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jeudi 2 août 2018

Affaire Benalla L'exécutif à l'épreuve


1er août 2018

Affaire Benalla L'exécutif à l'épreuve

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 Le premier ministre devait répondre, mardi 31 juillet, aux deux motions de censure de l'opposition
 Emmanuel Macron, le vrai chef de la majorité, est visé, bien plus qu'Edouard Philippe, en retrait depuis le début de la crise
 Le parquet a ordonné une nouvelle enquête sur les violences à Paris
Pages 6-7
© Le Monde



1er août 2018

Un premier ministre en première ligne

Edouard Philippe a exercé une riposte intermittente. Mardi, il devait affronter deux motions de censure

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Le tumulte de l'affaire Benalla gronde depuis déjà six jours, mardi 24  juillet, quand Emmanuel Macron se décide à s'exprimer devant les députés de la majorité réunis à la Maison de l'Amérique latine, à Paris. Une partie du gouvernement et de la brigata -macronienne encadre le chef de l'Etat : Gérard Collomb, Richard Ferrand, François Patriat, Benjamin Griveaux, Christophe Castaner, Marlène Schiappa… Edouard Philippe, lui, se tient en retrait, au second rang. Le premier ministre semble légèrement ail-leurs, -regarde parfois en l'air, souvent par terre, dandine sur ses pieds. Il ne rit pas quand les autres -s'esclaffent.
" Je suis le seul responsable ", lance Emmanuel Macron. Depuis le début de la crise, Edouard Philippe ne semble jamais avoir pensé le contraire. Car même si le premier ministre a dû s'expliquer plusieurs fois devant les parlementaires, il a exercé une riposte en pointillé et n'a jamais vraiment servi de paratonnerre au président. C'est pourtant l'ancien maire du  Havre qui devait affronter, mardi 31  juillet, deux motions de censure – l'une déposée par Les Républicains (LR), l'autre par les socialistes, les communistes et les " insoumis " – mettant en cause la responsabilité du gouvernement dans les violences commises par l'ex-collaborateur de l'Elysée lors des manifestations du 1er-Mai.
Le premier ministre, fait savoir son entourage, comptait se servir de l'exercice pour engager une séance de confrontation avec l'opposition. Une manière de se positionner en première ligne. " Il ne s'est pas planqué ", estime un député La République en marche. " Il a la bonne distance, et il fait le job. " " Il tient le gouvernement, analyse une source au sein de l'executif. Il se fait écraser quand le président fait sa sortie à la Maison de l'Amérique latine, mais mine de rien, sans ses réponses au banc face au députés, le président n'aurait pas pu réagir comme il l'a fait derrière. "
Pour autant, le chef du gouvernement ne ressort pas en combattant balafré de cette folle semaine où la Macronie s'est éparpillée. Quand le 19  juillet, au lendemain des révélations sur l'ex-chargé de mission de l'Elysée, Edouard  Philippe évoque lors des questions au gouvernement au Sénat des " images choquantes ", il n'a pas eu de contacts sur le sujet avec le président de la République. Il est seul face à l'opposition. Le lendemain, il n'annule pas sa venue sur le Tour de France – " C'est un rêve d'enfant… ", s'enthousiasme-t-il – d'où il appelle à " respecter les procédures légales qui ont été engagées ".
" Clap de fin "Ce n'est que quatre jours plus tard, le 24  juillet, que le transfuge de la droite décide de monter en défense lors des questions au gouvernement, à l'Assemblée nationale et au Sénat, après avoir rencontré Emmanuel Macron à deux reprises durant le week-end. Il n'y a pas d'" affaire d'Etat ", plaide-t-il, juste " une dérive individuelle " d'Alexandre Benalla. Cet épisode vient interroger une nouvelle fois le rôle du premier ministre au côté d'un président de la République qui est le véritable chef de sa -majorité puisque presque tous les députés lui doivent leur élection. Une question lancinante depuis le début du quinquennat. L'opposition a certes déposé deux motions de censure pour forcer M. Philippe et son gouvernement, désignés seuls responsables par la Constitution devant le Parlement, à s'expliquer. Mais c'est bien l'Elysée qui est visé.
" Emmanuel Macron sait que les parlementaires ne peuvent pas “venir le chercher”, mais on a des comptes à demander au premier ministre ", insiste Christian Jacob, président du groupe LR à l'Assemblée nationale, qui dénonce un gouvernement " n'assumant pas ses responsabilités, qui a failli, par connivence ou par lâcheté ". Dans son viseur, notamment, la sécurité défaillante du chef de l'Etat, ou encore le refus initial du locataire de Matignon de répondre aux parlementaires sur le sujet. " Le premier ministre est premier ministre, pas directeur de cabinet, il n'est pas là pour couvrir les dérives d'un président monarque, dénonce M. Jacob. A minima, Edouard Philippe s'est planqué, ou alors il a couvert l'Elysée. Mais le courage n'est pas sa première vertu, on l'a vu quand il était avec nous chez LR. "
Guillaume Larrivé, député LR de l'Yonne, qui a claqué la porte de la commission d'enquête dont il était corapporteur, faute d'avoir pu auditionner les personnalités de son choix, l'assure : " Edouard Philippe n'est que l'homme du président de la République dans cette affaire. C'est une motion contre l'Etat-Macron que nous avons déposée. " " Nous n'aurons pas les voix, il n'y a pas de suspense, mais c'est une alerte que nous entendons donner les uns et les autres ", a défendu de son côté le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, dont les troupes se contenteront de voter leur propre motion, et pas celle de la droite.
L'occasion est belle, en tout cas, veut-on croire du côté de l'exécutif, de clore ce chapitre empoisonné avant de partir en vacances. " Avec ces motions de censure, qui sont très largement des pré-textes, les oppositions nous offrent une opportunité de mettre fin au feuilleton ", se réjouit un -conseiller de l'exécutif. Le dîner à l'Elysée auquel Emmanuel et Brigitte Macron ont convié, mercredi, tous les membres du gouvernement et leur conjoint, comme en  2017 à la même époque, devrait être détendu.
" Cela risque de représenter le clap de fin de l'histoire alors que nous n'avons pas eu les réponses que nous étions en droit d'attendre ", abonde, de l'autre côté de la barrière, Arnaud Viala, député LR de l'Aveyron. D'autant que passé les effets de tribune, les motions devaient être en toute logique rejetées, rituel immuable de la Ve  République depuis plus de cinquante ans. Edouard Philippe ou pas.
Sarah Belouezzane, Olivier Faye, et Virginie Malingre

1er août 2018

Le Sénat poursuivra les auditions à la rentrée

Christophe Castaner, délégué général de LRM, et Lionel Lavergne, chef du groupe de sécurité, ont été entendus

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C'est en qualité de délégué général de La République en marche (LRM) que Christophe Castaner était -entendu par la commission -d'enquête mais c'est en secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement qu'il a répondu sans égratignure aux questions -courtoises des sénateurs, mardi 31  juillet. Interrogé sur Vincent Crase, le " deuxième homme " des vidéos des interpellations musclées du 1er mai aux côtés d'Alexandre Benalla, M.  Castaner a confirmé qu'une procédure de licenciement avait été engagée contre ce salarié chargé de la -sécurité au siège de LRM, après que celui-ci a d'abord fait l'objet d'une sanction de quinze jours " sans retenue de salaire ". M.  Castaner a tenu à préciser -qu'à " aucun moment ", M. Crase n'avait été chargé de sa sécurité personnelle et ne l'avait accompagné armé dans ses déplacements.
Lundi, la commission d'enquête parlementaire du Sénat avait entendu longuement le colonel Lionel Lavergne, chef du groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR). En réponse aux questions des sénateurs, celui-ci a affirmé qu'Alexandre Benalla " n'avait aucune autorité sur le GSPR  et n'occupait aucune fonction de protection du président de la République ".Le rôle de l'ancien collaborateur d'Emmanuel Macron – il a été licencié depuis les révélations du Monde – était celui de " chef d'orchestre, sous l'autorité du chef de cabinet " pourl'organisation des déplacements présidentiels, a poursuivi le colonel Lavergne. Alexandre Benalla était " quelqu'un de contrôlé. Il était dévoué, disponible, réactif, opérationnel dans son métier d'organisation. Nous entretenions d'excellentes relations sur le plan humain ",a-t-il ajouté.
Le patron du GSPR a tenu à -apporter plusieurs précisions sur les moyens dont disposait Alexandre Benalla. Son arme ? " Je vous le dis les yeux dans les yeux et je suis sous serment. Je n'ai jamais vu M. Benalla avec une arme dans les déplacements officiels ou privés de la présidence de la République. Et je n'ai eu aucun retour en ce sens de la part des autres membres du GSPR ", a déclaré le colonel Lavergne.
" Moments de tension "Les équipements radio qui apparaissent sur plusieurs photos montrant Alexandre Benalla avec une oreillette, notamment lors de la venue d'Emmanuel Macron au Salon de l'agriculture ? Il s'agit d'équipements attribués " à tous les membres de la chefferie du cabinet de la présidence de la République " depuis le 14  mai 2017, date de l'investiture d'Emmanuel Macron. " C'est pour la bulle organisation, par exemple respecter un cheminement ou le modifier en fonction des souhaits du président de la République et pas pour la bulle sécurité. Ces deux bulles sont complètement étanches ", a assuré Lionel Lavergne, en précisant que lui seul, en sa qualité de chef de groupe, ou son adjoint, a accès aux deux fréquences.
A propos des dépositions des syndicats de police devant la commission d'enquête sénatoriale, qui faisaient état de " relations exécrables " entre certains policiers et Alexandre Benalla et des déclarations de l'ancien collaborateur du chef de l'Etat lui-même, évoquant dans son entretien au Monde, des " frictions et des non-dits " avec le GSPR, le -colonel Lavergne a observé : " Le correspondant naturel du chef de cabinet ou de ses adjoints, c'est le chef du GSPR. Donc, si quelqu'un avait eu à se plaindre de paroles plus ou moins véhémentes, c'était auprès de moi ou de mes adjoints. S'il y avait eu des frictions, j'en aurais eu l'écho depuis un an et demi que j'occupe la fonction de chef du GSPR. Cela dit, il peut y avoir des moments de tension dans certains déplacements. On ne prend pas forcément des précautions de courtoisie dans ces moments-là. "
Interrogé sur le projet de réorganisation de la sécurité du président de la République, le colonel Lavergne a répondu que celle-ci portait sur le rapprochement de deux services, le GSPR, chargé de la sécurité à l'extérieur du palais de l'Elysée et le commandement, chargé de l'intérieur. " Je le dis très clairement : cette réorganisation, pilotée par le général Eric Bio-Farina et dont je suis le copilote, n'a absolument pas pour but de créer une officine privée de garde prétorienne.  Le but n'est pas de faire une fusion mais de créer une synergie entre les services. Elle s'inscrit dans une transformation plus globale des services de la présidence afin d'avoir une plus grande lisibilité et une plus grande sincérité sur le plan budgétaire. " M.  Lavergne a confirmé qu'Alexandre Benalla avait participé à des groupes de travail sur cette réorganisation.
Contrairement à la commission d'enquête parlementaire de l'Assemblée nationale, dont la présidente (LRM) Yaël Braun-Pivet a annoncé la fin des travaux, celle du Sénat entend bien poursuivre ses auditions à la rentrée. Son président (LR), Philippe Bas a indiqué lundi qu'il n'excluait plus d'auditionner Alexandre Benalla après l'entretien accordé par ce dernier au Journal du dimanche dans lequel il émet lui-même le souhait de " donner des explications " aux parlementaires.
Pascale Robert-Diard
© Le Monde



1er août 2018

Nouvelle enquête pour d'autres violences lors du 1er-Mai, à Paris

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Le parquet de Paris a annoncé, lundi 30  juillet, l'ouverture d'une enquête pour d'autres violences commises le 1er-Mai, à Paris, cette fois au Jardin des plantes, quelques heures avant les heurts survenus place de la Contrescarpe. Cette enquête a été ouverte à la suite des plaintes contre X de deux jeunes, de 23 et 24 ans, -affirmant avoir été victimes d'une interpellation musclée au Jardin des plantes, où se trouvaient l'ancien collaborateur de l'Elysée Alexandre Benalla et -Vincent Crase, employé de La République en marche.
Des images de scènes confuses au Jardin des plantes, où l'on voit notamment les deux hommes, ont été diffusées vendredi par -LibérationDans un entretien donné auJournal du dimanche le 29 juillet, M. Benalla a pourtant réfuté toute " intervention " de sa part à ce moment-là. " J'étais derrière les policiers en tant qu'observateur, on peut le voir distinctement, je n'ai ni casque, ni brassard, ni radio ", a-t-il affirmé.
Point de vue différentCette nouvelle enquête a été ouverte pour " violences volontaires en réunion par personne dépositaire de l'autorité publique ", " atteinte arbitraire à la liberté individuelle ", " usurpation de signes réservés à l'autorité publique ", " immixtion dans l'exercice d'une fonction publique ", " dégradation volontaire d'un bien ", en l'espèce d'une vidéo, et " introduction frauduleuse dans un système de traitement de données personnelles ".
Selon Grégory Saint Michel, l'avocat des deux plaignants (un homme et une femme), Vincent Crase, Alexandre Benalla et le policier qui les accompagnait ce jour-là sont identifiables sur la vidéo diffusée par Libération. Alors qu'ils tentaient de sortir du Jardin des plantes, ses clients ont reçu des indications contradictoires, et un des membres du trio, voyant que la jeune femme filmait avec son téléphone, a ceinturé celle-ci et l'a plaquée contre un arbre, a raconté l'avocat à l'Agence France-Presse.
Un des trois membres du groupe lui a alors pris son téléphone et a effacé la vidéo en question, qu'elle a réussi à récupérer grâce à un logiciel spécial, a-t-il ajouté. Lundi 30 au soir, Mediapart a mis en ligne une autre vidéo, montrant un point de vue différent du même épisode, qui permet de voir nettement MM. Benalla et Crase emmener vigoureusement un homme en le tenant par les bras. " L'argument selon lequel - Alexandre Benalla et Vincent Crase - se sont sentis -légitimes pour venir au soutien du maintien de l'ordre face à des -manifestants violents ne tient pas ici. Il y a une vidéo qui montre le contraire ", a fait valoir Me Grégory Saint Michel.
Service France

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