A peine atterri à Düsseldorf, il a immédiatement été admis en maison de retraite. A 95 ans, Jakiv Palij, un ancien garde de camp nazi, a été expulsé des Etats-Unis vers l'Allemagne, mardi 21 août. Des images de la télévision américaine l'ont montré extrait de son domicile new-yorkais en lit médicalisé, criant de douleur. Cette expulsion marque le dénouement d'un différend germano-américain qui durait depuis des années.
Jakiv Palij n'a jamais eu la nationalité allemande. Mais, depuis 2005, les autorités américaines cherchaient à expulser l'homme, devenu apatride à la suite d'une condamnation d'un tribunal en 2003, lui retirant la nationalité américaine, vers un pays où il puisse être jugé. Né en Pologne, il avait été entraîné par les SS au camp de travail forcé de Trawniki en 1941. Une partie des hommes formés dans ce camp ont été directement impliqués dans les camps d'extermination de Belzec, Sobibor et Treblinka. Le plus célèbre de ces recrues de Trawniki était John Demjanjuk, expulsé des Etats-Unis vers l'Allemagne en 2009, condamné par le tribunal de Munich pour complicité de meurtre de plus de 28 000 personnes et mort en 2012.
Peu de chances, en revanche, que Jakiv Palij comparaisse un jour devant la justice allemande, ce qui explique aussi les réticences des autorités outre-Rhin. Contrairement au cas Demjanjuk, il n'existe aucun document qui prouve que M. Palij a bien participé à la Shoah. Lui-même a toujours insisté sur le fait qu'il avait été forcé par les SS à prendre du service à Trawniki et qu'il n'avait jamais été employé dans un camp d'extermination mais uniquement dans des patrouilles de surveillance. Les autorités américaines, elles, étaient convaincues que Palij était un maillon de l'organisation d'extermination nationale-socialiste en Pologne et en Ukraine.
Mais ni la Pologne, ni l'Ukraine, ni l'Allemagne n'avaient jusqu'ici accepté de le prendre. Berlin a finalement revu sa position.
" Nous endossons la responsabilité morale de notre pays ", a déclaré mardi le ministre allemand des affaires étrangères, Heiko Maas. Selon la presse outre-Rhin, le cas Palij, très médiatisé outre-Atlantique, a été mentionné à chaque rencontre entre Berlin et Washington depuis le début de l'administration Trump.
Cécile Boutelet (Berlin, correspondance)
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