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lundi 27 août 2018

Siemens pourrait supprimer 20 000 postes d'ici cinq ans


25 août 2018

Siemens pourrait supprimer 20 000 postes d'ici cinq ans

Ce plan viserait les services administratifs, où environ un emploi sur deux disparaîtrait

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Le conglomérat industriel allemand Siemens s'apprête à ouvrir le prochain chapitre de sa longue restructuration. Ainsi, 20 000 emplois pourraient disparaître dans ses services administratifs d'ici cinq ans. Cette vague de suppressions de postes avait été annoncée dans le plan stratégique Vision 2020 +, présenté début août par Jœ Kaeser, le patron du groupe, mais sans précision sur son ampleur.
C'est la revue allemande Manager Magazin qui s'est fait l'écho, jeudi 23 août, du chiffre de 20 000 emplois, apparemment évoqué par M. Kaeser dans le cadre d'une réunion informelle avec des investisseurs anglo-saxons. Siemens n'a pas commenté cette information. Si le chiffre était confirmé, cela signifierait que le groupe de Munich envisage de supprimer environ un emploi sur deux dans ses services administratifs. Il emploie actuellement 376 000 personnes dans le monde.
Au début du mois, Jœ Kaeser avait précisé son plan destiné à simplifier la structure du groupe. Il avait annoncé la réorganisation de ses activités en trois unités – " gas and power " (centrales), " smart infrastructures " (infrastructures intelligentes) et " digital industries "(industries numériques). Ces divisions devront évoluer parallèlement aux trois " compagnies stratégiques ", c'est-à-dire les entreprises que Siemens a formées grâce à des fusions et mises en Bourse de ses activités ces deux dernières années : Siemens Gamesa (éolien), Siemens Alstom (trains) et Siemens Healthineers (matériel médical).
Ces dernières transformations ont eu pour conséquence que certaines fonctions administratives ont été transférées du siège au -niveau opérationnel, où elles étaient déjà présentes. Les emplois en double devraient donc disparaître, avait expliqué M. Kaeser. L'objectif, réitéré tel un mantra par le dirigeant depuis l'annonce de la grande réorientation stratégique, en  2014, est de donner aux activités du groupe " plus de liberté entrepreneuriale ". A moyen terme, ces efforts sont censés doper le chiffre d'affaires et la rentabilité.
Il s'agit aussi d'adapter Siemens aux nouvelles préférences des investisseurs, de plus en plus enclins à bouder les grands conglomérats, jugés complexes et pas assez rentables. Plusieurs groupes industriels ont déjà fait les frais de cette tendance. Ainsi, le suisse ABB et l'américain General Electric ont été les proies d'investisseurs dits " activistes ", qui ont fait pression en faveur d'un recentrage des activités.
Chez l'allemand ThyssenKrupp, autre conglomérat industriel aux activités diversifiées, les manœuvres de plusieurs de ces investisseurs ont conduit cet été aux démissions successives du président du directoire et du président du conseil de surveillance.
" Cela démoralise les salariés "Jusqu'ici, Siemens a su se préserver. Mais les restructurations incessantes ne sont pas toujours bien vécues, dans un groupe marqué par une tradition de dialogue social forte. Les représentants du personnel expriment depuis longtemps leurs réticences vis-à-vis d'une stratégie qui, selon eux, -conduit au démantèlement du groupe et, partant, à un affaiblissement de l'influence des syndicats.
Birgit Steinborn, présidente du Betriebsrat (le conseil de représentation des salariés) et vice-présidente du conseil de surveillance du groupe, ne s'est pas privée de critiquer les plans sociaux à répétition. " Depuis des années, nous négocions des plans de réduction des emplois à un rythme trimestriel. Cela démoralise les salariés ", a-t-elle lancé dans les colonnes du Tagesspiegel, lundi 20  août.
Sous l'influence de Jœ Kaeser, qui a pris la direction de Siemens en  2013, 30 000 salariés sont passés sous l'autorité de l'une des nouvelles filiales et 10 000 emplois ont été supprimés. D'ici à fin septembre, l'accord sur la restructuration de l'activité de centrales électriques, en difficulté, doit être présenté. Les usines menacées de Görlitz (Saxe) et d'Offenbach (Hesse) seront apparemment conservées, mais près de 3 700 postes devraient disparaître.
Cécile Boutelet
© Le Monde

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