Soulages inaugure son musée à Rodez
« Le noir est une couleur » (Matisse)
Pierre Soulages est universel-lement connu pour être le peintre du noir, le maître du tableau noir. Il a d’ailleurs commencé avec du goudron sur du verre cassé, et, en 1979 , il a eu une illumination : il a découvert sa voie, avec le « noir-lumière », qu’il appellera plus tard l’ « outrenoir ». Il va peindre désormais des séries noires, des séries d’outrenoir. C’est un noir animé par la lumière, qui se réfracte sur sa surface et devient une lumière noire.
Sur la toile, le noir est scarifié ou posé en reliefs. Soulages (vêtu de noir) fait des entailles, au couteau, dans la pâte. La lumière glisse sur les reliefs, et elle est modifiée quand la texture de la surface redevient lisse ou striée ; le mat contraste avec le brillant. Les aspérités créent des jeux de lumière et de couleurs, car il existe de nombreux noirs, du noir gris au noir profond, et de plus Soulages utilise d’autres couleurs : des rouges, des bleus, des verts, très sombres, souvent, il est vrai, recouverts par du noir… quand on n’a pas du noir sur noir. Le sujet, ce n’est pas le noir mais la lumière. Et l’outrenoir varie selon l’éclairage ou l’angle de vision du spectateur.
Soulages rejette l’étiquette de « peintre abstrait », mais son art minimaliste ne représente rien : « Je ne représente pas, je présente. ». Ses tableaux sans titres sont désignés par leur date. Il a posé la première pierre du musée Soulages de Rodez, sa ville natale en 2010. Et le 30 mai 2014, à 95 ans, il l’a inauguré en compagnie de François Hollande, qui n’a pas manqué de le récupérer en célébrant sa politique : « Nous créons, chacun de notre façon, l’artiste, l’entrepreneur [le patron], l’ouvrier, l’acteur politique… Du noir surgit la lumière, celle de l’espérance pour la France. »
En ce qui concerne cette politique, on a envie de crier, avec le chanteur : "Noir, c’est noir, il n’y a plus d’espoir ! "
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