Tour de France: pourquoi les Français ont brillé sur cette 101e édition
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Pourquoi les Français ont brillé sur ce 101e Tour de France | AFP
TOUR DE FRANCE - Deux Français sur le podium du Tour. Cela n'était plus arrivé depuis... 1984, quand Laurent Fignon et Bernard Hinault avaient terminé premier et deuxième. Les cyclistes tricolores réussissent même à se placer pour six d'entre eux dans le Top 20: Jean-Christophe Péraud (2e), Thibaut Pinot (3e), Romain Bardet(6e), Pierre Rolland (11e), Brice Feillu (16e) et John Gadret (19e). "Trois Français dans les six premiers, je n'en espérais pas tant", s'est ainsi félicité le directeur du Tour Christian Prudhomme.
Alors que s'est déroulée dimanche la dernière étape entre Evry et Paris (137,5 km), qui n'a rien changé au classement, voici plusieurs raisons pour lesquelles les Français ont brillé sur cette 101e édition du Tour, remporté par l'Italien Vincenzo Nibali pour la première fois.
• Des favoris qui abandonnent
Avec des si, on pourrait refaire le monde. Certes. Mais ici, la conjonction prend toute son importance. Si Christopher Froome et Alberto Contador avaient pu terminer le Tour, il y a de grandes chances pour que ces deux-là se soient octroyés les deux places restantes sur le podium.
Alors que tous les observateurs prédisaient avant le Tour une danse à trois entre Nibali, Froome et Contador, les deux derniers ont été contraints à l'abandon durant la première moitié de l'épreuve: le vainqueur britannique de l'édition 2013 a jeté l'éponge lors de la 5e étape après une chute; le coureur espagnol a lui mis pied à terre lors de la 10e étape, là encore après une chute. A noter qu'un autre outsider a abandonné en début de Tour: le Luxembourgeois Andy Schleck, lors de la 3e étape.
Enfin, rappelons ici que la révélation de l'an passé, le Colombien de poche Nairo Quintana qui avait terminé deuxième, n'a pas couru cette 101e édition.
• Des coureurs jeunes, qui passent à l'attaque
Tony Gallopin maillot jaune pour le 14 juillet et vainqueur de la 11e étape, Thibaut Pinot maillot blanc du meilleur jeune, Blel Kadri vainqueur de la 8e étape à Gerardmer, la formation AG2R La Mondiale première du classement par équipes... On a rarement vu les coureurs français autant à l'attaque sur ce Tour.
En France, "il y a des bons coureurs dans tous les secteurs, des sprinters, des grimpeurs, commente Jean-François Bernard, ancien porteur du maillot jaune, pourSport24. Il manque peut-être un grand rouleur capable de rivaliser avec les meilleurs, mais c’est tout. (...) Et il y en a de nombreux autres derrière qui n’étaient pas sur ce Tour, comme Warren Barguil (vainqueur de deux étapes sur le Tour d’Espagne en 2013)."
Et hors du Tour, les Français n'hésitent plus désormais à jouer les premiers rôles dans d'autres courses importantes de la saison. Thibaut Pinot avait ainsi pris les choses en main lors du Tour de Suisse, rappelle L'Equipe, quand Romain Bardet avait lui ébranlé les favoris lors du Tour de Catalogne et du Dauphiné Libéré, terminant aux places d'honneur.
• Des Français qui recueillent les fruits de la lutte antidopage
Aucun coureur contrôlé positif sur le Tour 2013, pour l'instant aucun cette année: si l'on ne peut pas affirmer que le dopage a totalement disparu dans le cyclisme professionnel, les signaux n'ont jamais été aussi bons après la longue période noire lors de la fin des années 90-années 2000. Aujourd'hui, cette forte diminution des cas de dopage joue en la faveur des cyclistes français, qui avaient la réputation de "tourner à l'eau claire" durant les années Armstrong, devant se contenter de lointaines places au classement général.
Ciblés et inopinés dans la période d'avant-Tour, les contrôles sont censés jouer un rôle dissuasif dont les effets sont manifestes sur la course, devenue selon Radio-Peloton (ce que disent les coureurs entre eux) la plus propre de l'année.
En fait cette année, et comme ce fut déjà le cas pour le vainqueur Christopher Froome en 2013, seul le maillot jaune fait l'objet de suspicion. Avec une puissance développée de 417 watts dans les cinq plus gros cols du Tour, Vincenzo Nibali est qualifié de "dernier 'surhumain'" dans un article du Monde, qui a disséqué ses performances. "Entre 410 et 430 watts, on peut parler de performances 'suspectes', que d’autres qualifient de 'dopage avéré'", précise le quotidien...
Voici ce que répond le coureur italien quand on lui pose une question sur le dopage en général: "Dans le passé, des erreurs ont été commises, et par beaucoup de coureurs. Il faut laisser maintenant le passé, donner de la place aux jeunes qui ont la volonté de changer. Il y a les contrôles inopinés, le passeport biologique... On ne peut pas dire que le cyclisme n'a pas changé, on est dans un cyclisme meilleur. Il y a toujours quelques cas isolés, il y en aura toujours. Je ne veux pas me faire le porte-parole du peloton mais je peux dire que la volonté de changer existe."
• Un Français peut-il gagner le Tour?
L'an prochain, le Tour fêtera le 30e anniversaire de la dernière victoire d'un Français, celle de Bernard Hinault. L'occasion de s'inscrire dans l'histoire pour l'un d'entre eux? Tant qu'il y aura un grand favori devant (Froome, Nibali, Contador) -qui n'abandonne pas-, l'entreprise paraît délicate. "Le Blaireau" lui-même n'y croit pas trop:
"Pour gagner le Tour, il ne faut penser qu'à cela, toute l'année, explique-t-il pourFrance TV Info. C'est une démarche individuelle, comme celle entamée par Froome depuis deux ans. Les meilleurs Français, comme Pinot, Rolland, Chavanel ou Voeckler peuvent lutter ponctuellement avec les meilleurs, mais pas viser la victoire finale. On les prépare pour des gros coups ponctuels: une victoire d'un jour, c'est plus facile que de briller pendant trois semaines..."
Rendez-vous désormais l'année prochaine, pour une 102e édition qui s'élancera d'Utrecht aux Pays-Bas le 4 juillet 2015. Confirmation tricolore vivement attendue...
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