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vendredi 3 août 2018

Education : le gouvernement lance son chantier de réorganisation


3 août 2018

Education : le gouvernement lance son chantier de réorganisation

Une refonte de la formation des enseignants a été annoncée

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Le premier ministre, Edouard Philippe, et le ministre de l'éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, ont dévoilé, jeudi 2  août, la liste des chantiers qu'ils comptent ouvrir pour " transformer le service public de l'éducation " – " à moyens contraints ", a précisé M. Philippe dans un entretien à Ouest-France le 1er  août. Après les réformes qui concernaient les élèves (dédoublement des cours préparatoires et élémentaires, obligation scolaire dès 3 ans, réforme du baccalauréat), il s'agit de s'attaquer aux ressources humaines et à la formation des enseignants. " La formation initiale des professeurs ne nous donne pas satisfaction, souligne Jean-Michel Blanquer, également dans Ouest-FranceC'est vrai depuis des décennies et cela explique nos résultats parfois décevants dans les classements internationaux, par exemple dans l'apprentissage des mathématiques. "
Prime spécifique en REP +Le gouvernement veut donc refondre la formation initiale des professeurs après la relance, en  2013, des écoles supérieures de professorat et d'éducation et celle des masters métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation, au bilan mitigé. Le rapport remis en juillet par Daniel Filatre, recteur de l'académie de Versailles, préconise des formations plus individualisées pour tenir compte des parcours des étudiants, alternant stages et cours, en renforçant les disciplines fondamentales, notamment les mathématiques. Le moment du concours de recrutement pourrait être différent selon qu'il est destiné aux professeurs du premier ou du -second degré, et une large place serait faite aux candidats plus âgés qui envisagent une " seconde carrière ", en leur proposant une formation spécifique.
Autre objectif, le renforcement de la formation continue, qui -concerne trop peu de professeurs aujourd'hui. Elle se déroulerait hors du temps scolaire et serait couronnée par des avancées de carrière ou des augmentations de salaire. Des postes à profil seraient proposés pour des enseignants aux compétences particulières, en informatique et dans le numérique, qui ont une expérience en réseau d'éducation prioritaire ou comme conseiller principal d'éducation en internat.
Pour renforcer l'attractivité du métier de professeur et valoriser l'engagement de ceux qui affrontent un contexte plus difficile, par exemple en réseau d'éducation prioritaire, une prime spécifique de 1 000  euros par an serait versée dès la rentrée 2018 aux 45 000 personnels concernés. Elle passerait à 2 000  euros en septembre  2019 et à 3 000  euros en septembre  2020, une part variable pouvant y être intégrée. Tout cela étant à discuter avec les syndicats. Pour améliorer le pouvoir d'achat des personnels, des heures supplémentaires pourraient être envisagées.
L'éducation nationale veut aussi développer une gestion des ressources humaines de proximité, à l'instar des expérimentations menées à Lyon et Toulouse, avec, dans chaque académie, des fonctionnaires plus attentifs au terrain, aux demandes des enseignants et des établissements.
Pour faciliter la vie des parents, de l'administration et des établissements, un certain nombre de démarches pourront se faire par Internet – inscription, demande de bourse, cantine – avec un déploiement progressif jusqu'en  2021.
Le ministre a prudemment écarté toute réforme statutaire et la création d'un nouveau corps d'enseignants : les statuts de certifiés et d'agrégés perdureront, le sujet étant syndicalement trop sensible. " Je ne crois pas que la question de l'attractivité du métier passe par une réponse purement statutaire qui aurait à la fois beaucoup agité les esprits et mis beaucoup de temps à aboutir, estime M.  Philippe. Avec Jean-Michel Blanquer, nous privilégions les réponses concrètes et opérationnelles, comme la prime en REP +, le développement des heures supplémentaires et l'attraction de personnes susceptibles de rejoindre l'éducation nationale dans une seconde carrière. "
L'organisation territoriale de l'administration de l'éducation nationale sera bouleversée et redécoupée en 13 académies, comme autant de régions et avec le même périmètre, excepté peut-être en Ile-de-France. Les recteurs sont priés de dialoguer avec les élus et de proposer une nouvelle carte d'ici à 2020 intégrant un équilibre territorial des ressources.
Enfin, dans le but d'instaurer une culture de l'évaluation, des tests d'acquis des élèves seront, dès septembre, organisés en début et milieu du cours préparatoire, en début de CE1, à l'entrée en 6e puis en 2de toutes filières confondues. Une instance ou agence sera créée par voie législative, au premier trimestre 2019, pour évaluer les établissements scolaires. Une mission de préfiguration sera, dès cette rentrée, confiée à un expert.
Isabelle Rey-Lefebvre
© Le Monde

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