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lundi 18 juin 2018

Touffeur et pollution extrêmes à New Delhi


17 juin 2018

Touffeur et pollution extrêmes à New Delhi

Une tempête de poussière piège la ville indienne

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C'est " la pire pollution de ces vingt dernières années ", selon les services météorologiques. Depuis lundi 11  juin, la capitale de l'Inde et toutes les régions alentour subissent l'assaut d'une nouvelle tempête de sable et de poussière. Alors qu'un premier événement de ce type, pourtant exceptionnel d'après les experts du climat, s'était déjà produit début mai, Delhi se retrouve encore plongée dans un brouillard sec, une brume à l'odeur âcre qui voile le soleil et porte la pollution de l'air à des niveaux extrêmement dangereux pour la population, aggravant l'image d'une ville déjà réputée être l'une des plus polluées au monde.
D'ordinaire, c'est en novembre que Delhi bat des records de pollution, lorsque les feux d'artifice de la fête hindoue de Diwali viennent s'ajouter aux fumées des brûlis pratiqués dans les campagnes du Pendjab et de l'Haryana voisins, et que les premières chutes de température plaquent au sol les particules en suspension.
En mai et juin, au contraire, bien que la saison soit la plus chaude de l'année, avec un mercure dépassant allègrement les 45°  C, l'air est en général plus sain. Or cette fois, on observe " un phénomène très inhabituel, avec une poussière qui ne retombe pas et un ciel qui reste obscur ", explique Mahesh Palawat, vice-président de la société privée de prévisions météo SkyMet Weather.
Air surchargéEn attendant les premières pluies de la mousson, prévues à la fin du mois et qui devraient les soulager, les habitants de Delhi prient pour que les vents tournent. Ils respirent pour le moment un air surchargé en PM10, des particules dont le diamètre ne dépasse pas 10  micromètres et qui, en s'infiltrant dans les poumons, peuvent entraîner des maladies graves chez ceux qui y sont exposés à long terme. Vendredi 15  juin, la concentration de ces PM10 tournait autour de 600 à 700  µµg par mètre cube, loin du plafond admissible de 50  µµgµ fixé par l'Organisation mondiale de la santé. La veille, un pic avait même été enregistré, localement, à 1 300  µg par mètre cube d'air.
D'après le chirurgien pulmonaire Arvind Kumar, interrogé par l'Agence France-Presse," les plus durement touchés sont les nouveau-nés et les enfants, car leurs voies respiratoires sont petites "" La poussière et les polluants toxiques entraînent un gonflement de leur trachée qui restreint le flux d'air ", précise-t-il, ajoutant que si une telle situation survenait en Occident, " les villes auraient été évacuées ". Le Bureau central de contrôle de la pollution, qui relève du ministère de l'environnement, des forêts et du changement climatique, a lancé une alerte à la population, recommandant vivement de ne pas rester dehors " plus de trois ou quatre heures par jour " et ce, jusqu'à au moins dimanche.
Les causes de ces tempêtes inquiétantes sont le résultat d'une accumulation de phénomènes. Alors que le nord de l'Inde connaît de solides conditions anticycloniques, il est traversé par des vents violents orientés nord-ouest, soufflant depuis les déserts d'Asie centrale et balayant en premier lieu l'Etat très sec du Rajasthan.
L'effet de ces vents se cumule avec les nuages de poussières émis par les nombreux chantiers de travaux publics à l'œuvre dans l'agglomération, ainsi qu'avec une pollution à l'ozone " de plus en plus forte " repérée récemment par le Centre pour la science et l'environnement, basé dans la capitale indienne. Pour ne rien arranger, " le nuage piège une partie des rayonnements solaires dans l'atmosphère, entraînant une hausse des températures nocturnes ", fait remarquer SkyMet Weather.
La région commence maintenant à compter ses morts. Alors qu'on dénombrait 125 victimes en mai, 15 personnes sont déjà mortes depuis le 11 juin et 28 autres ont été blessées dans l'Uttar Pradesh, Etat qui borde Delhi, selon un bilan provisoire. En cause : les chutes d'arbres, mais surtout les effondrements de bâtiments provoqués par des courants d'air verticaux descendants. – (Intérim.)
© Le Monde

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