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La crise se précipite
L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.
Ce 1er juillet a été marqué par deux événements hors du commun : un ex-président de la République est placé en garde à vue ; et le gouvernement suspend le débat parlementaire sur son projet de loi (de financement de la Sécurité sociale) par crainte d’amendements venus de sa propre majorité !
Qu’est-ce qui précipite cette crise de décomposition ?
Sous la Ve République, le président est la clé de voûte des institutions. Bonaparte s’élevant au-dessus des classes sociales, il prétend les représenter toutes au nom de « l’intérêt général ». Bonapartisme et corporatisme vont de pair puisque, dans ce but, il s’agit d’intégrer les organisations syndicales.
Depuis l’élection de Hollande, le caractère corporatiste et antidémocratique de la Ve République se concentre dans la tenue de la conférence sociale et l’élaboration du pacte de responsabilité, tous deux inscrits dans le consensus pro-Union européenne.
Ce consensus lie entre eux tous les partis institutionnels. Mais il ne correspond pas à ce qui se passe dans le pays. C’est cette contradiction (et ses conséquences pratiques) qui conduit le Medef à menacer de boycotter la conférence sociale, suscitant l’indignation du ministre Montebourg : « Nous sommes en train de voter, et au prix de difficultés politiques, des baisses de prélèvement sur les entreprises, et c’est à ce moment-là que les entrepreneurs disent “Ce n’est pas assez.” (…) Je ne comprends pas. » La chose au contraire se comprend fort bien. Le Medef est conscient que la politique du gouvernement va au-devant de ses exigences (1). Mais il croit de moins en moins en la capacité du gouvernement à l’imposer. Car l’Union européenne a fait l’objet d’un rejet massif par l’abstention ouvrière et populaire le 25 mai. Quant à la réforme ferroviaire, elle a provoqué la grève massive des cheminots dans l’unité avec leurs syndicats pour son retrait (et, s’enchaînant à cette grève, celle de la SNCM, les contrôleurs aériens, etc.). Faut-il évoquer la réforme territoriale ? Chaque jour, plus nombreux sont les élus (y compris du Parti socialiste) qui en exigent le retrait.
La lutte de classe qui mûrit dans tout le pays et voit les travailleurs se saisir de leurs organisations pour faire prévaloir leurs revendications spécifiques est contradictoire au corporatisme. De ce fait, elle indique la voie de la reconquête de la démocratie, dont le socle est constitué du droit imprescriptible de la classe ouvrière à défendre ses intérêts spécifiques et à ne pas se soumettre au prétendu intérêt général.
Quelle forme cette reconquête de la démocratie revêtira-t-elle ? Pour le POI, c’est au peuple qu’il reviendra d’en décider à travers une Assemblée constituante souveraine.
Qu’on partage ou non cette conclusion, l’heure est en tout cas venue d’une discussion entre travailleurs, militants, jeunes, élus, de toutes tendances, attachés à la cause de la classe ouvrière et de la démocratie : une issue politique conforme aux intérêts de la classe ouvrière et de la population peut-elle s’ouvrir sans s’engager sur la voie de la rupture avec les institutions de la Ve République et de l’Union européenne ?
(1) Ainsi, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale comprend les principales mesures du pacte de responsabilité, notamment les exonérations de cotisations patronales à un niveau jamais atteint.
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