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mardi 28 mars 2017

Sondages diaboliques...

28 mars 2017
Laurent Joffrin
La lettre de campagne
de Laurent Joffrin

Sondages diaboliques

Les experts – qui ne se trompent jamais… – en sont sûrs : un mois avant le scrutin du premier tour, vient le temps de la cristallisation. Les convictions s’affirment, les choix se stabilisent, les préférences s’arrêtent. C’est en tout cas ce qui s’est passé lors des deux dernières présidentielles. Un mois avant le scrutin de 2007, il était clair que le duel final opposerait Sarkozy et Royal, avec une victoire finale pour Sarkozy.
Un mois avant celui de 2012, Sarkozy et Hollande tenaient la corde, et Hollande devait l’emporter au second tour. Toutes prévisions qui se sont vérifiées dans les urnes. Si l’on reproduit le schéma en 2017, Macron et Le Pen sont donc au deuxième tour et Macron gagne haut la main. L’ennui, c’est que cette fois la cristallisation est fragile… comme le cristal.
Dans la plupart des enquêtes, c’est un fait que Macron et Le Pen sont autour de 25%, Fillon au-dessous de 20% et les deux candidats de gauche entre 10 et 14%. Pliée, la présidentielle ? C’est là que le sol peut se dérober sous les pieds du commentateur paresseux. Dans un sondage des Echos, par exemple, Macron est à 24% et Fillon à 20%. Malgré les coups de boutoir des affaires, le candidat LR réunit toujours un cinquième des intentions de vote, perinde ac cadaver.
L’électorat de droite est donc toujours là, souvent furieux contre son champion, certes, mais aussi terrorisé à l’idée que Macron, ce bébé Hollande, puisse l’emporter. Quatre points d’écart : en un mois d’une campagne au canon, Fillon peut revenir. D’autant que Macron est celui qui compte le plus d’indécis dans son magot d’intentions de vote. Deux ou trois gaffes, une fatigue de fin de campagne, un débat raté et le candidat d’En marche se retrouve… en marche arrière.
On dira que la mécanique du vote utile joue comme une assurance pour Macron. Si Fillon menace de se rétablir, on peut penser qu’une partie des électeurs de gauche, inquiets d’un deuxième tour droite-extrême-droite, voleront à son secours. Peut-être. Mais peut-être pas, surtout si Hamon et Mélenchon le pilonnent sur le thème du social-libéralisme honni. La cristallisation est donc incertaine. Et avec le cristal, on fait des boules. Leur fiabilité est bien connue.

Et aussi

• Manuel Valls réunit ses amis pour évaluer les avantages d’une déclaration publique en faveur de Macron. Faite rapidement, elle «vaut plus cher» qu’un ralliement banal entre les deux tours, dit un proche. Autrement dit, les vallsistes anticipent une victoire du candidat d’En marche et une déconfiture de Hamon. Lequel se plaint qu’on lui «plante des couteaux dans le dos». Pourquoi dans le dos ?
• Philippe Torreton, comédien de gauche, envoie une lettre amère aux deux premiers rôles de gauche, Hamon et Mélenchon. Il faut la lire. Il exprime son«admiration» pour leur énergie en campagne. Mais c’est sur un mode ironique : «Toute cette énergie pour vous disputer la quatrième ou la cinquième place au soir du premier tour.» Et de poursuivre : «A votre place, j’aurais eu l’abnégation de me retirer en invitant solennellement les citoyens à voter pour l’autre leader de la gauche afin de ne pas faire partie du club des couillons qui font perdre leur camp […]. Pour conclure : “Et alors, nous, on fait quoi ?”» Bonne question. On attend la réponse des couillons.
• Bon article de Jérôme Sainte-Marie dans le Figaro. Il démontre ce qu’on devine depuis longtemps : même à 26% d’intentions, le vote Macron reste un vote de classe. Ses soutiens principaux se recrutent chez les cadres, les diplômés, les entrepreneurs… Chez ceux qui se tiennent pour privilégiés, il frôle les 40%. Chez ceux qui se sentent appartenir aux classes populaires ou défavorisées, il recueille 15% d’approbation. C’est le favori des favorisés. Pour cette raison, un éventuel deuxième tour contre Marine Le Pen reste incertain, quoi qu’en disent les sondages.
LAURENT JOFFRIN
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