J'espère que vous avez rechargé les batteries. Les nôtres sont pleines ! " A l'issue du conseil des ministres de rentrée, qui s'est tenu à l'Elysée mercredi 22 août, le porte-parole du gou-vernement Benjamin Griveaux a donné le ton. Pas question pour l'exécutif de ralentir ou de changer de cap après la pause estivale et l'affaire Benalla, dont les soubresauts ont pourtant fait tanguer la majorité.
Selon M. Griveaux, Emmanuel Macron a profité de ce premier conseil pour indiquer à ses ministres que
" la rentrée du gouvernement doit s'inscrire dans la cohérence et l'intensité de la transformation qui a été celle engagée -depuis un an pour notre pays ". " Rien ne - doit -
nous faire dévier de la stratégie qui a été décidée par les Français ", a ajouté le président, qui devrait encore passer quelques jours de vacances au fort de Brégançon (Var) en fin de semaine.
Alors que la réforme des institutions semblait encalminée, à la suite de l'abandon des débats à l'Assemblée nationale en juillet pour cause de scandale Benalla, M. Macron a ainsi affirmé qu'il n'était pas question d'y renoncer.
" Nous sommes très attachés à ce que nous puissions réviser la Constitution, c'est aussi le souhait qui s'est exprimé très clairement dans les urnes lors des élections présidentielle et législatives ", a déclaré M. Griveaux. Pour autant, aucune date pour la reprise de l'examen du texte n'a été donnée.
" Le plus tôt sera le mieux ", a seulement glissé le porte-parole du gouvernement. Certains députés de la majorité évoquent quatre jours de discussions à trouver dans le calendrier parlementaire.
" Ça se trouve, on peut ouvrir deux week-ends de plus ", assure l'un d'eux.
Longtemps repoussée, la loi Pacte destinée à doper la croissance des entreprises devrait être finalement examinée en septembre. Ce texte, qui comprend de nombreuses mesures de simpli-fication, notamment pour les PME et les TPE, mais aussi une réforme de l'épargne salariale ou l'ouverture des privatisations, est très attendu par le patronat.
Signe de cette attention portée aux entreprises, le premier ministre, Edouard Philippe, se rendra le 28 août à l'université d'été du -Medef, alors qu'il avait snobé l'événement l'an dernier. Neuf autres membres du gouvernement, dont les ministres de l'économie, Bruno Le Maire, et du travail, Muriel Pénicaud, sont également attendus à Jouy-en-Josas (Yvelines). Pour -contenter l'aile gauche de sa majorité et tenter d'incarner le volet " protéger " du projet présidentiel, l'exécutif a confirmé la présentation
" à la mi-septembre " d'un plan destiné à lutter contre la pauvreté. Plusieurs autres réformes sont annoncées dans le domaine social : celle de l'hôpital mais aussi du traitement de la dépendance, un sujet sur lequel tous les gouvernements se sont penchés, mais
" rarement traité " selon M. Griveaux. La mise en place en 2019 d'un régime unique de retraite, un projet potentiellement explosif tant les syndicats y sont opposés, a également été confirmée.
Nouvelles baisses de dépensesMais le gros morceau de la rentrée sera évidemment la préparation du projet de loi de finances pour 2019. C'était l'objet de la réunion qui s'est tenue à l'Elysée, mercredi 22 août, après le conseil des ministres. Outre le premier ministre, Edouard Philippe, Emmanuel -Macron avait convoqué les ministres de l'économie, Bruno Le Maire, de l'action et des comptes publics, Gérald Darmanin, mais surtout de la santé, Agnès Buzyn, et du travail, Muriel Pénicaud. Une liste de participants tout sauf anodine, tant les deux derniers ministères devraient être mis à contribution en termes d'économies.
Le gouvernement, confronté à une croissance qui donne des signes de faiblesse, sait que le budget 2019 devra prévoir de nou-velles baisses de dépenses s'il veut tenir ses engagements européens. En juin, l'exécutif a assuré au Parlement qu'il pourrait limiter le déficit public à 2,3 % du PIB en 2019, comme en 2018. La part de la dépense publique dans la richesse nationale passera, quant à elle, de 54,3 % en 2018 à 53,4 % en 2019, a encore promis le gouvernement. Le tout en baissant les impôts et la dette.
Une équation infernale qui implique des choix nets sur les politiques publiques. Le budget de Mme Pénicaud devrait ainsi perdre plus de 2 milliards d'euros entre 2018 et 2019 (passant de 15,2 milliards à 13,1 milliards), avec notamment une nouvelle réduction du nombre de contrats aidés. Le ministère de la cohésion des terri-toires devrait aussi renoncer à 1,2 milliard d'euros (de 17,2 à 16,1 milliards). Par ailleurs, plusieurs milliers de postes de fonctionnaires seront supprimés. Edouard Philippe dévoilera les derniers arbitrages de l'exécutif
" dans les prochains jours " (dimanche, selon les informations du
Monde), a assuré M. Griveaux.
Reste à savoir si cette nouvelle salve de réformes réussira à convaincre les Français que M. Macron est toujours l'homme de la situation. Selon un sondage Elabe, publié mercredi 22 août, 58 % des personnes interrogées considèrent que la politique du gouver-nement dégrade leur situation personnelle, et seulement 16 % qu'elle améliore celle du pays.
Benoît Floc'h, et Cédric Pietralunga
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