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vendredi 10 août 2018

La Chine veut faire taire les indépendantistes hongkongais

9 août 2018

La Chine veut faire taire les indépendantistes hongkongais

Pékin tente d'empêcher une conférence d'un militant devant la presse étrangère

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Le Club des correspondants étrangers de Hongkong est plus habitué à couvrir les polémiques qu'à en être partie prenante. Mais l'intervention, prévue mardi 14  août, d'Andy Chan Ho-tin, leader d'un microparti indépendantiste, a réussi à provoquer la colère de l'actuelle chef de l'exécutif de Hongkong, Carrie Lam, de son prédécesseur, C.  Y.  Leung, et du camp pro-Pékin.
Peu après l'annonce de cette invitation, le ministère des affaires étrangères chinois a rencontré le conseil d'administration du Foreign Correspondents'Club (FCC) pour lui demander d'annuler l'événement. Ce que le FCC a refusé, rappelant dans un communiqué lundi 6  août, qu'" organiser des événements ne veut pas dire que nous soutenons, ou nous opposons, aux opinions défendues par les intervenants ".
Andy Chan, 27 ans, ancien du mouvement Occupy Central de 2014, est à la tête du Hongkong National Party, une formation lancée en mars  2016 qui ne compte aucun élu et défend une position radicale : l'indépendance totale de Hongkong vis-à-vis de la Chine. M.  Chan a déjà déclaré qu'il n'excluait pas le recours à la violence " si c'était un moyen efficace de nous faire entendre ". Le gouvernement prochinois menace d'interdire son parti pour raisons de " sécurité nationale ". Le 17  juillet, le secrétaire à la sécurité, John Lee Ka-chiu, a donné vingt et un jours au parti pour se défendre par écrit, avant l'interdiction, qui serait une première.
L'ancien chef de l'exécutif C.  Y.  Leung a été le premier à attaquer le FCC. Reprenant une récente déclaration du président chinois Xi Jinping, il estime que  l'indépendance est " une ligne rouge absolue et claire ", puisqu'elle " constitue une violation de la souveraineté chinoise ". Il se demande sur Facebook si le FCC invitera à l'avenir des partisans de l'indépendance de Taïwan, du Xinjiang, ou du Tibet ? Et même, poursuit-il," l'association demanderait-elle à des terroristes de venir expliquer comment détourner un avion ? "
ConfessionsLa chef de l'exécutif, Carrie Lam, a, elle aussi, jugé l'invitation d'Andy Chan " regrettable et inappropriée ", même si elle a précisé que, contrairement à ce qu'affirme son prédécesseur, le FCC loue ses prestigieux locaux non pas pour un dollar symbolique mais pour l'équivalent de 63 700  euros, le prix du marché.
L'affaire est une nouvelle illustration de la fragilité d'une liberté d'expression théoriquement garantie par le principe " un pays, deux systèmes " depuis la rétrocession de Hongkong à la Chine en  1997. Elle fait suite notamment à l'arrestation de libraires indépendants, kidnappés en  2015, détenus au secret et forcés à des confessions diffusées par la télévision chinoise, qui avait montré aux habitants de l'île que Pékin ne prend plus de gants. Le dernier gouverneur britannique de l'île, Chris Patten, a dénoncé la tentative d'ingérence de Pékin dans le programme du FCC.
Simon Leplâtre
© Le Monde

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