Pressenti par la direction du Parti socialiste (PS) pour conduire la liste du parti aux européennes, le socialiste wallon Paul Magnette explique au Monde pourquoi il a décidé de décliner cette offre.
Quelles sont les raisons de votre refus ?
Le fait de tenter d'éviter que les élections européennes soient la juxtaposition de 27 élections nationales et se résument à des débats purement nationaux, ou à un vote sanction pour les pouvoirs en place, est intéressant. J'ai toutefois dû indiquer à Olivier Faure que, pour des raisons personnelles, je devais décliner sa proposition, qui m'honorait. Je suis candidat à ma réélection comme maire de Charleroi en octobre prochain et, en 2019, les élections européennes se dérouleront, en Bel-gique, en même temps que les -régionales et les législatives, pour lesquelles je jouerai un rôle, sans nécessairement briguer l'exercice d'un mandat.
Pourquoi le PS songeait-il à vous ? En raison de votre positionnement sur le CETA, ce traité commercial eurocanadien que vous contestiez, alors que le gouvernement de Manuel Valls l'approuvait ?
Pas seulement. On sait que je m'intéresse depuis longtemps aux questions européennes et que, comme beaucoup de Belges francophones, je suis très proche de la France. Il est vrai cependant que le dossier du CETA a illustré la difficulté des socialistes français à suivre un cap déterminé sur un sujet essentiel. Le parti n'est pas parvenu à réaliser une synthèse sur ce dossier, -contrairement à ses homologues allemand ou autrichien.
L'offre qui vous était adressée n'était-elle pas surtout un terrible aveu de la faiblesse de la part du PS, qui ne trouverait pas de candidat en son sein ?
Je ne vois pas les choses comme cela. Je crois que la direction du parti a d'abord posé le principe de faire appel à des candidats non français. Puis il s'est demandé à qui il pourrait confier la tête de sa liste.
Quelle est, à vos yeux, " la " cause du déclin du PS ?
Il n'y a pas de cause unique mais il y a d'abord ce drame bien français du poids excessif des personnalités, en raison du système présidentiel. Ce n'est pas propre au PS, mais cela entraîne une constante polarisation qui rend difficile le jeu collectif.
Quel regard jetez-vous sur l'avenir du parti ?
Le parti de Jaurès, Blum et Mitterrand ne disparaîtra pas mais personne ne peut nier qu'il est dans une situation difficile. Et l'enjeu des européennes est important pour lui s'il ne veut pas se laisser enfermer dans l'équation -simpliste posée par le président Macron : ou bien on est européen avec lui, ou bien on rallie les populistes antieuropéens, de droite ou de gauche. Il existe aussi des Européens de gauche ! Cela doit pouvoir être réaffirmé, même s'il est difficile d'affirmer que l'on est pro-européen mais que l'on refuse la politique menée actuellement par l'Europe, sous peine d'être taxé d'eurosceptique ou d'europhobe. Il faut casser ce raisonnement.
propos recueillis par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)
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