Y a-t-il encore des pays pour soutenir Mohamed Morsi ?
Alors que ses partisans appellent à une grande manifestation mardi, l'Union européenne et la France demandent la libération du président égyptien déchu. Mais ses soutiens sont fragiles.
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La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a rencontré Mohamed Morsi lors d'un déplacement en Egypte, dimanche 28 juillet. Elle est la première diplomate à l'avoir vu depuis son arrestation par l'armée égyptienne, le 3 juillet. Depuis, les appels à sa libération s'enchaînent. Mais, au fond, qui soutient vraiment le président déchu ?
L'Union européenne et la France, à demi-mot
Le 18 juillet, après sa première visite en Egypte, Catherine Ashton appelle le gouvernement de transition à libérer Mohamed Morsi, rapporte The Guardian (en anglais). N'ayant pu rencontrer l'ex-président égyptien à ce moment, la diplomate impose une condition claire à son second voyage : pouvoir s'entretenir avec lui. Avant elle, personne n'avait pu le faire. Cette rencontre est aussi l'occasion de constater que l'ancien président "va bien", comme elle l'a affirmé.
Laurent Fabius, de son côté, a également appelé à la libération de Mohamed Morsi, mardi 30 juillet. Le ministre français des Affaires étrangères précise toutefois que "le président Morsi avait été élu dans des conditions régulières, mais le sentiment qu'ont eu beaucoup de personnes, c'est qu'il voulait aller vers un islamisme à marche forcée. Et, d'autre part, la situation économique était catastrophique". Pas question, donc, de condamner le renversement du gouvernement Morsi.
Contactée par francetv info, une porte-parole de Catherine Ashton explique que l'Union européenne, par la voix de sa représentante à l'étranger, demande à ce que les Frères musulmans (et non directement Mohamed Morsi) soient associés au processus de transition démocratique.
La Turquie, à 100%
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, est le seul chef d'Etat à avoir officiellement qualifié la destitution de Morsi de "coup d'Etat", quitte à se brouiller avec le gouvernement égyptien actuel, note Le Figaro. Selon Hasni Habidi, directeur du Centre de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, sa prise de position s'explique car la ligne politique des deux hommes est sensiblement similaire. "Pour Erdogan, il est inconcevable de soutenir un coup d'Etat militaire", précise le chercheur à francetv info. Les deux hommes sont islamistes et entretiennent des relations compliquées avec l'armée dans leur pays. Pour maintenir la stabilité en Turquie, après les troubles du mois de juin, Erdogan doit soutenir Morsi.
L'Iran, moins que prévu
A l'élection du nouveau président égyptien en juin 2012, l'espoir d'une accalmie dans les relations entre l'Egypte et l'Iran est sincère. Mohamed Morsi porte un projet d'islam politique, ce qui n'est pas pour déplaire au régime iranien. Pour preuve, en février 2013, pour la première fois en trente ans, les deux chefs d'Etat se rencontrent, même si le climat n'est pas totalement détendu, d'après France 24.
On aurait donc pu s'attendre à ce que Téhéran dénonce la destitution du président islamiste. Et en effet, cela inquiète l'Iran. Ce coup d'Etat est "un appel à désislamiser la politique", analyse Rasool Nafisi, expert du Moyen-Orient, cité par Radio Free Europe/Radio Liberty. Pour autant, l'Iran n'a pas officiellement pris le parti de Mohamed Morsi, expliquant son échec par un certain laxisme. "Le régime justifie (la chute du président) en disant que Morsi n'était pas assez islamique", ajoute Nafisi.
Reste que Téhéran appelle aussi à libérer Morsi. "Un acte politique fort et une marque de soutien à l'ancien président", selon Hasni Habidi. L'Iran ne se désolidarise donc pas complètement de lui.
L'Union africaine, pour le principe
Dès le lendemain de la destitution de Mohamed Morsi, l'Union africaine, qui regroupe tous les chefs d'Etat du continent (à l'exception du Maroc), a suspendu la participation de l'Egypte à son assemblée. Rien de bien surprenant, puisque l'organisation panafricaine suspend "tout Etat membre où se produit un changement inconstitutionnel de pouvoir". Pourtant, à la chute d'Hosni Moubarak, le pays avait continué à siéger, l'organisation ayant estimé qu'il s'agissait d'une révolution populaire et légitime. Cette fois, l'Union africaine s'est rangée du côté de Mohamed Morsi, estimant que les manifestations populaires ne justifient pas la destitution du président.
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