Le FMI exhorte Paris à baisser en priorité ses dépenses
Le 4 juin 2013
Reuters – il y a 2 heures 29 minutePARIS (Reuters) - Le Fonds monétaire international (FMI) a revu en légère baisse mardi ses prévisions pour l'économie française en 2013 et 2014 et préconisé de donner la priorité à la baisse des dépenses pour la poursuite de la consolidation des finances publiques.
Dans un rapport sur
l'économie française, le FMI salue les réformes amorcées ces derniers mois
comme le crédit impôt compétitivité emploi ou l'accord entre les partenaires
sociaux sur le marché du travail mais invite le gouvernement à aller plus loin "pour
répondre aux difficultés multiples et profondes rencontrées par la
France".
Les économistes du
Fonds anticipent désormais une contraction de 0,2% de l'économie française en
2013, contre une baisse de 0,1% du PIB dans leur précédente estimation d'avril.
Ils ont également revu
à 0,8%, contre 0,9% auparavant, leur prévision de hausse pour 2014, s'alignant
ainsi sur celle publiée la semaine passée par l'OCDE.
Ils soulignent que les
principaux risques qui pèsent sur ces prévisions "résident dans la
fragilité des perspectives de croissance en Europe (...) et sur le plan
intérieur dans l'incertitude sur la politique fiscale qui pèse sur les
décisions de dépenses des ménages et des entreprises".
D'où sa recommandation
pour les finances publiques, le FMI jugeant que, après trois années
d'ajustement budgétaire "substantiel", il existe une marge pour en
modérer le rythme, "à condition que l'effort soit concentré sur les
dépenses et soutenu par la poursuite des réformes structurelles."
PRESSION FISCALE
EXCESSIVE
Il donne raison à la
Commission européenne d'avoir accordé à la France un délai de deux ans,
jusqu'en 2015, pour ramener son déficit public sous 3% du PIB, et approuve la
priorité donnée par Paris dans son dernier programme de stabilité à un objectif
de déficit structurel (hors impact de la conjoncture).
La France pense
pouvoir parvenir à l'équilibre de ce solde structurel en 2016, mais grâce à une
hypothèse de retour à la croissance du PIB jugée trop optimiste par le Fonds.
"Du moment que
l'ajustement est conduit par une maîtrise des dépenses, un délai d'un an dû à
une croissance moins forte ne compromettrait pas la soutenabilité de la
dette", écrit-il.
François Hollande
s'est montré peu disert jusqu'à présent sur la manière dont il entend réduire
les dépenses.
Le FMI souligne que
l'effort d'ajustement doit se faire sans augmenter les prélèvements
obligatoires, et ce alors que la pression fiscale a atteint un "niveau
excessif" et pèse sur la confiance des ménages et des entreprises.
Pour cela, il prône un
effort à moyen terme réparti entre la baisse de la masse salariale de la
fonction publique, pour ne pas dire de ses effectifs, et une réduction des
transferts sociaux qui serait permise par une gestion plus efficace de la
politique de protection sociale.
Reprenant en cela des
recommandations déjà émises par l'OCDE, il cite comme solutions éventuelles une
"simplification des couches des gouvernements locaux" pour la
première et attend beaucoup, pour la seconde, des réformes à venir de
l'assurance chômage et des retraites.
Pour le Fonds, ces
deux réformes constituent une opportunité pour améliorer les performances sur
le marché du travail".
RÉDUIRE LE COÛT DU
TRAVAIL
Sur ce dernier point,
il estime lui aussi que ces réformes doivent permettre d'améliorer la
compétitivité en berne de l'économie française. Sans surprise, il partage les
recommandations de l'OCDE et de la Commission européenne sur la nécessité
d'accroître la concurrence sur le marché des biens et services, d'améliorer la
formation professionnelle et de réduire le coût du travail pour les plus
faiblement qualifiés.
Le FMI donne enfin un
satisfecit aux banques françaises, estimant que la restructuration de leur
bilan "a fortement réduit les inquiétudes concernant la stabilité
financière" qui persistent dans d'autres pays européens.
Mais il ajoute
qu'elles "ont encore du chemin à parcourir pour accroître leurs réserves
de liquidités et améliorer leurs ratios de liquidité à moyen terme", ce
qui passe par "l'élimination des contraintes sur la base de dépôts."
Il critique pour cela
le relèvement des plafonds de l'épargne réglementée (livrets A, LDD) qui, en
privant les banques de ressources liquides, "va à l'encontre des objectifs
réglementaires fixés par les autorités". Il appelle aussi à plus de souplesse
dans les relations entre ces banques et la Caisse des dépôts, qui centralise
cette épargne réglementée.
"Une profonde
réforme de la fiscalité des revenus financiers serait souhaitable afin de
privilégier une approche fondée sur la maturité plutôt que sur les produits",
conclut-il.
Yann Le Guernigou,
édité par Yves Clarisse
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