On sous-estime toujours le rôle de l’erreur en politique. On attribue aux leaders des pensées stratégiques profondes, argumentées, longuement mûries, alors que souvent ils ne font, comme les autres hommes, que se tromper platement. La gaffe, la bévue, la boulette sont des puissants moteurs de l’histoire. Ainsi au Parti socialiste. Premier ministre, Manuel Valls mène une politique sociale-libérale qui déconcerte ses électeurs et ses militants. Au lieu de chercher à les rassurer, au lieu de corriger son action, au lieu de montrer, au moins en partie, qu’il n’oublie pas les promesses de 2012, il accentue les clivages, droitise son discours, dénonce hautement ses contradicteurs. Il espère prendre le PS par la droite pour le transformer. Mais les divisions deviennent trop fortes : il n’y a plus rien à transformer. Valls est réduit à se faire le supplétif de Macron. Il croit qu’il voit loin : son regard se perd dans le vide. Il se cogne à tous les obstacles.
Les frondeurs, Hamon en tête, en déduisent qu’ils peuvent enfin triompher sur une ligne de gauche. Ils crient à la trahison, instruisent le procès des réformistes, stigmatisent les félons. Ils oublient qu’un parti social-démocrate a justement pour fonction de faire cohabiter réalisme et radicalité, rupture et réforme, qu’il ne peut gagner, ni même exister, sans réunir ceux qui veulent gouverner et ceux rêvent d’un ailleurs. Et une fois les mal pensants excommuniés, comment sauver l’Eglise ? Comment se réconcilier avec des hérétiques ? D’autant que s’il y a traîtrise, c’est aussi celle des électeurs, qui veulent des réformes, même partielles, et se retrouvent ostracisés par les porteurs de la vraie croix. Heurtés par un discours d’exclusion, constatant qu’on s’intéresse plus aux écolos ou aux insoumis qu’aux braves socialistes, ces soutiens de la gauche de gouvernement filent chez Macron. Quant aux tenants de la rupture, voyant l’affaiblissement du PS, ils en profitent pour faire un tour chez Mélenchon. Les deux chaises qui supportent le postérieur socialiste s’écartent brusquement. Après Valls, Hamon tombe par terre.
Et aussi
• Les fillonistes continuent à filer la métaphore du «cabinet noir». Comme le raconte
le Figaro ce matin,
ils attribuent maintenant à Hollande la paternité de l’aventure Macron. Ainsi le leader d’En marche serait-il secrètement cornaqué par son ancien patron (qu’il a pourtant trahi…). Ruse suprême de la raison hollandaise. Pendant cinq ans, la droite a dénoncé l’incapacité supposée du Président. Le voici crédité d’un machiavélisme diabolique. La réhabilitation n’est pas loin.
• David Rachline, directeur de campagne de Marine Le Pen, en tient aussi pour le «cabinet noir». Mais cette fois, c’est celui de Fillon. Il suggère que les documents publiés dans la presse sont transmis aux journalistes contre rémunération par d’occultes informateurs. Il prend comme exemple les pratiques supposées de Fillon, qui avait demandé l’accélération d’un certain nombre d’enquêtes pour essayer d’écarter M. Sarkozy. Il y a décidément des complots partout.
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