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lundi 18 juin 2018

Vladimir Poutine profite de l'ouverture du Mondial pour réformer les retraites


17 juin 2018

Vladimir Poutine profite de l'ouverture du Mondial pour réformer les retraites

Les Russes bénéficient d'un seuil de départ parmi les plus bas au monde, hérité de l'URSS

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La fête est un peu gâchée. Le jour du coup d'envoi de la Coupe du monde de football, organisée pour la première fois sur son territoire, le gouvernement russe a saisi l'occasion, jeudi 14  juin, pour annoncer le relèvement progressif de l'âge de la retraite, brisant ainsi un tabou vieux de près de quatre-vingt-dix ans. Jamais jusqu'ici le Kremlin ne s'était risqué à remettre en cause un acquis social maintenu depuis l'époque soviétique, pas même Vladimir Poutine. " Tant que je suis président, une telle décision ne sera pas prise ", avait-il promis en  2005.
C'est pourtant chose faite, à peine plus d'un mois après son investiture pour un quatrième mandat. Peu avant la cérémonie d'ouverture du Mondial, le premier ministre, Dmitri Medvedev, a annoncé la mise en œuvre d'une réforme contenue dans un projet de loi qui aboutira " à partir de 2019, étape par étape, à atteindre un âge de départ à la retraite à 65 ans pour les hommes en  2028, et 63 ans pour les femmes en  2034 ".
Les Russes bénéficiaient jusqu'à présent d'un seuil de départ parmi les plus bas au monde, 60 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes. Mais sur les 46  millions de retraités que compte le pays, une bonne -partie, plus de 15  millions selon les statistiques officielles, continue de travailler tant le niveau des pensions est faible, 13 323 roubles en moyenne par mois, soit 183  euros.
" Décision avantageuse "L'espérance de vie, qui a crû, passant à 67,8 ans en moyenne pour les hommes nés en  2018 et à 77,7 ans pour les femmes (contre respectivement 61,9 et 74,2 dix ans auparavant, en  2008), augmente chaque année le nombre de retraités et rend la mesure " nécessaire " aux yeux du gouvernement. " La situation démographique et celle du système de retraites peuvent conduire à un déséquilibre au point que l'Etat ne pourrait plus remplir ses obligations ", a fait valoir M. Medvedev, en mettant en avant un risque de " pénurie de main-d'œuvre ". Les nombreux régimes spéciaux, toutefois, notamment pour les militaires, resteront inchangés, a-t-il assuré.
Il n'y a guère que l'ancien ministre des finances, Alexeï Koudrine, chef des libéraux, à s'être réjoui d'une " décision avantageuse pour les citoyens - qui - permettra d'augmenter les retraites ". " Et si on change de sexe, on pourra partir avant ? ", a grincé un internaute mécontent. " Pendant les Jeux, on reprend le pain ", a titré de son côté le journal Novaïa Gazeta.
Les dénégations du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, assurant, vendredi matin, que les retraites ne faisaient pas partie des prérogatives du président, " qui ne participe pas à ce processus " n'ont pas arrangé les choses, loin s'en faut. " Si le président ne participe pas, il n'a qu'à pas signer cette loi ! ", fulmine Andreï sur les réseaux sociaux." C'est un complot de Medvedev et Koudrine, ironise Leonid Volkov, adjoint à l'opposant Alexeï Navalny, pour son prochain mandat, Poutine va devoir se débrouiller avec eux. "
Une mauvaise nouvelle n'arrivant jamais seule, le gouvernement a également annoncé, jeudi, une autre mesure douloureuse pour le pouvoir d'achat des Russes, l'augmentation de la TVA de 18  % à 20  % – hors nourriture, biens de consommation pour enfants et matériel médical – inscrite dans un deuxième projet de loi, bientôt lui aussi soumis au Parlement. Vendredi, la banque centrale de Russie a annoncé qu'elle maintenait son taux directeur à 7,25  %, pour la deuxième fois d'affilée, prolongeant la pause dans son cycle de baisse en raison du risque que fait peser sur l'inflation la hausse de la TVA.
Isabelle Mandraud
© Le Monde

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