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samedi 30 juin 2018

Trump devrait rencontrer Poutine en juillet


29 juin 2018

Trump devrait rencontrer Poutine en juillet

Le principe d'un sommet dans un pays tiers a été décidé lors de la visite de John Bolton à Moscou

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La date et le lieu – dans un " pays tiers ", en territoire neutre mais " très pratique pour la Russie comme pour les Etats-Unis " – devaient être annoncés conjointement jeudi 28  juin. Du moins, le principe d'une rencontre exclusive entre Vladimir Poutine et Donald Trump, qui ne se sont vus jusqu'à présent qu'à deux reprises en marge de réunions internationales – la dernière fois en novembre  2017, au Vietnam –, est-il acquis. " Ce sera le sommet international le plus important de cet été ", a promis Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique du Kremlin. Il pourrait se tenir mi-juillet dans une capitale européenne, Helsinki, en Finlande, selon les premières rumeurs.
Les deux parties sont parvenues à cet accord, mercredi, à l'issue de plusieurs heures de discussions avec John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale du président américain. Sa présence à Moscou, malgré son profil de nationaliste partisan d'une ligne dure sur tous les sujets internationaux, y compris sur la Russie, était attendue. La dernière visite d'un officiel américain, en l'occurrence l'ancien secrétaire d'Etat Rex Tillerson, remontait à avril  2017. Depuis, plus rien.
Donald Trump n'a pourtant cessé de proclamer sa volonté de " s'entendre avec la Russie " de Vladimir Poutine, pendant la campagne présidentielle comme après son arrivée à la Maison Blanche. Une volonté d'ouverture qui rompait avec le climat glacial en vigueur auparavant et avec la défiance traditionnelle du Parti républicain. Mais le président des Etats-Unis a pourtant dû patienter.
Son dessein a en effet été contrarié par les interférences prêtées à la Russie par le renseignement américain pendant la campagne présidentielle de 2016. Des accusations qui s'étaient traduites par une première vague d'expulsions de diplomates russes en poste aux Etats-Unis à la veille de son intronisation, auxquelles Moscou avait choisi de ne pas riposter.
Initiatives américainesVladimir Poutine a eu beau nier, lors de leur rencontre au Vietnam selon Donald Trump, la moindre implication de son pays, l'enquête du procureur spécial nommé pour ce dossier, Robert Mueller, s'est pourtant traduite par la mise en cause d'agents russes présumés, ainsi que celle d'un proche du président, Paul Manafort, même si le locataire de la Maison Blanche a traîné les pieds pour appliquer parallèlement des sanctions votées par le Congrès.
Une série d'initiatives américaines a également rappelé les principaux contentieux qui opposent les deux pays. Tout d'abord des attaques, à deux reprises, en  2017 et en  2018, contre le régime syrien allié de Moscou en représailles à des bombardements chimiques imputés à l'armée syrienne.
Prenant le contre-pied de son prédécesseur, Donald Trump a également autorisé en  2017 la livraison d'armes létales à l'Ukraine, où des forces séparatistes prorusses continuent de défier Kiev. En mars, à la suite de la tentative d'empoisonnement au Royaume-Uni d'un ancien agent russe, et en coordination avec ses alliés européens, le président des Etats-Unis a enfin expulsé des dizaines de Russes présentés officiellement comme des diplomates par la Russie. Qui a répliqué par des expulsions similaires.
" Votre venue à Moscou nous donne l'espoir que nous serons en mesure de faire des premiers pas pour rétablir des relations complètes entre nos Etats, a déclaré mercredi Vladimir Poutine en accueillant son hôte. Malheureusementje suis obligé de constater que les relations russo-américaines ne sont pas au meilleur de leur forme. " " Mais, comme je l'ai déjà dit, et je le répète ici, c'est en grande partie le résultat d'une lutte interne acharnée aux Etats-Unis. La Russie n'a jamais cherché la confrontation ", a-t-il affirmé.
En plein déroulement de la Coupe du monde de football sur son territoire, le chef du Kremlin n'a pu s'empêcher de conclure ces propos préliminaires par un conseil aux Etats-Unis, futur pays hôte, avec le Canada et le Mexique, du Mondial 2026. " Nous partagerons avec plaisir notre expérience avec vous ", a-t-il glissé avec le sourire. " Même dans le passé, lorsque nos pays connaissaient des divergences, nos dirigeants et leurs conseillers se rencontraient et je pense que c'était bénéfique pour les deux pays, bénéfique pour la stabilité mondiale et le président Trump a cela à cœur ", a opiné M. Bolton sans se départir de sa raideur sous sa légendaire moustache. " Le faucon s'est fait pigeon ", relevait, non sans humour, TV Dojd, une chaîne indépendante russe.
" Sonder l'état d'esprit "Comme l'a assuré avec irritation M.  Bolton lors d'une conférence de presse, " toute la gamme " des sujets sensibles devraient être abordés lors du futur sommet qui devrait comporter, selon les détails fournis par M.  Ouchakov, un tête-à-tête, un repas de travail, une conférence de presse commune et une déclaration conjointe des deux parties. Mais rien de ce qui fâche, des sanctions américaines à l'Ukraine en passant par les accusations d'ingérence dans les élections aux Etats-Unis, n'a réellement compté mercredi.
" Pour Poutine, il est important de sonder l'état d'esprit de son interlocuteur et de positionner la Russie comme un partenaire incontournable des Etats-Unis ", souligne Fiodor Loukianov, président du Conseil russe pour la politique étrangère et de défense, cité par Interfax. Selon cet expert, toutefois, " il n'y aura aucune percée et il ne peut pas y en avoir "" Des changements qualitatifs nécessitent du temps, explique-t-il, et ces derniers ne sont possibles que si la volonté des dirigeants se combine avec - celle -des élites politiques. "
Les tentatives de réchauffement entre Moscou et Washington n'en sont pas, il est vrai, à leur premier essai. Les deux dernières tentatives, dans les derniers mois de la présidence de George W. Bush, puis après l'élection de Barack Obama, ont tourné court.
Très actif, l'ambassadeur américain en Russie, John Huntsman, un républicain nommé par M. Trump, s'emploie désormais à faire venir, prochainement, des sénateurs en Russie. En décembre  2017, la dernière tentative s'était soldée par un fiasco. Dans le groupe pressenti, la sénatrice démocrate du New Hampshire, Jeanne Shaheen, s'était vu refuser son visa par Moscou. Cette fois, cependant, les élus ne devraient comprendre que des républicains.
En dépit des contentieux, le bilan des premiers mois passés par Donald Trump à la Maison Blanche n'est pas entièrement négatif pour son homologue russe. Car le président des Etats-Unis ne cesse de multiplier les tensions avec ses alliés européens. Tout d'abord en affichant sa tiédeur vis-à-vis de l'OTAN, présentée comme un fardeau financier injustement supporté par son pays. Ensuite en ouvrant les hostilités contre ces mêmes alliés dans le domaine du commerce international.
Isabelle Mandraud et Gilles Paris
© Le Monde

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