L'actualité du mardi 01/04/2014 La UNE
Revers Par ERIC DECOUTY
Le
Président a tranché comme un chef. En nommant Manuel Valls à Matignon, dès le
lendemain de la déroute socialiste aux municipales, François Hollande fait un
choix clair. Outre la confirmation du virage libéral engagé avec le pacte de
responsabilité, il se donne un Premier ministre politiquement en phase avec ce
pacte qu’il faudra défendre lors de deux échéances capitales : devant la
Commission européenne, puis au Parlement fin avril lors d’un vote de confiance.
Il parie aussi sur la restauration de l’autorité au sein d’un gouvernement
agité par deux années de bisbilles et de couacs ministériels. Dans la stratégie
présidentielle, Valls incarne, au fond, la cohérence et le professionnalisme
qui ont manqué jusque-là. Sauf que le choix présidentiel a un revers sérieux.
Il court le risque de fissurer une majorité déjà vacillante et de braquer un
peu plus l’aile gauche du Parti socialiste. En nommant Manuel Valls à Matignon
- et malgré la popularité de celui-ci -, il prend surtout à contre-pied un
électorat qui lors des deux derniers dimanches a demandé plus de justice
sociale que de libéralisme. Le nouveau Premier ministre va donc devoir
convaincre. Convaincre les écologistes, les syndicats et une partie du PS qu’il
est capable de mener une politique de gauche tout en intégrant les exigences
patronales et européennes. Devant une telle équation, les premières décisions
de Manuel Valls, à commencer par la composition de son gouvernement, donneront
le ton de la deuxième partie du quinquennat de François Hollande. A trois ans
de la présidentielle, le chef de l’Etat n’aura pas d’autre joker.
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