Le FMI reconnaît des erreurs de jugement sur le sauvetage de la Grèce
Dans un rapport, le Fonds monétaire international admet que son plan de sauvetage en 2010 s'est soldé par des "échecs notables".
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Mea culpa. Le Fonds monétaire international (FMI) a reconnu, mercredi 5 juin, ses erreurs au sujet du premier plan de sauvetage de la Grèce en 2010. Il a admis que celui-ci s'était soldé par des "échecs notables", dans un rapport évaluant les résultats du plan d'aide de 110 milliards d'euros accordé à Athènes en mai 2010, en contrepartie d'un plan d'économies drastiques.
1Des prévisions trop optimistes
Le FMI souligne d'abord que ses prévisions économiques se sont révélées "trop optimistes". Il avait en effet tablé sur un retour de la croissance en Grèce dès 2012 et une amélioration sur le front de l'emploi. Les faits lui ont donné tort : le pays s'enfonce actuellement dans la récession pour la sixième année consécutive avec un taux de chômage de 27%, malgré un deuxième plan d'aide international au printemps 2012.
Selon le rapport, les exigences posées par le FMI et ses partenaires en contrepartie de l'aide accordée à Athènes ont été inadaptées. Lorsque le plan d'aide à la Grèce a été approuvé par la Troïka (formée par le FMI, Commission européenne et la Banque centrale européenne), il a été demandé à Athènes de réduire immédiatement son endettement et de mettre en place des réformes structurelles. Ces exigences ont provoqué des "échecs flagrants", ajoute le document. Certes, la Grèce a pu demeurer dans la zone euro et réduire en partie son endettement, mais elle n'est pas parvenue à regagner la confiance des marchés.
2Les lacunes de la Troïka
Ce n'est pas la première fois que le FMI fait son aggiornamento sur la Grèce. En janvier, son chef économiste Olivier Blanchard avait fait sensation en admettant avoir sous-estimé les "mutiplicateurs budgétaires" qui évaluent l'impact des mesures d'austérité sur la croissance.
Mais le Fonds va plus loin aujourd'hui en remettant en cause l'efficacité même de la Troïka, qui est aujourd'hui en charge de quatre plans de sauvetage dans la zone euro. Selon le rapport, cette cohabitation a obligé le Fonds à "négocier d'abord avec les pays de la zone euro (...) et ensuite avec les autorités grecques". Une situation qui a créé une source d'"incertitude considérable" alimentée par les hésitations et les revirements européens.
3Une restructuration de la dette trop tardive
Décryptant les relations au sein de la Troïka, le FMI s'attache enfin à un point crucial du plan de sauvetage grec : la restructuration massive de la dette privée au printemps 2012. Le Fonds estime aujourd'hui que cette opération, la plus importante de l'histoire, aurait dû être menée dès 2010. Mais cette solution n'était pas "politiquement réalisable" en raison de l'opposition des Européens. "La restructuration de la dette avait été envisagée par les parties à la négociation [du programme grec] mais elle a été exclue par les dirigeants de la zone euro", qui craignaient qu'une telle mesure ne soit pas approuvée par les Parlements nationaux, indique le rapport.
Cette décision a été lourde de conséquences, selon le Fonds. Elle a permis à de nombreux créanciers privés (banques, fonds d'investissement) de "s'échapper" du pays sans subir la moindre perte et de "passer le fardeau" aux Etats, et donc aux contribuables, qui ont dû de nouveau renflouer la Grèce en 2012.
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