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samedi 30 juin 2018

L’Équateur continue d’employer la manière forte avec Assange. Par James Cogan

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                               Les Crises

29.juin.2018 // Les Crises



L’Équateur continue d’employer la manière forte avec Assange. Par James Cogan


Source : James Cogan, Consortium News, 07-06-2018
Le lendemain de son élection à la présidence de l’Assemblée générale de l’ONU, la ministre équatorienne des Affaires étrangères a déclaré que Julian Assange resterait au secret à l’ambassade de l’Équateur à Londres, comme l’explique James Cogan.
Par James Cogan
Lundi, la Ministre équatorienne des Affaires étrangères María Fernanda Espinosa a été élue pour un mandat d’un an à la présidence de l’Assemblée générale des Nations unies. Mardi, elle a déclaré que son gouvernement continuerait de bloquer toutes les communications du rédacteur en chef de WikiLeaks Julian Assange et de lui refuser tout visiteur personnel. Mercredi, cela a fait 10 semaines que le gouvernement équatorien a privé Assange de ses droits qu’il est tenu d’honorer après lui avoir accordé l’asile politique dans son ambassade à Londres en 2012.
Le vote de l’Assemblée générale en faveur d’Espinosa a été important : 128 voix pour 62 voix pour l’autre candidate, l’ambassadrice du Honduras auprès de l’ONU, Mary Elizabeth Flores Flake. Il y a eu deux abstentions. On croyait que Washington favorisait le Honduras parce que son gouvernement de droite soutenait la relocalisation provocatrice de l’ambassade des États-Unis en Israël à Jérusalem. Après le vote, Espinosa a de nouveau laissé entendre que l’Équateur s’efforce de faire sortir Assange de l’ambassade et de le remettre entre les mains de la police en attente et dans la perspective d’une extradition vers les États-Unis sur la base d’accusations d’espionnage. Elle a déclaré qu’elle était en discussion avec les autorités britanniques et les avocats d’Assange. « Je pense que toutes les parties sont intéressées à trouver une sortie, une solution à cette situation complexe », a-t-elle déclaré.
L’année dernière, le président équatorien Lenín Moreno a qualifié Assange de « hacker » et a décrit l’octroi de l’asile politique par le président précédent comme un « problème hérité ».
Aujourd’hui Washington réclame la tête d’Assange. Le directeur de la CIA, Mike Pompeo, aujourd’hui secrétaire d’État américain, a affirmé l’an dernier que WikiLeaks était une « agence de renseignement hostile non officielle », en raison de la publication de documents dénonçant les opérations des services de renseignement américains.
Il semble qu’Assange soit utilisé comme monnaie d’échange dans les négociations sordides entre les États-Unis et l’Équateur. Le 4 juin, le vice-président américain Mike Pence a rencontré Moreno. Alors que la persécution d’Assange s’intensifiait, Pence a publié une déclaration louant leur discussion sur les « opportunités de redynamiser les relations bilatérales » entre les deux pays. Pence a dit que les deux pays travailleraient ensemble pour « protéger et promouvoir la liberté » et « construire la prospérité, la sécurité et la démocratie ».
Cette « liberté » n’inclut apparemment pas la liberté d’expression ou la liberté de la presse, du moins en ce qui concerne WikiLeaks. La « démocratie » n’inclut apparemment pas le droit de dénoncer les crimes de guerre et autres méfaits des États-Unis et d’autres gouvernements occidentaux. La « liberté » embrassée par Pence signifie se soumettre aux intérêts des plus riches du monde.
Les discussions manifestement amicales entre Moreno et Pence et la victoire d’Espinosa à l’ONU font suite aux attaques de Moreno contre Assange la semaine dernière.
Pence : marchandage autour d’Assange
Le 30 mai, Moreno a de nouveau laissé entendre que l’Équateur reviendra sur l’asile politique que le gouvernement précédent avait accordé au rédacteur de WikiLeaks en 2012. Moreno a déclaré qu’Assange ne pouvait rester à l’ambassade de Londres qu’à la condition d’accepter une interdiction permanente de « parler publiquement de politique ou d’intervenir dans la politique d’autres pays ».
Espinosa a déclaré lundi que des termes aussi flagrantes et antidémocratiques n’étaient « pas une question de censure ». En réalité, Assange a reçu un ultimatum inacceptable. À moins qu’il ne renonce à la mission de WikiLeaks, qui est de publier et de commenter les fuites de dénonciateurs qui exposent la criminalité institutionnelle et les abus des gouvernements et des entreprises dans le monde entier, il sera forcé de quitter l’ambassade pour être arrêté et emprisonné par la police britannique en attente d’une accusation liée à une mise en liberté sous caution.
Assange a contesté les conditions de sa libération sous caution en juin 2012 et a demandé l’asile en Équateur parce que sa vie était en danger. Le seul motif derrière les efforts pour l’extrader vers la Suède, pour soi-disant répondre à des « questions » dans le cadre d’une enquête sur des allégations d’infractions sexuelles, était de le faire taire pendant que Washington demandait son extradition pour être jugé pour des accusations d’espionnage potentiellement passibles de la peine de mort.
Une instance de l’ONU a appelé à sa libération
Après des années de retard, fin 2016, la police et les procureurs suédois ont accepté l’offre répétée d’Assange d’être « interrogé » à Londres. Elle a pris cette mesure tardivement après une décision rendue en décembre 2015 par le Groupe de travail de l’ONU sur les détentions arbitraires.
Cette décision était la suivante : « Le Groupe de travail a estimé que M. Assange a été soumis à différentes formes de privation de liberté… La détention était arbitraire parce qu’il a été placé en isolement pendant la première phase de détention et en raison du manque de diligence du Procureur suédois dans ses enquêtes, ce qui a entraîné la détention prolongée de M. Assange ».
La décision a conclu : « Le Groupe de travail a également estimé que la détention devrait prendre fin et que M. Assange devrait avoir droit à une indemnisation ».
En mai 2017, la Suède a finalement abandonné son enquête. Assange était toujours dans l’impossibilité de quitter l’ambassade, car le gouvernement britannique de la Première ministre Theresa May a souligné qu’il demandera son emprisonnement pour s’être dérobé à la justice. De plus, il a refusé d’écarter la possibilité de le maintenir en détention pendant que ses avocats menaient une longue bataille juridique contre un mandat d’extradition américain.
Avec chaque jour qui passe, le danger auquel Assange fait face augmente. Depuis six ans, il est confiné dans un petit bâtiment sans accès direct à la lumière du soleil. Il s’est vu refuser des traitements médicaux et dentaires pour des problèmes de santé graves. Aujourd’hui, on lui a fait subir des pressions supplémentaires en l’empêchant de poursuivre son travail de journaliste, et on lui a refusé toute communication ou contact avec l’extérieur, même avec sa famille.
L’opération de vindicte en cours vise soit à forcer Assange à quitter « volontairement » l’ambassade, soit à créer des conditions dans lesquelles l’Équateur l’expulsera en prétendant qu’il en a « violé » les termes.
Appels à manifestations
Pilger : Assange n’est pas seul.
Des manifestations et veillées importantes sont organisées pour défendre Assange. Elles doivent être comprises non pas comme des protestations ponctuelles, mais comme le renouvellement d’une campagne déterminée pour gagner sa liberté, surtout s’il est incarcéré de force dans une prison britannique et fait face à une longue lutte juridique contre l’extradition vers les États-Unis.
Le journaliste John Pilger a appuyé la manifestation du 17 juin à Sydney, en Australie. Pilger a dit :
« La manifestation organisée pour le dimanche 17 juin, en soutien à Julian Assange, est l’une des plus importantes et urgentes depuis de nombreuses années. Deux jours après cette date, cela fera six ans que Julian a été contraint de se réfugier à l’ambassade de l’Équateur à Londres.
S’il sort de l’ambassade, il est plus que probable qu’il sera extradé vers les États-Unis pour des accusations fabriquées d’espionnage. Cela signifie que lui et WikiLeaks ont rendu un service public extraordinaire en révélant les mensonges et les crimes de grande portée. C’est du vrai journalisme.
Julian est un rédacteur en chef courageux persécuté pour avoir exercé un droit inscrit dans la Constitution des États-Unis. Aujourd’hui, il n’a jamais été aussi isolé, la communication et le droit de visite lui sont coupés. Ici, dans son pays d’origine, nous devons lui faire savoir qu’il n’est pas seul, et nous demandons au gouvernement Turnbull de s’acquitter de ses responsabilités en vertu du droit international et de ramener Julian chez lui. »
Partout dans le monde, des millions de travailleurs et d’autres opprimés entrent dans de gigantesques luttes pour leur droit social à un niveau de vie décent, à l’éducation et aux soins de santé, et contre la persécution des réfugiés et des immigrants, les politiques de l’État policier et la menace de guerre. Ces luttes sont inséparables de la lutte pour les droits démocratiques, y compris la fin de la censure sur Internet et la défense d’un média libre, critique et indépendant, comme WikiLeaks.
Une version de cet article a été initialement publiée sur le WSW [Web Socialist Website, NdT]
James Cogan est le secrétaire national du Socialist Equality Party d’Australie.
Source : James Cogan, Consortium News, 07-06-2018
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.
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Aladin0248 // 29.06.2018 à 07h10
Tous ces gens n’ont que le mot liberté à la bouche. La formule ” liberté d’expression n’a d’intérêt pour eux que tant qu’ils peuvent la placer dans un discours politique. Quelle hypocrisie. Notre Macron national aurait pu démontrer la sincérité de son discours en matière de “La France pays des droits de l’homme” en hébergeant Assange, prisonnier politique dont la vie est réellement menacée… hélas, sur ce point une fois encore l’affaire se présente bien comme un test décisif (Litmus test). Les Droits de l’Homme sont un slogan à géométrie variable. On le savait.

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