Translate

mardi 4 juin 2013

Le FMI exhorte Paris à baisser en priorité ses dépenses

Le FMI exhorte Paris à baisser en priorité ses dépenses

  Le 4 juin 2013



PARIS (Reuters) - Le Fonds monétaire international (FMI) a revu en légère baisse mardi ses prévisions pour l'économie française en 2013 et 2014 et préconisé de donner la priorité à la baisse des dépenses pour la poursuite de la consolidation des finances publiques.
Dans un rapport sur l'économie française, le FMI salue les réformes amorcées ces derniers mois comme le crédit impôt compétitivité emploi ou l'accord entre les partenaires sociaux sur le marché du travail mais invite le gouvernement à aller plus loin "pour répondre aux difficultés multiples et profondes rencontrées par la France".
Les économistes du Fonds anticipent désormais une contraction de 0,2% de l'économie française en 2013, contre une baisse de 0,1% du PIB dans leur précédente estimation d'avril.
Ils ont également revu à 0,8%, contre 0,9% auparavant, leur prévision de hausse pour 2014, s'alignant ainsi sur celle publiée la semaine passée par l'OCDE.
Ils soulignent que les principaux risques qui pèsent sur ces prévisions "résident dans la fragilité des perspectives de croissance en Europe (...) et sur le plan intérieur dans l'incertitude sur la politique fiscale qui pèse sur les décisions de dépenses des ménages et des entreprises".
D'où sa recommandation pour les finances publiques, le FMI jugeant que, après trois années d'ajustement budgétaire "substantiel", il existe une marge pour en modérer le rythme, "à condition que l'effort soit concentré sur les dépenses et soutenu par la poursuite des réformes structurelles."
PRESSION FISCALE EXCESSIVE
Il donne raison à la Commission européenne d'avoir accordé à la France un délai de deux ans, jusqu'en 2015, pour ramener son déficit public sous 3% du PIB, et approuve la priorité donnée par Paris dans son dernier programme de stabilité à un objectif de déficit structurel (hors impact de la conjoncture).
La France pense pouvoir parvenir à l'équilibre de ce solde structurel en 2016, mais grâce à une hypothèse de retour à la croissance du PIB jugée trop optimiste par le Fonds.
"Du moment que l'ajustement est conduit par une maîtrise des dépenses, un délai d'un an dû à une croissance moins forte ne compromettrait pas la soutenabilité de la dette", écrit-il.
François Hollande s'est montré peu disert jusqu'à présent sur la manière dont il entend réduire les dépenses.
Le FMI souligne que l'effort d'ajustement doit se faire sans augmenter les prélèvements obligatoires, et ce alors que la pression fiscale a atteint un "niveau excessif" et pèse sur la confiance des ménages et des entreprises.
Pour cela, il prône un effort à moyen terme réparti entre la baisse de la masse salariale de la fonction publique, pour ne pas dire de ses effectifs, et une réduction des transferts sociaux qui serait permise par une gestion plus efficace de la politique de protection sociale.
Reprenant en cela des recommandations déjà émises par l'OCDE, il cite comme solutions éventuelles une "simplification des couches des gouvernements locaux" pour la première et attend beaucoup, pour la seconde, des réformes à venir de l'assurance chômage et des retraites.
Pour le Fonds, ces deux réformes constituent une opportunité pour améliorer les performances sur le marché du travail".
RÉDUIRE LE COÛT DU TRAVAIL
Sur ce dernier point, il estime lui aussi que ces réformes doivent permettre d'améliorer la compétitivité en berne de l'économie française. Sans surprise, il partage les recommandations de l'OCDE et de la Commission européenne sur la nécessité d'accroître la concurrence sur le marché des biens et services, d'améliorer la formation professionnelle et de réduire le coût du travail pour les plus faiblement qualifiés.
Le FMI donne enfin un satisfecit aux banques françaises, estimant que la restructuration de leur bilan "a fortement réduit les inquiétudes concernant la stabilité financière" qui persistent dans d'autres pays européens.
Mais il ajoute qu'elles "ont encore du chemin à parcourir pour accroître leurs réserves de liquidités et améliorer leurs ratios de liquidité à moyen terme", ce qui passe par "l'élimination des contraintes sur la base de dépôts."
Il critique pour cela le relèvement des plafonds de l'épargne réglementée (livrets A, LDD) qui, en privant les banques de ressources liquides, "va à l'encontre des objectifs réglementaires fixés par les autorités". Il appelle aussi à plus de souplesse dans les relations entre ces banques et la Caisse des dépôts, qui centralise cette épargne réglementée.
"Une profonde réforme de la fiscalité des revenus financiers serait souhaitable afin de privilégier une approche fondée sur la maturité plutôt que sur les produits", conclut-il.
Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire