CFDT, Laurent Berger, a pour sa part de nouveau plaidé sur France Inter
pour une remise à plat des systèmes de retraites beaucoup plus ambitieuse que
celle que François Hollande est semble-t-il prêt à envisager.
La CFDT est en faveur
d'une transition sur 20 ou 30 ans vers un système unique "comme on l'a
fait dans les pays nordiques, qui permettrait d'avoir un système par points qui
soit plus lisible, plus juste", a-t-il expliqué.
Il a admis que ce
n'était pas la réforme envisagée à ce stade. "Mais ça ne veut pas dire
qu'il ne faudra pas, dans cette réforme, avoir des mesures de justice sociale
beaucoup plus fortes que ce qu'on a aujourd'hui", a-t-il ajouté.
Emmanuel Jarry, édité
par Marine Pennetier
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